Ford F-150 Lightning – «Truck» de dingue

Test Team RA | 20.05.2024

American dream Aux États-Unis, les pick-up électriques sont en vogue, et pas seulement depuis le lancement 
du Tesla Cybertruck. Au sommet de la pyramide trône le Ford F-150 Lightning, qui toise la concurrence...

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Tuons d’emblée le suspense: le Ford F-150 Lightning n’a en fait qu’un seul gros défaut. Vous avez trouvé? Sa taille évidemment, qui plombe sa consommation et donc son autonomie. Ford annonce 429 km, mais la réalité est tout autre. Dans la pratique, il vaut mieux tabler sur une distance de 320 km. Et pour cause, sur l’autoroute, la consommation peut parfois flirter avec les 40 kWh/100 km. Et la batterie de 91 kWh de se vider encore plus vite. C’est clair, le F-150 n’est pas un véhicule dédié aux longs trajets; il n’est pas fait pour partir en vacances dans le sud de l’Espagne. Cela étant dit, la thématique de l’autonomie peut être écartée. En revanche, il convient de se pencher sur ses capacités en tant qu’outil de travail. De par sa taille, son habitabilité et la capacité d’emport de sa benne, le F-150 Lightning est effectivement un engin idéal pour nombre d’entrepreneurs et d’artisans.

Un exemple? Grâce à son crochet d’attelage proposé de série, il est capable de tracter une remorque de 3,5 tonnes. Enfin, c’est déjà un défi en soi de faire entrer ce petit camion devant une borne de stationnement, alors s’il faut en plus y ajouter une remorque... Mais c’est très certainement gratifiant lorsque l’on sait s’y prendre. Toutefois, pour garer ce «truck» (nom donné aux pick-ups aux USA), il conviendra parfois d’occuper deux places de parc. Pas tant parce que le propriétaire se moque des autres automobilistes mais plus parce que le véhicule mesure 6,3 mètres de long et 2,4 mètres de large (rétroviseurs inclus). Physiquement, il existe donc certaines places de parc qu’il est incapable d’occuper sans déborder, devant, derrière ou sur les côtés.

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Que les regards désapprobateurs que lancent certains usagers au pick-up soient balayés d’un haussement d’épaules. Après tout, nous vivons encore dans un monde libre et le F-150 a reçu son homologation en bonne et due forme. Et peu importe qu’il soit conduit par un homme en costume trois pièces ou en bleu de travail, chacun est encore libre de conduire ce qu’il souhaite, sans avoir à se justifier. C’est d’autant plus vrai que le F-150 Lightning est électrique. Malgré cette spécificité, le «full-size» truck peut être utilisé dans l’esprit du véhicule thermique sur lequel il est basé. Le F-150 Lighting offre beaucoup de place, la surface de chargement mesure 1,7 mètre de long et 1,3 mètre de large entre les passages de roue. Et la variante électrique du véhicule le plus vendu outre-Atlantique présente un autre avantage: sous le capot avant se trouve un énorme coffre de 400 litres, ce qui correspond au volume de coffre d’une berline.

Presque un bureau mobile

De plus, les espaces de rangement sont nombreux dans l’habitacle, qui comprend deux boîtes à gants et une énorme console centrale qui peut être transformée en petite table, de sorte que le pick-up sert également de bureau mobile. Une prise de courant de 230 volts située au-dessus de la console centrale permet de recharger un ordinateur portable pendant que l’on travaille. Sur le F-150 électrique, la seule configuration disponible est la version «Crew Cab», sur laquelle il reste beaucoup d’espace derrière les sièges avant. En effet, à cet endroit, le plancher de chargement demeure plat, la banquette arrière pouvant être relevée, à la manière des «Magic Seats» de chez Honda. Cet espace doit cependant être rempli avec soin. Autrement, le pick-up sera vite surchargé. À vide, le F-150 Lightning pèse 2,9 tonnes. Le maximum autorisé en Europe étant de 3,5 tonnes, la charge utile est d’à peine 600 kg. Ce qui n’est pas vraiment pas beaucoup pour une voiture de cet acabit. Un Ford Ranger, pourtant plus petit, peut par exemple embarquer une tonne.

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Le système d’infodivertissement consiste en un énorme écran tactile. Celui-ci n’a peut-être pas sa place dans un véhicule de travail.

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La prise de courant de 230 volts …

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… et
la console centrale sont très pratiques. 

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Les finitions sont excellentes pour un véhicule utilitaire et, à l’arrière, les assises des sièges peuvent se replier.

Born in the USA

Si le Ford F-150 Lighting européen est construit à Dearborn, non loin de Détroit, il subit d’importantes modifications à Cologne, en Allemagne, parmi lesquelles figurent les adaptations aux normes européennes, dont fait ironiquement partie le petit pare-buffle à l’avant, qui sert à protéger les piétons en Suisse. À cela s’ajoutent des clignotants et une radio DAB. La législation européenne interdit l’importation du F-150 doté d’une autonomie plus importante, qui existe pourtant aux USA. Et pour cause, la version pourvue d’une batterie de 130 kWh est encore plus lourde.

Malgré cette «petite batterie» (tout est relatif), la version essayée dans ces lignes en a suffisamment sous la capot pour afficher de bonnes performances. La puissance de 337 kW (458 ch) et le couple de 1050 Nm permettent au SUV de réaliser l’exercice du 0 à 100 km/h en seulement 5,2 secondes (selon les mesures de la RA). C’est aussi bien qu’un F-150 Raptor R, doté d’un monstrueux moteur V8. Merci aux deux machines électriques et au couple immédiat qu’ils peuvent produire.

La bonne nouvelle, c’est que le mauvais aérodynamisme n’a guère d’effet sur le confort: les bruits du vent restent dans les limites du raisonnable, même à 120 km/h. Et le châssis n’a pas de problème à contenir le poids élevé, ce qui rend le F-150 Lighting très agréable à conduire.

Mode sport limité

Ce pick-up est doté d’une suspension souple et se balance sur les ralentisseurs; tout est donc en accord avec le caractère de son pays d’origine. Les sièges sont larges et confortables, mais ils n’offrent guère de soutien latéral. Ce qui n’est pas gênant, car les virages rapides ne sont pas l’apanage d’un grand pick-up avec des pneus tout-terrain. Il existe certes un mode sport, mais même lorsqu’il est enclenché, le dynamisme reste limité.

Pour le reste, les commandes sont familières aux conducteurs de Ford. La tablette de 15,5 pouces trône de manière proéminente au-dessus de la console centrale. Certains pourront certes se demander si un tel écran est le bon choix pour un véhicule de travail, mais cette réflexion est surtout due au fait qu’en Europe, seule la variante d’équipement haut de gamme «Lariat» est proposée; aux États-Unis, où le F-150 est aussi courant qu’une Skoda Octavia en Europe, il est disponible avec un écran plus petit et davantage de «vrais» boutons.

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À l’avant du Ford-F-150 se trouve un «frunk» de 400 litres. 

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Et à l’arrière, la benne s’accède par un escalier dissimulé dans la ridelle.

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Pratique et cher

Les prises 230 V sont nombreuses. Il y en a non seulement dans l’habitacle mais aussi dans la benne. La ridelle électrique s’ouvre et se ferme sur simple pression d’un bouton et duquel on peut également faire sortir un escalier qui rend la surface de chargement facilement accessible malgré son seuil relativement élevé. Et puisque nous en sommes aux aspects pratiques, relevons qu’une caméra à 360 degrés est proposée de série, ce qui rend le stationnement nettement plus agréable, car le F-150 peut manquer de visibilité. La caméra frontale est également utile pour la conduite en tout-terrain, car elle améliore la visibilité lors des franchissements. Quant au programme de conduite tout-terrain, il adapte la répartition du couple de manière à ce que les 1050 Nm soient répartis de manière ciblée en fonction des besoins. C’est pratique puisque cela permet aux roues de ne pas patiner. La belle peinture bleue (unique coloris disponible en Suisse) est ainsi épargnée par les gravillons. Ce qui amène à un constat: disponible au prix pas franchement avantageux de 127 000 francs, le Ford F-150 Lighting est paradoxalement trop cher pour être utilisée de manière inconsidérée dans la boue. Et oui, tous les géants, même ceux faits de métal, ont leurs failles!

Vérdict

Le Ford F-150 Lightning profite de tout le savoir-faire du constructeur de Dearborn en matière de construction de pick-up. L’autonomie plutôt limitée, la charge utile restreinte et le prix élevé devraient cependant restreindre assez fortement la clientèle potentielle de ce «truck» électrique.

Résultats 71/100

Moteur-boîte 7/14

La puissance et le couple du Ford F-150 Lightning sont plus que suffisants. Cependant, sa consommation est exceptionnellement élevée, ce qui limite son autonomie.

Trains roulants 24/28

La direction et le châssis sont convaincants. Le réglage est souple et confortable, malgré la présence de ressorts à lames sur l’essieu arrière.

Habitacle 21/28

L’habitabilité et des détails pratiques tels les sièges arrière rabattables, la petite table amovible de la console centrale, les prises de courant 230 V et l’énorme «frunk» représentent les points forts du F-150 Lightning.

Sécurité 11/18

La distance de freinage est très longue. La faute au poids et aux pneus tout-terrain. Une caméra à 360 degrés, de série, améliore la vision panoramique.

Budget 8/12

127 000 francs, c’est un prix exorbitant pour un pick-up. Il est donc peu probable que le F-150 Lightning soit utilisé comme véhicule de chantier.

Photos: Vesa Eskola, Texte: Ramon Egger

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