Début de la semaine, j’étais à Paris dans le cadre de l’élection de la «Voiture de l’Année» (voir aussi la photo et la question de la semaine, page 24). Nous, les quelque 60 membres du jury, avons testé une nouvelle fois les sept véhicules finalistes sous toutes leurs coutures. Les représentants des constructeurs ont répondu à nos questions, et il est apparu clairement que les critères d’évaluation étaient très contrastés, tant lors des essais qu’au moment des questions.
Avec un jury composé de représentants en provenance de plus de 20 pays européens, ce n’est pas étonnant. Les exigences posées à une voiture varient d’une région à l’autre et avec elles les critères d’une bonne, voire de la meilleure voiture. Cette année, le panel des finalistes est très diversifié: des SUV compacts comme le Toyota C-HR, le Volvo EX30, le Renault Scénic E-Tech et le Peugeot E-3008; deux berlines, la BMW Série 5/i5 et la BYD Seal, ainsi qu’un grand SUV, en l’occurrence le Kia EV9. Il manque une petite voiture. Et cela préoccupe surtout nos collègues français et italiens. Pour eux, une bonne voiture doit pouvoir rouler dans des ruelles étroites sans risque de claustrophobie à bord. Le prix d’achat est aussi important pour nos voisins du sud et de l’ouest. Il en va de même pour les jurés des pays situés à l’est, comme la République tchèque, la Hongrie ou la Slovénie. Ainsi, la nouvelle BMW Série 5 risque d’avoir du mal à les séduire, même s’il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une bonne voiture, comme le prouve notre essai de la i5 M60, actuellement en tête de liste.
Mais attendez! Un grand nombre de points ne signifie pas automatiquement qu’une voiture est bonne pour tout le monde. Ainsi, le Kia EV9 a obtenu 84 points à son test, bien qu’il utilise beaucoup d’électricité pour se rendre d’un point A à un point B. Les personnes qui veulent de la place (et qui disposent d’un grand garage) devraient pouvoir s’en accommoder.
Bien sûr, les jurés ont un devoir d’objectivité lorsqu’il s’agit d’attribuer des points. Mais contrairement aux tests de la RA, où l’espace mesurable du Kia EV9 conduit inévitablement à un score élevé dans le chapitre consacré à l’habitacle, l’élection de la voiture de l’année est avant tout une question d’image globale. Ce qui est finalement assez subjectif. Alors que certains considèrent qu’un prix d’entrée élevé et des dimensions imposantes sont contre-productifs, d’autres font la moue en raison des matériaux bon marché. Et les différences d’appréciation de ne pas seulement concerner les juges mais aussi les clients. Ainsi, pour certains, une voiture qui obtient 70 points à un test de la RA peut être bien meilleure qu’une autre qui en obtient 84. Et c’est très bien comme ça!