E-Boxer Succédant au best-seller XV, le Crosstrek prend au sérieux son rôle d’ambassadeur Subaru. Angles et arêtes abondent.
De la fiche technique du nouveau Crosstrek, disponible en Suisse depuis quelques semaines, c’est un certain scepticisme qui ressort. Et pour cause, sa chaîne cinématique hybride est composée d’un moteur boxer de deux-litres, développant une modeste puissance de 136 ch, et d’une petite machine électrique de 16,7 ch seulement. Et cette voiture, qui succède au XV, est un SUV compact de près de 4,5 mètres de longueur pour un poids de 1,7 tonne, doit également composer avec une boîte CVT si chère à Subaru (et à d’autres constructeurs japonais). Malheureusement, cette solution n’est pas franchement considérée comme la plus merveilleuse des transmissions.
Et pourtant, de qualités, le petit SUV n’en manque guère. Mais il lui a fallu du temps, beaucoup de temps, pour les faire transparaître. On qualifiera cette période de «chauffe prolongée et émotionnelle». Néanmoins, la voiture a ensuite réservé de belles surprises! Tout d’abord, le SUV a prouvé qu’il était vraiment capable de s’aventurer hors des sentiers battus. Certes, ce n’est pas un véhicule tout-terrain de la vieille école, mais c’est une vraie Subaru, pas un 4x4 lifestyle pour la jungle urbaine. D’ailleurs, les puissants revêtements en plastique, la protection anti-encastrement suggérée sur les pare-chocs et la généreuse garde au sol de 22 centimètres ne sont pas de simples ornements, comme c’est le cas sur tant de SUV modernes.
Subaru Crosstrek - bien en route même hors des routes goudronnées.
Bien qu’il y ait beaucoup de plastique dur dans l’habitacle de cette Subaru, l’accoudoir des portières est très doux. Le coude y est confortablement installé, au point que l’on croirait presque avoir affaire à un canapé. Et il en va de même pour le couvercle du spacieux compartiment de la console centrale. De leurs côtés, les sièges sont larges, mais on préfererait davantage de soutien latéral. L’espace à l’arrière est acceptable, et le pavillon du ciel comporte un renfoncement afin de laisser davantage de garde au toit aux passagers de grande taille.
Le Crosstrek est un mélange réussi d’ancien et de moderne. On y trouve aussi bien des interrupteurs classiques qu’un grand écran. L’espace à l’avant est généreux, le volume de coffre est dans la moyenne.
De l’esprit pratique avant tout
Comme cela a déjà été dit, le Crosstrek ne brille dans aucune discipline de prime abord. En effet, sur le papier, il semble un peu sous-équipé. Dès le premier coup d’œil, on remarque que le tableau de bord comporte toujours deux instruments à aiguilles traditionnels, la console centrale est surmontée d’un grand levier de vitesses «à l’ancienne». Bien pensé, ce dernier est agréable à manier. C’est autre chose que ces petits interrupteurs que les constructeurs ont tendance à installer depuis deux ou trois ans dans les voitures. Au-dessus de ce levier, on découvre un écran de plus de 11 pouces au centre du tableau de bord. Au démarrage, trois éléments s’y allument: en haut, une barre de sélection des menus par balayage, par exemple pour les modes de conduite tout-terrain; au milieu, un grand champ avec des boutons clairement identifiés pour la navigation, la radio, le téléphone portable, etc; et en bas, une barre pour la commande de la climatisation, délimitée par de véritables boutons pour le choix de la température, à gauche et à droite du cockpit. S’y ajoutent deux boutons rotatifs pour le volume, de part et d’autre de l’écran. Simple et pratique à utiliser, cet écran fait le bonheur des occupants. Les interrupteurs à bascule pour le chauffage des sièges sur la console centrale en font également partie. Ils ont l’air délicieusement démodés, mais ils ont l’avantage d’être fonctionnels. On trouve à bord un écran avec une connexion sans fil au téléphone portable et il existe des interrupteurs pour les tâches simples. Les ingénieurs de Subaru ne se sont manifestement pas souciés de savoir si cela était à la mode ou pas. Et c’est tant mieux, car les instruments analogiques sont parfaitement lisibles. Et entre les compteurs, il y a encore un petit écran pour des informations supplémentaires.
Le moteur boxer deux litres renonce à un turbocompresseur.
La voiture réagit beaucoup
Une fois en mouvement, le Crosstrek prouve qu’il est une vraie Subaru; grâce à sa boîte CVT, il démarre quoiqu’il advienne dès que le conducteur appuie sur l’accélérateur. Évidemment, les bruits provenant du compartiment moteur ne correspondent pas avec l’augmentation de la vitesse. Mais grâce à l’assistance électrique, le tout se fait de manière plutôt dynamique. Le moteur atmosphérique fait le reste et brille par sa présence immédiate peu après avoir quitté le ralenti. C’est une voiture qui veut prouver immédiatement ce qu’elle promet dans ses indications de puissance.
Pour tous ceux qui souhaitent se souvenir de la sensation que procuraient 150 chevaux autrefois, c’est une madeleine de Proust. Et le Subaru de s’ébrouer dès que l’on appuie sur l’accélérateur, et ce sans turbocompresseur, ni boîte DSG. Bien sûr, à cause de la boîte CVT, le moulin a tôt fait de monter en régime, devenant bruyant dans la foulée. Mais si on lève légèrement le pied de l’accélérateur, il reprend rapidement son calme. Et après toutes ces émotions, le E-Boxer donne l’assurance à ses occupants qu’il est toujours prêt à redémarrer!
Les réglages se font facilement à l'écran. Les menus sont simples et faciles à comprendre.
Conducteur sous surveillance
En revanche, les sons que la voiture émet lorsque la surveillance du conducteur est activée sont moins appréciables. Autant vous prévenir tout de suite: vous êtes sous son contrôle. Si vous vous grattez la tête, le Subaru vous demande de regarder la route. Si vous ne tournez pas constamment le volant avec un calme souverain, le système estime que vous avez les mains dans le cambouis. En revanche, si vous bougez trop le volant, le véhicule impertinent vous recommande de faire une pause. Par chance, dans le menu merveilleusement clair à disposition sur l’écran, tout cela peut être désactivé dans les paramètres du véhicule, à l’aide d’interrupteurs à glissière virtuels. Ainsi, malgré une fiche technique à première vue un peu décevante, le Crosstrek est rapidement parvenu à se mettre les essayeurs de la RA dans la poche.
Très maniable
Bien sûr, le Crosstrek n’est pas un bon sprinter, comme en atteste les 11,5 s qu’il met pour passer de 0 à 100 km/h. Néanmoins, en tant que SUV compact, le Japonais tient étonnamment bien la route; son châssis ne prend pratiquement pas de roulis, sa direction est précise et il est maniable. De plus, il offre un bon confort de suspension, sans dureté inutile. Et malgré sa garde au sol rehaussée, il donne l’impression de disposer d’un centre de gravité bas.
Environ 4000 Subaru XV ont trouvé preneurs en Suisse depuis le lancement du modèle en 2012. Il y a fort à parier que le Crosstrek n’égalera jamais ces chiffres, le marché automobile ayant beaucoup évolué depuis lors. Mais il y a de bonnes chances pour qu’un grand nombre de Subaru se croisent sur nos routes. Le Crosstrek est recommandé à tous ceux qui ne se laissent pas décourager par les faibles performances, qui recherchent un transport fiable et simple pour tous les jours, qui souhaitent des caractéristiques de sécurité à la pointe (derrière tous les avertissements se cache un ensemble de systèmes d’assistance fonctionnant parfaitement) et qui veulent une connectivité totale, tout en désirant avoir leur voiture sous contrôle, en appuyant sur un bouton plutôt qu’en balayant un écran. Quant aux fans de Subaru, ils se sentiront immédiatement chez eux dans le Crosstrek, à moins qu’ils n’aient la nostalgie d’une Impreza rugissante. Mais cela, c’est clairement une toute autre histoire.
Centre de gravité abaissé grâce au moteur boxer et ce, malgré une garde au sol de 22 cm.
Verdict
La Subaru Crosstrek demande un certain temps d’adaptation avant de révéler ses qualités au conducteur. La voiture est étonnamment maniable pour son type de construction. La propulsion reste la plupart du temps en arrière-plan, le conducteur détermine lui-même en grande partie le niveau de bruit en utilisant la pédale d’accélérateur. Fidèle aux origines de la marque, le nouveau Subaru est aussi tout-terrain qu’il en a l’air.
Photos: Vesa Eskola, Texte: Martin Sigrist
Résultats 69/100
Moteur-boîte 13/20
La combinaison d’un moteur thermique, d’une machine électrique et d’une transmission à variation continue ne pose que rarement des problèmes dans la pratique.
Trains roulants 12/15
Des bras de suspension bien dimensionnés empêchent tout mouvement important dans les virages rapides. La direction est conçue pour être agréable.
Habitacle 17/25
Le Crosstrek utilise plus de plastique que nécessaire, mais les rembourrages sont agréables. Les rangements sont spacieux et pratiques.
Sécurité 10/15
Le SUV sonne trop souvent lorsque ses assistances sont activées, mais elles peuvent être rapidement éteintes.
Budget 17/25
Si vous cherchez une voiture robuste à utiliser au quotidien, le Crosstrek est fait pour vous. Sa fabrication est robuste. Et même si elle n’est pas à la pointe de la technologie, sa motorisation hybride assure d’intéressants chiffres en matière de consommation.
Sièges avant spacieux
Espace moyen à l'arrière
La batterie se trouve sous le plancher du coffre
X-Mode aide sur les terrains difficiles
Instruments classiques avec écran supplémentaire
La XV est devenue la Crosstrek
Un sélecteur de vitesses robuste empêche les mauvaises manipulations lors des manœuvres