SUV Citadin Techniquement, le nouveau Junior d’Alfa Romeo est… une vieille connaissance. Émotionnellement, il pourrait faire mouche dans le cœur des «Alfistes».
Si l’on se moquait autrefois de la diversité avec laquelle le groupe Volkswagen était capable de décliner sa plateforme MQB, c’est que l’on n’avait pas encore vu, à l’époque, ce dont serait capable Carlos Tavares, le patron de Stellantis. Voyez plutôt: Citroën, Dongfeng, DS Automobiles, Fiat, Jeep, Lancia, Opel et Peugeot utilisent tous la plateforme (e)CMP. Et voilà qu’Alfa Romeo ajoute son nom à cette longue liste, avec le «Junior». Le quoi?
Initialement, le «Junior» devait se dénommer «Milano». Problème: l’engin sera fabriqué en Pologne, à l’usine de Tychy, et non pas en Italie. Pour cette raison, le ministre de l’industrie italien Adolfo Urso a affirmé que l’utilisation du nom «Milano» était illégale. Il existe en effet en Italie une loi empêchant les entreprises d’utiliser certains noms faisant référence à des lieux italiens tout en les construisant ailleurs, ce qui est exactement ce qu’il s’est passé ici. Stellantis n’a pas tardé à réagir, acceptant rapidement de modifier le nom de son SUV. Le groupe limite ainsi les dégâts, en tuant dans l’œuf la polémique. Et ce afin d’éviter d’envenimer les rapports entre Carlos Tavares et le gouvernement italien, déjà en conflit justement sur ces questions de lieu de production.
Chaînes cinématiques connues
Techniquement, le Junior sera décliné en version mild-hybrid composée d’un 3-cylindres de 1,2 litre aidé d’une machine électrique de 21 kW, pour une puissance combinée de 100 kW (136 ch). Il s’agira d’une traction mais une transmission intégrale sera lancée dans un second temps. De son côté, la version électrique profitera d’une batterie de 54 kWh et d’une machine électrique de 115 kW (156 ch). Plus tard, une variante plus véloce de 176 kW (240 ch), identique à l’Abarth 600e, fera son apparition. L’électrique peut être rechargé à une puissance maximale de 100 kW et son autonomie devrait avoisiner les 400 km. Ces valeurs ne sont certes pas excellentes, mais elles devraient néanmoins satisfaire la plupart des utilisateurs tout en permettant à Stellantis de réaliser de bons chiffres de vente.
Reste à savoir si le SUV citadin qu’est le Junior ne risque pas de cannibaliser le SUV compact qu’est le Tonale. C’est bien possible puisque le Junior, qui mesure 4,17 mètres de long, soit 35 cm de moins que son grand frère, dispose d’un plus grand volume de coffre: 400 litres pour le Junior contre 385 litres pour le Tonale. Ce dernier est en outre assemblé sur une plateforme Jeep bien plus ancienne. Et puis, le Junior ne fait franchement pas petit, avec son empattement de 2,56 mètres. Oui, ce n’est qu’un pronostic mais le Junior devrait bien fonctionner sur le front des ventes. Et pas seulement parce que les petits SUV ont le vent en poupe mais aussi parce que les designers italiens ont réussi à faire en sorte que le petit modèle reprenne une certaine dose d’«italianité» (même si le nom ne l’est plus), avec de nombreux ingrédients qui ne vont pas seulement enthousiasmer les «Alfistes». En effet, le Junior fait penser à une interprétation moderne de l’éternel coupé Giulia Bertone, en étant certes beaucoup plus haut (1,50 m), mais tout de même sportif et tout à fait croustillant.
Compteurs «Cannocchiale»
À l’intérieur, les références aux Alfa historiques sont également nombreuses: devant le conducteur se trouve une nouvelle forme de combiné d’instrumentation. Désigné «Cannocchiale», il est certes numérique mais étonnamment traditionnel. Au centre trône un écran tactile nettement plus consensuel face aux standards actuels. Mais en dessous, il subsiste des interrupteurs et des boutons classiques à l’ancienne – les puristes apprécieront. Si l’on a des questions sur l’utilisation, on peut s’adresser à l’intelligence artificielle ChatGPT, embarquée de série. L’intérieur du Junior donne une impression de grande qualité, Stellantis ne se permettant aucune faiblesse avec ses marques premium. Outre Alfa Romeo, celles-ci sont composées de Maserati, DS et bientôt Lancia.
On peut s’attendre à ce que les tarifs du Junior débutent aux alentours de 30 000 francs. Il faudra certainement mettre 10 000 francs de plus pour le modèle électrique. Le SUV compact ne sera donc pas particulièrement attractif financièrement – il se place légèrement au-dessus de ses frères et sœurs partageant la même plateforme – mais il est aussi nettement plus léché esthétiquement. Et il serait aussi un peu plus léger que les Peugeot ou Jeep comparables. Mais on ne dispose pas encore d’informations précises à ce sujet. Ce que l’on sait, en revanche, c’est que les ingénieurs ont pu régler le châssis et la direction à leur goût (sportif) et que le Junior semble mieux assis sur la route que les autres SUV. De quoi faire monter les émotions d’un cran.
