Véhicules tout-terrain à l'épreuve: Avec le VW Amarok à travers les Alpes maritimes
Martin Sigrist | 27.09.2024
Il y a les SUV et puis il y a les 4x4. L’Amarok, tout pick-up qu’il est, fait partie de cette dernière famille, lui qui peut faire ce dont il a l’air. Il l’a prouvé lors d’un tour dans les Alpes maritimes, dans des conditions difficiles
Beaucoup de vent, de pluie et d’imprévus: pour un voyage offroad, les conditions en ce mois de juin étaient idéales! À l’occasion de ce roadtrip, la RA avait à sa disposition le dernier VW Amarok, le pick-up de Wolfsburg désormais construit en Afrique du Sud, en collaboration avec Ford.
Rendez-vous est donné à l’aire de repos de «Rose de la Broye», près d’Estavayer-le-Lac. Les sept Amarok, conduits par des collègues, étaient prêts eux aussi, chacun étant équipé d’une tente de toit qui devait servir de logis pour deux nuits. Après un café chaud, la caravane se met en branle en direction de Genève et du pied du col des Aravis.
Le caractère souverain de l’Amarok, dont le moteur V6 est couplé à une boîte automatique et dont la conduite n’est guère différente de celle d’un gros SUV, nous a certes apporté jusqu’ici la certitude d’arriver en pleine forme, mais même avec la tente de toit surélevée et une vitesse maximale recommandée ne dépassant pas 110 km/h, le trajet par l’autoroute s’est bien passé.
Une fois la montagne franchie, les pick-up font un premier détour par ce qui va être le thème du voyage: la conduite offroad. Une première dose de gros gravier en direction du Mont Charvin permet de calmer la soif d’aventure des automobilistes. En file indienne, transmission intégrale enclenchée, les véhicules semblaient dire qu’à partir de là, les choses vont commencer à se corser.
La loi du plus for
Avec seulement trois jours à disposition, nous n’avions malheureusement pas le luxe de nous tromper dans l’itinéraire à emprunter. Voilà pourquoi, dans ces conditions, il vaut mieux profiter des bons conseils d’un guide. À un moment donné, le pick-up de tête, emmené par un spécialiste du tout-terrain Oliver Hillebrand, met le clignotant. L’asphalte est derrière et une route de montagne classique s’ouvre devant: ascension du Mont Charvin. La caravane reste encore un peu prudente, de peur des grosses pierres qui pourraient tout à fait terminer leur course dans le pare-brise. Mais les pierres restent là où elles sont, les roues de l’Amarok ne grattant presque jamais le sol.
Dans la descente, la colonne de pick-up fait la rencontre de deux camions français des chasseurs alpins, qui font rapidement comprendre qu’ils sont plus forts que nous. Eux ont à peine 200 mètres pour reculer, la colonne le triple, mais bon, personne n’est pressé et tout le monde se sent un peu comme dans le Camel Trophy, regardant calmement par la fenêtre latérale et reculant en regardant dans les rétroviseurs jusqu’à une zone d’évitement appropriée.
Ensuite, c’est une bien longue descente qui est abordée par le convoi, où les conducteurs découvrent que l’Amarok souffre du même problème que le Ford Ranger, lui qui doit composer avec de tout petits boutons de changement de vitesses manuel sur le côté du sélecteur de sa boîte automatique à 8 rapports. Il aurait été bien plus pratique de pouvoir basculer le levier dans un mode séquentiel ou alors de disposer de palettes au volant. Cela serait beaucoup plus facile.
Mais pour le reste, l’Amarok ne présente que peu de faiblesses, exception faite du moteur qui est un peu lent à la détente; le véhicule met en effet beaucoup de temps à s’ébranler lorsqu’il est à l’arrêt. Mais à bien y réfléchir, cela sied tout à fait à la philosophie des produits VW; à Wolfsburg, les moteurs turbodiesels à régulation électronique ne lâchent jamais leur puissance sur leur convertisseur de couple et boîtes de vitesses de manière violente, mais bien avec un peu de temps de réflexion.
De retour sur la route sans avoir rencontré le moindre problème, le groupe entame la prochaine ascension: le col de l’Arpettaz, vers Ugine. En passant par Arêches et le col du Pre, la cordée s’arrête dans un restaurant de «La Pierra Menta». Quelqu’un ayant eu la bonne idée de commander du fromage, nous redescendons vers la vallée avec un sentiment de satiété plus que dominant. Est-ce la voiture qui donne faim ou la perspective de camper dans une tente sur le toit?
Les montées approchen
«Le fromage ferme l’estomac», disait Abraracourcix, le chef d’Astérix et Obélix dans le «Le Bouclier arverne», avant d’être forcé de suivre une cure de légumes cuits à la vapeur. Dans l’Amarok, c’est la même idée, la cure en moins: les ceintures des pantalons sont fermées un cran en arrière. Au camping de Saint-Maurice, les pick-ups sont positionnés de manière à pouvoir se coucher de la manière la plus plate possible.
Le montage de la tente de toit est très rapide, celle-ci s’ouvre en se déployant sur l’un des flancs de la voiture, l’échelle aidant à la manœuvre en jouant un rôle de levier. Et vient ensuite servir de support. Comme dans un livre «pop-up», à chaque degré supplémentaire jusqu’à former un angle plat de 180 degrés, une tente émerge du pack sur les toits. Karlsson, du toit, avait une petite hélice sur le dos pour s’envoler, mais nous, nous nous hissons sur l’échelle pour jeter nos bagages à l’intérieur. D’une certaine manière, tout est encore penché et mou, ce n’est que lorsque nous découvrons les barres pour tendre les ouvertures de la tente que celle-ci prend lentement sa forme finale.
Heureusement, nous voyageons en pick-up, ce qui nous permet d’effectuer une partie du travail debout sur le lit de chargement. Autrement, il est recommandé d’utiliser un chevalet ou un tabouret pour un véhicule tout-terrain haut sur pattes.
La nuit s’avère alors tout à fait reposante. Le matelas est fin, car il est pris en sandwich lorsque la tente est repliée, ce qui limite son épaisseur. Mais il s’est avéré étonnamment confortable. Pour être vraiment à l’aise, il faut toutefois prévoir un matelas supplémentaire.
Et essayer de rester concentré pour ne pas oublier, au hasard, sa carte bancaire dans l’une des poches latérales de la tente alors qu’elle est depuis longtemps repliée et cachée sous sa bâche. Le camping est l’art du multitâche et de la présence d’esprit, même à une heure matinale.
Nous nous en sommes tout de même bien sortis, parole de scout.
Se laisser porte
Après tous ces chemins de terre, la route du col de la Madeleine ressemble à une autoroute. Laisser l’Amarok voler un peu, car on veut voir si les quelque 60 kg de charge sur le toit ont des conséquences négatives sur la conduite. Résultat: on les sent à peine et il n’a jamais été aussi facile de faire monter un pick-up lourd sur une route de col étroite.
Il peut rouler vite et la boîte automatique est prête à vous fournir le rapport approprié aussi souvent que possible. Il s’agit là d’une découverte relativement surprenante, car avec son châssis en échelle, son essieu avant à double triangulation et son essieu arrière rigide, la construction Ford n’offre pas réellement d’astuces exotiques.
Nous arrivons les premiers à la Madeleine, nous nous dégourdissons un peu les jambes et partons en direction du Coin du Col de Choussey. Nous suivons une route secondaire étroite. L’avantage de l’Amarok, c’est que même s’il est assez long, sa largeur reste raisonnable. De plus, l’ensemble de la voiture est assez facile à contrôler.
Avec 17 virages en épingle sur 3,4 kilomètres, les Lacets de Montvernier descendent vers Pontamafrey. Nous ne croisons que quelques motards dans cette descente, faire marche arrière aurait été un véritable défi ici. Une fois dans la vallée, nous suivons la route principale et passons sous la crête des Alpes dans le tunnel du Fréjus pour rejoindre le versant italien. Notre objectif était le Mont Jafferau, à environ 2500 mètres d’altitude et avec une vue magnifique.
Malheureusement, il y a encore beaucoup de neige, du moins là où nous avions prévu de passer. L’exercice est donc interrompu en raison d’un orage qui se prépare. Le Gran Bosco Camping and Lodge à Bardoneccia sera notre deuxième hébergement pour la nuit. Le repas du soir est pris au restaurant qui fait partie du complexe.
Après quelques tentatives infructueuses, nous parvenons à allumer un feu dans la cheminée. Ce qui nous fait dire avec humour que nous pourrions tout à fait survivre en pleine nature. Après tout, nous venons de parcourir les sentiers de randonnée et les pistes de ski avec beaucoup de technique ce jour-là, et évidemment sans faire d’erreurs.
Une mutinerie
Le Colle del Assietta aurait dû être l’étape suivante, mais le panneau au début de la montée l’indique avec fermeté: «Chiuso!»
Eh bien, nous faisons demi-tour et nous changeons de plan. La nouvelle destination s’appelle Colle Bercia, le chemin est bordé de randonneurs, mais il est tout à fait légal de monter ici avec une voiture comme la nôtre, nous rencontrons même une Fiat Panda en chemin – s’il y a encore une dernière possibilité d’arriver en voiture quelque part en Italie, il y a de fortes chances pour qu’une Panda soit garée dans ce bout du monde improbable.
Nos Amarok y parviennent facilement, mais il est tout de même important d’enclencher le vrai mode 4x4, c’est-à-dire la transmission intégrale avec réducteur «4L». Cela permet de ne pas rouler constamment «au convertisseur», même au pas, et d’éviter que la température de l’huile de la boîte de vitesses ne surchauffe. L’Amarok affiche cette information directement sur le tableau de bord de gauche. Toutefois, la boîte de vitesses ne passe plus que jusqu’au quatrième rapport, ce qui correspond à 20 km/h maximum.
Arrivés au poste de douane – nous sommes à la frontière franco-italienne –, nous devons finalement nous battre pour continuer notre route. Le chef du groupe veut redescendre par le même chemin, alors que nous sommes sûrs que le passage du col ne pose aucun problème. Deux camions de la compagnie d’électricité, que nous attendons devant la Capanna Mautino, nous dispensent de toute discussion. Nous continuons à monter – et cela sera le meilleur moment de notre excursion. Les virages très serrés, les passages étroits et les éboulis raides nous offrent finalement une vue grandiose sur le Colle Bercia.
Traction intégrale, réducteurs et blocages: les garants de la progression
Nous nous faisons plaisir lors d’une dernière pause de midi dans un petit restaurant de montagne intime, le «Baita Gimont», puis le retour se fait par le tunnel du Fréjus et l’autoroute jusqu’à la Rose de la Broye, notre point de départ.
Verdict: l’Amarok a brillé aussi bien en offroad qu’en onroad. Voyager avec une tente de toit s’est avéré être pratique même si l’auteur préférerait toujours un van, étant donné que l’Amarok, avec sa longueur de 5,35 mètres, pourrait en être un.
Le problème, c’est qu’il n’existe plus tellement de monospaces tout-terrain, pourvu de transmission intégrale, d’un réducteur et de blocages correspondants, indispensables lors de notre excursion. Le véhicule qui nous accompagnait, un VW Touareg à suspension pneumatique, est certes revenu intact, mais il y avait toujours un sentiment d’insécurité à force de pousser la mécanique dans ses limites. Aucun souci pour l’Amarok, en revanche.
De plus, les 240 ch du V6 3,0 litres sont un bon argument, tout comme les 600 Nm de couple. Le fait que la consommation se situe entre 11 et 12 l de Diesel aux 100 km, même après de longs passages avec la réduction tout-terrain, parle également en faveur du robuste pick-up.