Avec le temps, certains véhicules, considéré jadis comme des modèles phares, et commercialisés avec ardeur par leurs concepteurs, perdent de leur importance. Largués sur le plan technologique et plus vraiment intéressants sur le plan mécanique, ils ont également été trop vus, trop achetés aussi. Ainsi, c’est presque dans l’indifférence générale qu’ils disparaissent, noyés dans une multitude de produits leur ressemblant. En marketing, cette place se nomme «stuck in the middle», soit «bloqué au milieu». Évidemment, il s’agit là d’une position peu enviable, puisqu’il y est très compliqué d’attirer l’attention. Un exemple concret? L’ancienne Opel Astra «K», le modèle de cinquième génération, s’est vendue à 845 exemplaires l’année dernière en Suisse. Certes, ce chiffre n’est pas si mal. Mais si on le compare aux résultats de la VW Golf, sa principale adversaire, ce n’est pas très glorieux. Bien que cette dernière ait perdu son statut de véhicule le plus vendu en Suisse, elle reste, avec 3526 voitures livrées en 2023, un modèle de masse dans la vaste gamme de modèles de Wolfsburg. Néanmoins, depuis son rachat par PSA et son intégration au sein du groupe Stellantis, le Blitz est sur une pente ascendante, comme en témoigne d’ailleurs la nouvelle Astra «L», de sixième génération.
Opel Astra E – L’électrique modeste
Test Team RA | 01.02.2024
Calme L’Opel Astra électrique fait preuve de retenue à bien des égards. Calme et discrète, elle ne clame pas haut et fort qu’elle n’émet pas de dioxyde de carbone lorsqu’elle roule. Cette discrétion est tout autant une qualité qu’un défaut.
Qu’elle soit électrique, essence ou Diesel, l’Opel Astra conserve les mêmes lignes.
Le nouveau visage d’Opel s’inspire de modèles historiques, comme la Manta A, ce qui confère à l’Astra une certaine originalité.
Avec ce nouveau modèle, Opel tente de se débarrasser une bonne fois pour toute de son image de constructeur «mainstream». En fait, Stellantis entend faire d’Opel une marque plus branchée, pas forcément dans le sens électrique du terme (même si’il y a de ça aussi), mais plutôt dans le sens cool, à la mode, quoi! Et l’auto illustre bien cette nouvelle direction imposée par le groupe. Le nouveau design frais de la compacte, mélange d’arêtes et de lignes anguleuses, offre un sentiment de qualité supérieure. Certes, davantage d’audace n’aurait sans doute pas fait de tort, mais qu’importe, la compacte est une allemande, et à ce titre, elle entend bien rester un minimum sérieuse.
Électrique et thermique
La compacte de Rüsselsheim est assemblée sur la plateforme EMP2 de Stellantis. Celle-ci propose, au choix, des moteurs thermiques (à essence ou Diesel) ou une machine électrique. À l’instar des autres véhicules du groupe fonctionnant uniquement sur batterie, la variante électrique de l’Astra se situe dans la moyenne de la gamme en matière de performances. Clairement, l’Allemande ne brille pas par la force de ses accélérations (0 à 100 km/h en 9,2 s), c’est plutôt dans la retenue que ce véhicule de 115 kW (156 ch) et 270 Nm excelle.
En effet, l’Astra n’est pas nerveuse, et en fait, c’est plutôt agréable. En tant que véhicule de tous les jours, elle fonctionne parfaitement. Lors de l’essai réalisé ici, elle a rempli sans problème les tâches de la vie quotidienne, celles que l’on exige d’une voiture familiale. Nous avons pu circuler en ville, amener et récupérer les enfants à l’école, nous rendre à des rendez-vous dans la région et même réaliser de longs trajets. lesquels étaient parfois réalisés par des températures nettement négatives. Évidemment, dans pareilles conditions, il est impossible d’atteindre l’autonomie annoncée de 381 kilomètres. C’est surtout valable lorsque le chauffage est allumé; une voiture électrique a besoin de beaucoup d’énergie pour maintenir ses occupants dans des conditions agréables. Néanmoins, à 12° C, la capacité nette de 51 kWh s’est révélée suffisante pour parcourir environ 300 kilomètres, avec un peu de marge.
Une fois n’est pas coutume, les sièges Opel sont confortables. À l’arrière, l’Astra dispose de valeurs dans la moyenne.
Discipline pour recharger
Ce n’est pas si mal. Néanmoins, on aurait aimé disposer d’une batterie un peu plus grande. Cela se serait en effet avéré utile lorsque l’on utilise la voiture de manière plus intensive sur les longues distances. Sur autoroute, l’Astra, qui est tout de même une compacte et non une citadine, se débrouille très bien. Cependant, une certaine discipline est de rigueur à l’heure de recharger.
Moments de plaisir sur la route
Comme ses homologues thermiques, l’Astra brille par son haut niveau de confort. Étant donné que la version électrique est plus lourde que son homologue thermique, le réglage de base de la suspension a tendance à être assez ferme. La maniabilité s’en trouve améliorée. Sur l’autoroute, le système d’assistance Intelli-Drive 2.0 de dernière génération s’accorde parfaitement avec le style décontracté propre à la conduite électrique. Il permet à la voiture de rester centrée sur sa voie avec une bonne fiabilité sur de longues distances. Contrairement à la Peugeot e-308, dotée du tableau de bord «i-cockpit» (petit volant, compteur surélevé), l’Opel dispose d’un tableau de bord standard. Voilà qui plaira à tous les conducteurs ne souhaitant pas rouler avec un volant sur les genoux. La bonne nouvelle, c’est qu’Opel continue d’avoir recours à des boutons physiques pour les fonctions basiques. Ce qui est moins appréciable, c’est le sélecteur de la boîte de vitesses automatique, qui est trop petit. Et puis, il y a le bouton-poussoir à actionner séparément pour augmenter le freinage regénératif, qui n’est lui non plus pas très agréable.
La machine, l’électronique de puissance et le convertisseur de 11 kW se trouvent sous le capot.
Quiconque n’a pas besoin de l’habitabilité de l’Astra fera bien de se demander si la plus petite Corsa électrique ne suffirait pas à faire l’affaire. Car sa technologie de propulsion est strictement identiques à celle de l’Astra essayée dans ces lignes et qui coûte évidemment beaucoup moins cher. C’est généralement le problème des modèles existant dans une version thermique et une variante électrique: sur le papier, les voitures électriques sont généralement moins attractives et plus chères. Et la compacte de Rüsselsheim ne fait pas exception à la règle.
Sobre, l’habitacle est réduit à l’essentiel, mais fait toujours appel à des boutons physiques. Lesquels commandent notamment le système d’infodivertissement. Seul le sélecteur ne plaît pas, mais l’Intelli-Drive fonctionne très bien.
Le break est convaincant
À l’intérieur, l’Astra brille par le confort de ses sièges, un argument de poids récurrent pour le constructeur de Rüsselsheim. En matière d’habitabilité, l’espace à l’avant ne manque pas, avec une garde au toit suffisante. À l’arrière, l’espace laissé aux genoux des occupants est suffisant et dans le coffre, le volume d’emport est de 352 litres. Et peut aller jusqu’à 1268 litres lorsque la banquette arrière est rabattue. La grande chance qu’a l’Astra, c’est d’être également proposée dans une version break. En tant que véhicule de transport destiné à une famille ou en tant que véhicule de service réservé aux professionnels, l’Astra est une compacte qui répondra à tous les besoins de la vie quotidienne. Bref, dans sa cuvée électrique, l’Allemande est une alternative valable à beaucoup d’autres modèles que l’on trouve actuellement sur le marché. Et c’est certainement l’argument le plus cool et convaincant que la marque peut faire valoir pour sortir de cette fameuse et fâcheuse zone intermédiaire.
Verdict
L’Opel Astra électrique est un mélange de nombreuses saveurs. Rien ne gratte ni ne mord vraiment, la puissance est acceptable, l’autonomie aussi, la voiture est agréable à regarder et les sièges sont confortables. Mais il manque cette petite touche d’originalité. Et lorsqu’elle est soumise à la comparaison avec la concurrence, son attrait chute nettement, surtout au niveau du prix.
Résultats71/100
Moteur-boîte12/20
La puissance se situe en dessous de la moyenne. Néanmoins, elle suffit largement à satisfaire les besoins du quotidien.
Trains roulants11/15
L’Astra électrique compense le poids supplémentaire par un réglage légèrement plus ferme. La direction est communicative, bien que trop légère.
Habitacle20/25
Les excellents sièges sont la marque de fabrique d’Opel, et l’Astra ne fait pas exception. Un schéma de commande clair facilite sa prise en main.
Sécurité12/15
Le système d’assistance Intelli-Drive 2.0, disponible moyennant un supplément, aide le conducteur de manière fiable. Il convient parfaitement à l’Astra. Les phares à LED matriciels sont excellents.
Budget16/25
L’Opel est un peu gênée par sa puissance limitée. La concurrence offre davantage, y compris en taille de batterie. Si vous recherchez un véritable avantage, il vaut mieux opter pour la version break de l’Astra.
Photos: Vesa Eskola, Texte: Martin Sigrist
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