Le retour des héros

Dave Schneider | 25.04.2024

Comeback On avait annoncé leur mort, les véhicules tout-terrain reviennent en force. Non seulement de vieilles connaissances fêtent leur résurrection, mais de nouveaux concurrents venus de Chine font leur apparition, avec des créations parfois franchement sauvages.

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La Ford Bronco n'a pas seulement l'air dure, elle l'est aussi. Tout comme de nombreux autres tout-terrains qui connaissent actuellement une renaissance.

Rustiques, archaïques, gaspilleurs: les «vrais» tout-terrain ne semblent plus avoir leur place dans l’environnement actuel; ils ne sont ni faits pour les parkings étroits, ni pour les centres-villes encombrés. Les SUV au caractère bien moins affirmé, les ont supplantés. Tu parles… Comme par défi à la suprématie écrasante des SUV – et aussi au politiquement correct –, les vieux baroudeurs se relèvent, misent sur leurs qualités éprouvées et retrouvent du même coup leur véritable identité.

Parallèlement, des modèles indestructibles ont surmonté la transition vers l’ère des batteries et se disputent désormais une toute nouvelle clientèle. Et d’Asie, de nouveaux constructeurs se lancent à l’assaut du terrain difficile avec des créations électriques franchement sauvages, laissant – du moins sur le papier – la concurrence occidentale bien dépassée. Quoi qu’il en soit, il se passe beaucoup de choses dans ce segment. Les tout-terrains fêtent leur grand renouveau. Et nous le célébrons avec une petite sélection non exhaustive. 

Jeep Wrangler

Pour beaucoup, Jeep est devenu un terme générique désignant tous les (vrais) 4x4. Logique, la Jeep fut la pionnière de son segment, ses origines remontant à la Seconde Guerre mondiale. Depuis 1987, le 4x4 est construit sous le nom de Wrangler. Désormais, la génération actuelle n’est proposée chez nous qu’avec une propulsion hybride plug-in composée d’un moteur à essence quatre cylindres de deux litres et d’une machine électrique installée dans la boîte de vitesses. Mais aux États-Unis, ce tout-terrain est disponible avec des moteurs à combustion pure, notamment un V8 de 6,4 litres développant 346 kW (460 ch). Le Jeep Wrangler est vendu en différentes longueurs et finitions, toutes adaptées au tout-terrain. Chez nous, le Wrangler 4xe «Sahara» débute à 79 900 francs et le «Rubicon» est disponible à partir de 83 900 francs.

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Mercedes-Benz Classe G

C’est en 1979 que le Classe G est apparu. Depuis, ce modèle n’a guère changé dans ses grandes lignes. Ce tout-terrain développé par Steyr-Daimler-Puch près de Graz, en Autriche, était également disponible avec un empattement court jusqu’en 2012, et même en version ouverte jusqu’en 2013. En 2016, le Classe G a atteint un record de vente avec près de 20 000 unités. Aujourd’hui, l’indestructible baroudeur est un classique recherché, en particulier dans ses variantes AMG puissantes. La génération actuelle est sur le marché depuis 2018 et elle traverse actuellement une phase de remplacement. Pour la première fois, une variante entièrement électrique devrait voir le jour.

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Ford Bronco

Le Ford Bronco est sans conteste, avec le Jeep Wrangler, le tout-terrain américain par excellence. Le modèle est né d’une idée de Donald N. Frey, qui avait également conçu la légendaire Mustang. Il est assemblé sur les pick-up de la série F. En 1966, le Bronco a d’abord été lancé en version courte à trois portes avec un six-cylindres en ligne de 2,8 litres ou un V8 de 4,7 litres, qui a ensuite été porté à cinq litres. Et à partir de 1978, le grand Bronco a suivi, avec un huit-cylindres de 5,7 ou six litres. Le tout-terrain américain a connu, jusqu’en 1996, cinq générations, avant d’être remplacé par le Ford Expedition. En 2021, le modèle légendaire a été ressuscité aux États-Unis où il est proposé depuis lors en version trois et cinq portes, ainsi qu’en version sportive haut de gamme, désignée Raptor et dotée d’un moteur V6 essence turbocompressé de 312 kW (424 ch). Le nouveau Bronco est également disponible en Suisse, avec un V6 turbo de 2,7 litres et 246 kW (335 ch). Son prix? À partir de 84 500 francs.

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Toyota Land Cruiser

En renouant avec ses origines, le Toyota Land Cruiser prend lui aussi un nouveau départ (lire Premier Contact de la version 250). L’icône japonaise du tout-terrain est construite depuis 1951, d’abord sous le nom de BJ puis, dès 1954, sous celui de Land Cruiser. Le nouveau modèle est de conception classique, avec son châssis échelle, son essieu rigide à l’arrière, ses blocages de différentiel sur les deux essieux et sa transmission intégrale permanente avec différentiel Torsen. En Europe, la nouvelle édition est exclusivement disponible avec un moteur Diesel quatre cylindres de 2,8 litres développant 150 kW (204 ch) et un couple de 500 Nm. Le Land Cruiser de 4,92 m de long, disponible en option en version sept places, sera lancé chez nous à l’automne. Les prix ne sont pas encore connus.

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Land Rover Defender

Le Land Rover Defender profite lui aussi d’une longue et riche histoire. Ce modèle a été construit dès 1948, d’abord sous le nom de Land Rover et dès 1990 sous celui de Defender. Il a été produit à plus de deux millions d’exemplaires jusqu’en 2016. Les trois variantes, d’une longueur d’empattement de 90, 110 et 130 pouces, étaient disponibles sous différentes formes («Station-Wagon», «Hardtop», «Softtop»). Par la suite, ce héros britannique a été brièvement abandonné; officiellement, on disait qu’il n’était plus réalisable sous cette forme (nouvelle règlementation). Par la suite, un tout nouveau Defender a été présenté en 2019, non plus avec un châssis échelle et des essieux rigides, mais avec une structure monocoque en aluminium, des suspensions indépendantes et un style moderne. Actuellement, le Defender est disponible en Suisse en version «Hardtop» à partir de 72 400 francs, le modèle haut de gamme Defender 130 V8 P500 commence à 162 600 francs (lire RA 13/2023).

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Ineos Grenadier

Pour Jim Ratcliffe, l’arrêt de la production du Defender en 2016 était un sacrilège. Le fondateur et patron d’Ineos a alors entrepris de développer son propre tout-terrain... en s’inspirant d’ailleurs beaucoup du Defender d’autrefois, non seulement sur le plan visuel, mais aussi technique. La production a débuté en 2022 à Hambach, là où la Smart sortait autrefois des chaînes de montage. Le Grenadier (lire RA 9/2022) est construit sur un châssis en échelle, dispose de deux essieux rigides et bien sûr d’une transmission intégrale permanente avec un réducteur à commande mécanique. Les deux six cylindres en ligne, un moteur essence de 210 kW (286 ch) et un Diesel de 183 kW (249 ch), proviennent de chez BMW, la boîte automatique à huit rapports de chez ZF. L’«Utility Wagon» à deux places démarre à 70 990 francs, le «Station Wagon» à cinq places est disponible à partir de 82 290 francs. Sur la base technique du Grenadier, Ineos a en outre récemment présenté le «Fusilier», un peu plus petit, qui est propulsé de manière purement électrique. Mais celui-ci sera commercialisé bien plus tard.

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Yangwang U8

Il fait la une des journaux - ou plutôt des clics sur Internet: le Yangwang U8, énorme monstre tout-terrain venu de Chine, éclipse les légendes de la discipline... sur le papier. Quelques chiffres? 880 kW (1196 ch) générés par quatre machines électriques qui entraînent chaque roue individuellement. 0 à 100 km/h en 3’’6. Selon le cycle CLTC peu contraignant, l’autonomie peut atteindre 1000 km; merci au deux-litres turbo essence embarqué qui fonctionne comme un prolongateur d’autonomie. L’engin peut flotter et être utilisé comme bateau – certes seulement en cas de nécessité pendant 30 minutes et à une vitesse maximale de 3 km/h, mais tout de même! À cela s’ajoutent de nombreuses fonctionnalités numériques: le cockpit est équipé de trois écrans géants et d’un affichage tête haute à réalité augmentée de 70 pouces; à l’arrière, deux écrans sont placés au dos des sièges avant et un autre dans la console entre les sièges arrière. Tout autour du véhicule, 38 capteurs, 3 scanners lidar, 13 caméras, 12 radars à ultrasons et 5 radars à ondes millimétriques assurent la sécurité. On ne sait pas encore si le constructeur – BYD – commercialisera le Yangwang U8 chez nous.

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Mengshi M-Hero 1

Le Mengshi M-Hero 1 du constructeur chinois Dongfeng (lire «Premier Contact»), est d’un calibre comparable au U8, mais avec un look encore plus martial. Lui aussi est équipé de quatre machines électriques qui entraînent chaque roue individuellement et génèrent ensemble une puissance système de 800 kW (1088 ch). Le colosse passe de 0 à 100 km/h en 4’’2 et doit pouvoir parcourir 450 kilomètres selon la norme WLTP, grâce à une énorme batterie d’une capacité de 142 kWh. Suspension pneumatique, direction arrière, boîte de vitesses à deux rapports, 33,5 centimètres de garde au sol, un angle d’attaque et de fuite de 37 degrés et une profondeur de gué de 90 centimètres: avec ces valeurs, le M-Hero 1 est lui aussi un véhicule tout-terrain à prendre très au sérieux. Et comme le Yangwang U8, l’intérieur du Mengshi est luxueux et moderne. Le M-Hero est déjà dans les starting-blocks chez nous, où il peut être commandé au prix de 148 990 francs, bien que l’homologation n’ait pas encore été validée. En effet, avec un poids à vide de 3410 kg et un poids total autorisé en charge de 3920 kg, ce Chinois très costaud n’est pas encore autorisé à prendre la route selon la législation suisse.

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Suzuki Jimny

Au Japon, ce petit tout-terrain léger existe depuis 1968; chez nous, le Suzuki Jimny n’a été officiellement commercialisé qu’en 1998. La génération actuelle, présentée en 2018, avait alors fait les gros titres: ce nain tout-terrain de 3,65 m de long rappelait de manière suspecte le Classe G de Mercedes-Benz avec ses formes anguleuses. Il n’en fallait pas plus pour que des préparateurs proposent des kits de carrosserie le rapprochant encore plus du Classe G. Le tout-terrain Bonsaï est basé sur un châssis en échelle, possède des essieux rigides à l’avant et à l’arrière et une transmission intégrale enclenchable avec réducteur. Ainsi armé, le Japonais surpasse de nombreux gros calibres lors d’essais comparatifs et a également convaincu par ses qualités tout-terrain lors de notre test (lire RA 10/2022). Le Jimny est propulsé par un moteur à essence 1,5 litre de 75 kW (102 ch) qui, avec sa consommation normalisée relativement élevée de 7,7 litres et ses émissions de CO2 de 173 g/km, pesait trop lourd sur la moyenne de la flotte de Suzuki. C’est pourquoi, depuis octobre 2021, ce modèle n’est plus proposé chez nous que dans une variante utilitaire, souffrant d’une grille de séparation entre l’espace de chargement et les deux sièges. Les prix commencent à 32 480 francs.

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Potos: BYD, Dongfeng, Ford, Ineos, Jeep, Land Rover, Mercedes-Benz, Suzuki, Toyota

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