Le rapport prix/puissance

Il n’y a encore pas si longtemps, les voitures de sport disposant de beaucoup de puissance étaient d’office onéreuses et les petites automobiles peu puissantes souvent bon marché. En d’autres termes, si vous vouliez des chevaux, il fallait obligatoirement passer à la caisse. Et parfois même dépenser beaucoup! Avec l’électrification, ce truisme a été relégué aux oubliettes de l’histoire de l’automobile: le plus petit SUV de Volvo, l’EX30, est disponible à partir de 37 850 francs; dans sa variante la plus puissante, il développe 315 kW (428 ch) et accélère de 0 à 100 km/h en 3,6 secondes. Bien sûr, cette version coûte un peu plus cher. «Un peu», dans ce cas, signifie 13 000 francs, l’EX30 Twin Motor Performance étant déjà disponible pour 50 700 francs. Les performances d’une voiture de sport ont rarement été aussi avantageuses. Voilà qui devrait ravir les acheteurs!

Le Volvo EX30 débarque sur le marché en tant que SUV compact, mais avec une puissance surprenante sous le capot. Ou, plutôt, sur son essieu arrière, car la variante de base est une propulsion pure. Sa machine synchrone à aimants permanents développe 200 kW (272 ch) et pousse ce véhicule relativement léger (1,8 tonne) de l’arrêt à 100 km/h en 5,3 secondes. Et comme si cela n’était pas encore assez sportif pour un petit SUV, il existe également la version Twin Motor Performance mentionnée plus haut, pourvue d’une machine électrique supplémentaire sur l’essieu avant. Celle-ci fournit 115 kW (156 ch) supplémentaires. C’est suffisant pour passer de 0 à 100 km/h en 3,6 secondes! Étonnamment, le châssis tient également la route. Malgré son réglage confortable, la voiture ne donne pas l’impression d’être dépassée par la puissance, même dans les virages rapides.

Cela donne confiance et procure une sensation de sécurité. Et grâce à ses dimensions compactes, l’EX30 se sent particulièrement à l’aise dans le trafic urbain.

Rupture avec la norme

La variante de base, dotée d’une batterie de 51 kWh, profite d’une autonomie WLTP de 344 km. Dans la pratique, sur le parcours standardisé de la Revue Automobile, un itinéraire pourtant effectué avec parcimonie, même la version «Extended Range», pourvue d’une plus grosse batterie de 69 kWh, n’est pas parvenue à démontrer une telle autonomie. En fait, elle n’a pu parcourir que 310 kilomètres. Une valeur qu’a également réussi à atteindre la version 4x4 de la Volvo. C’est là l’une des grandes forces des véhicules électriques; alors qu’avec un véhicule à combustion, le surplus de puissance et la transmission intégrale vont généralement de pair avec une plus grande consommation, une automobile électrique puissante peut être caractérisée par les mêmes valeurs de consommation qu’un véhicule modeste. La charge s’effectue soit en courant alternatif à une puissance de 11 ou 22 kW, soit en courant continu à un puissance de 150 kW. Dans ce dernier cas, la batterie est ainsi rechargée à 80 % en 26 minutes.

Le Volvo EX30 se présente comme un mélange fascinant d’innovations et d’originalité et offre une expérience de conduite impressionnante. Est-ce que cela est fait pour tout le monde? Probablement pas. Mais ce qui est sûr, c’est que tout le monde peut le conduire.

C’est d’ailleurs ce que l’EX30 est en train de prouver en Suède, où il est l’un des leaders incontestés du marché automobile. En outre, le petit SUV a été sélectionné parmi les sept finalistes du «Car of the Year 2024». Parmi les qualités particulièrement appréciées des jurés, il y a son originalité. À commencer par sa clé. Minimaliste, elle est complètement dépourvue de boutons. L’EX30 se déverrouille de lui-même lorsqu’on s’en approche, comme c’est la règle aujourd’hui. Et lorsque l’on souhaite ouvrir la voiture de loin, on peut la déverrouiller via une application.

Tout est numérique

Dans l’habitacle, on est immédiatement frappé par l’étrange familiarité de l’intérieur. On dirait presque que Volvo est allé chercher l’inspiration chez Ikea, cette sobriété rappelant un peu les meubles «Kallax». Si cela plaira à certains, d’autres trouveront cela trop épuré. Et pour cause, il n’y a même pas de combiné d’instrumentation. Et puis, certains détails font un peu «cheap» aussi. Mais quoi qu’il en soit, tout est fonctionnel, avec de nombreux compartiments de rangement et deux supports de recharge par induction. Les boutons physiques ont tous été supprimés, l’entièreté des commandes se faisant désormais via l’écran tactile.

Il est possible de tout configurer à volonté, de l’avertisseur de vitesse à l’assistant de trajectoire, en passant par la distance à respecter par rapport au véhicule qui précède grâce à un régulateur de vitesse adaptatif. Mais le fait que ce dernier doive être sélectionné à nouveau à chaque redémarrage n’est qu’une des décisions originales des concepteurs de l’interface. Le mécanisme de réglage des rétroviseurs, par exemple, est également source de frustration: le réglage se fait là aussi dans les menus de l’infodivertissement, mais ceux-ci ne sont plus accessibles dès que la marche arrière est enclenchée et que l’image de la caméra est activée.

Celui qui souhaite abaisser le rétroviseur au moment de se garer, afin d’avoir un œil sur le trottoir, doit donc soit y penser avant… soit prier et espérer ne pas rayer les grandes jantes de 18 pouces. Sans combiné d’instrumentation, les affichages les plus pertinents, comme la vitesse ou les systèmes d’aide à la conduite prennent place au milieu, sur le système d’infodivertissement, dans le plus pur style Tesla. Voilà qui représente un choix de design inhabituel pour les conducteurs habitués à des dispositions plus traditionnelles. Et qui n’est pas idéal du point de vue de la sécurité, ce que la voiture ne manque d’ailleurs pas de reconnaître par le biais du système de surveillance du conducteur. En effet, à bord de la Volvo, le conducteur qui jette un œil sur son compteur de vitesse se fera immanquablement rappeler à l’ordre par les systèmes de surveillance (caméra observant le regard du conducteur) de la Volvo. Bienvenue en Absurdie! La Smart #1, la concurrente directe du Volvo EX30, renonce certes elle aussi à un combiné d’instruments, mais elle a au moins la décence de proposer un affichage tête haute capable de projeter les informations les plus importantes dans le champ de vision direct du conducteur. Le SUV suédois, lui, renonce complètement à un tel dispositif. Là encore, ses créateurs se sont visiblement un peu trop inspirés de Tesla.

Un agrément de premier ordre

Le confort de la voiture est excellent, non seulement grâce au châssis, mais aussi aux sièges, tant à l’avant qu’à l’arrière. «La plus petite Volvo à ce jour», vante Volvo dans son slogan. Malheureusement, ces dimensions compactes rendent l’habitacle peu spacieux. Ainsi, l’espace aux genoux sur la banquette arrière pour les adultes, ou l’espace pour les sièges enfants, est très limité. En outre, le coffre est relativement petit, avec ses 320 litres. Il existe toutefois un compartiment supplémentaire sous le capot avant, lequel est bien pratique pour ranger les câbles de chargement.

En résumé, le Volvo EX30 est un mélange de confort, d’innovations et de choix plutôt discutables de la part de l’entreprise suédoise, qui semble avoir fait de la conception de logiciels sa priorité. Alors que les conducteurs aux besoins traditionnels seront sans doute rapidement dépassés par son utilisation, ses caractéristiques non conventionnelles séduiront certainement de nombreux amateurs de nouvelles technologies qui s’accommoderont de son utilisation originale… et se réjouiront des mises à jour à venir. Tout comme les fans de Tesla en ont pris l’habitude. Et puis, il y a bien sûr les performances incroyables à un prix imbattable, qui feront oublier à d’autres clients l’un ou l’autre de ces nombreux problèmes pratiques.