La collaboration entre l’entreprise de tuning allemande Abt et les marques du groupe VW est connue du plus grand nombre. En revanche, ce que la plupart ignorent, c’est que cette coopération remonte à longtemps, à très longtemps même puisqu’elle est en fait vieille de plus d’un siècle. En effet, dans les années 1930, l’entreprise Abt, qui s’était fait connaitre à la fin du 19e siècle grâce à un modèle de patin permettant aux calèches de circuler en hiver, avait pris la décision de diversifier ses activités en se lançant dans la réparation et le commerce d’automobiles des marques Horch et Audi – bien sûr, à l’époque, les deux marques n’appartenaient pas encore à Volkswagen, l’enseigne n’existant alors pas encore sous la forme d’un constructeur officiel. Evidemment, dans les années 1930, Abt ne transformait pas encore de voitures, se limitant à les vendre et à les réparer. Ce n’est que bien plus tard que l’entreprise en viendra officiellement au tuning, dans les années 1960 pour être exact. À cette époque, Johann Abt, petit-fils du fondateur de l’enseigne familiale et amateur de sports automobiles, appréciait particulièrement optimiser les performances de ses voitures. Lui vint dès lors l’idée d’en faire commerce. Et «Abt Tuning», lancé en 1967, de devenir le cœur de métier de l’entreprise.
Cupra Ateca VZ Cup: Le mieux, l’ami du bien
Test Team RA | 14.12.2023
SUV tuné «Le mieux est l’ennemi du bien», dit l’adage. Dans le cas du Cupra Ateca, version bonifiée d’une variante déjà améliorée, la maxime ne se vérifie pas. Bien au contraire.
Aucune modification mécanique n’a été opérée sur le 4-cylindres 2,0 TSI. Le moulin passe de 300 à 360 ch par l’ajout d’un petit boîtier modifiant la cartographie. Le gain de puissance est obtenu par la biais d’une suralimentation plus importante.
Avec ses 360 ch et son poids contenu à 1620 kg, le Cupra Ateca VZ Cup profite d’un excellent dynamisme.
Parallèlement à son activité de tuning, Abt multiplie depuis la fin des années 1960 les inscriptions en sport automobile, en s’engageant la plupart du temps sous les couleurs de VW (comme en 1979, lorsqu’Abt remporte le «Trophée l’Avenir» avec des Golf de première génération) et d’Audi (comme en 1999, lorsque l’enseigne allemand s’engage en «Super Tourenwagen Cup» après le retrait officiel d’Ingolstadt). Mais plus récemment, ce sont des bolides d’une autre marque que l’entreprise allemande, devenue véritable écurie, a engagé en Championnat du Monde de Formule E et en Extreme E. Cette marque n’est autre que le dernier-né du groupe Volkswagen: Cupra. Cette collaboration permet sans doute d’expliquer pourquoi Cupra Suisse, l’importateur helvétique de la marque espagnole, s’est associé à Abt afin de proposer officiellement une version customisée de son SUV: l’Ateca VZ Cup, modifié par Abt, «est né d’une initiative de notre part et a été coordonné avec l’usine», relate Karin Huber, porte-parole du constructeur en Suisse. Ce n’est pas la première fois qu’Amag commercialise officiellement un modèle modifié par Abt: en 2016, Volkswagen Suisse avait déjà décliné sa Golf R dans une variante exclusive, baptisée R360S, forte de 360 ch et limitée à 220 exemplaires seulement. Le succès avait alors été fulgurant.
Pas de modification mécanique
Avec son Ateca VZ Cup, l’enseigne espagnole mise sur la même transformation que celle opérée par VW à l’époque. En l’occurrence, le célèbre EA888, le 4-cylindres 2,0 TSI de 221 kW (300 ch) et 400 Nm est poussé à 265 kW (360 ch) et 450 Nm par le biais d’un simple «chiptuning», c’est-à-dire qu’aucune modification mécanique n’est opérée. Le gain de puissance est obtenu via le turbocompresseur. Celui-ci reste bien entendu le même, mais il profite d’une cartographie spécifique mise au point par Abt et lui permettant de souffler bien plus fort. À noter que le boîtier qui modifie cette cartographie est visible sous le capot (voir photo). Esthétiquement, l’Ateca VZ Cup est en tous points identique à l’Ateca standard de 300 ch. Malheureusement, il ne profite pas du diffuseur en fibres de carbone et du becquet arrière spécifique qu’Abt propose sur les versions qu’elle commercialise directement. Les jantes ne proviennent pas du catalogue du préparateur. D’une taille de 20 pouces, elles sont en revanche spécifiques à la version.
Si la vitesse maximale ne change guère par rapport à l’Ateca de 300 ch, le sprint du 0 à 100 km/h est abattu en 4,6 secondes, selon les valeurs officielles. C’est trois dixièmes de moins que le modèle classique, donné pour 4,9 secondes, selon les valeurs communiquées par Abt. Dans la pratique, l’Ateca VZ Cup a réalisé l’exercice en 4,8 secondes (selon les mesures de la RA), ce qui est excellent compte tenu des pneus d’hiver installés sur la voiture, ainsi que de la pluie et des températures basses sous lesquelles les mesures ont été réalisées. Bien que sa puissance et ses performances le rapprochent du Cupra Formentor VZ5, doté du formidable 5-cylindres 2.5 assemblé par «Audi Sport» et fort de 390 ch, le Cupra Ateca ne peut espérer rivaliser avec son frère coupé. Et pour cause: là où le Formentor VZ5 va disséminer une fabuleuse sonorité et catapulter ses occupants grâce à ses impressionnantes reprises, l’Ateca a tendance à hurler à la mort à haut régime (et l’échappement Akrapovic n’y change rien) et à manquer de couple lors des relances. Son travail de pompage (frein moteur) est d’ailleurs très faible, ce qui est un peu ennuyant dans les descentes de cols de montagne. Qu’une chose soit précisée ici avant que cela soit mal interprété: l’Ateca fonctionne très bien et n’est pas désagréable à conduire. Néanmoins, on ne peut s’empêcher de penser que le SUV aurait été encore mieux avec un moteur digne de ce nom, avec davantage de caractère.
De nombreux atouts dans sa botte
Malheureusement, le 4-cylindres ne brille pas non plus par sa consommation. La valeur de 8,1 l/100 km relevée au terme du parcours standardisé de la RA montre que les petits moteurs ne sont pas toujours les moins gloutons. Heureusement, pour le reste, il n’y a pas beaucoup de défauts à constater: la boîte robotisée à double embrayage et sept rapports ne prête pas le flanc à la critique, elle est rapide et répond promptement aux sollicitations du conducteur. La motricité, garantie par la transmission intégrale, est sans défaut, tout comme les trains roulants, qui contiennent parfaitement la voiture, par ailleurs capable de virer à plat dans la plupart des virages. Cette dernière qualité est aussi à mettre sur le compte du poids léger de l’engin: 1620 kg (selon les mesures de la RA). Et avec une distance de freinage de 41,3 m, le SUV espagnol est au-dessus de la moyenne en matière de sécurité –mention spéciale aux étriers Brembo.
L’Ateca datant de 2016 déjà, son habitacle continue de faire appel à des boutons physiques et à une gros sélecteur de vitesses à l’ancienne. C’est appréciable. Les finitions sont bonnes. Le coffre est grand avec son volume de près de 500 litres.
En matière de dynamisme, il y a tout de même un mauvais point à signaler: la direction n’offre pas un bon ressenti. Cela n’est pas le seul fait du mauvais clavetage (effort à fournir pour sortir du point milieu). Elle est également à mettre sur le compte de la mauvaise position de conduite. En effet, dans l’Ateca, on s’assied comme dans un monospace. L’assise et le dossier n’offrent jamais l’angle souhaité par rapport au volant. Et la position des pédales force le conducteur à se contorsionner. Ce n’est pas agréable, pas même pour les trajets courts. En revanche, ailleurs, l’habitacle est dénué de reproches. Le SUV datant de 2016 (chez Seat), il fait toujours appel à d’agréables boutons physiques pour ses commandes de climatisation. Son écran d’infodivertissement n’est pas trop grand et profite d’agréables raccourcis. Les plastiques sont de bonne qualité et les finitions dénuées de reproches. L’habitabilité est bonne à l’avant comme à l’arrière, et dans le coffre, il y a près de 500 litres disponibles!
200 unités environ
«Nous avons prévu environ 200 unités de l’Ateca VZ Cup. Le modèle n’est disponible qu’en stock», précise Karin Huber. Malheureusement, l’auto n’est pas donnée puisqu’elle coûte 67 900 francs, soit 12 000 francs de plus qu’un Ateca VZ standard de 300 ch, vendu 55 750 francs. Même si l’auto est mieux équipée, cela reste beaucoup, surtout lorsque l’on sait qu’Abt ne demande pas plus de 2092 euros (hors TVA) pour le kit «Abt Power» faisant passer la puissance de 300 à 360 ch et 252 euros pour son installation. Mais c’est là le prix de l’exclusivité, sans doute.
Résultats
Note de la rédaction 78,0/100
Moteur-boîte
Si le 2.0 TSI et la boîte robotisée a deux embrayages forment l’un des duos les plus célèbres du groupe VW, c’est parce qu’ils fonctionnent bien ensemble. Malheureusement, le 4-cylindres manque un peu de caractère, et ce bien qu’il apprécie de forcer sur la bouteille.
Trains roulants
Aucun défaut à constater ici. La voiture est bien amortie. L’assiette reste plate, notamment grâce au poids contenu de l’engin.
Habitacle
Les finitions sont bonnes. Les plastiques sont nombreux, mais de bonne qualité. Le coffre est grand. Malheureusement, la position de conduite est perfectible.
Sécurité
La voiture freine bien et les aides à la conduite sont pléthoriques... pour une voiture datant de 2016.
Budget
C’est là où le bât blesse. Le voiture coûte cher, beaucoup plus cher qu’un Ateca standard de 300 ch. Et cela n’est pas vraiment justifié...
Verdict
Evidemment, on aurait préféré que Cupra fasse appel à «Audi Sport» (5-cylindres en ligne) plutôt qu’à Abt pour motoriser l’Ateca. Mais c’est ainsi et c’est déjà pas mal, d’autant qu’avec du recul, il faut bien reconnaitre qu’il en reste peu des SUV complètement thermiques dotés d’une telle cavalerie sous le capot! Il faut donc en profiter tant qu’ils existent encore.
Photos: Vesa Eskola, Texte: Olivier Derard
Commentaires
Aucun commentaire