Toyota: une technologie qui profitera elle aussi à la série

Olivier Derard | 11.07.2024

Le plus avancé En matière de moteur thermique à hydrogène, Toyota profite d’une confortable avance, elle qui s’était lancée dans le bain il y a huit ans. Elle en profitera au Mans en 2027, puis sur la route...

104105

Préfiguré par un démonstrateur non roulant dévoilé au Mans l’année passée, la future Hypercar à hydrogène utilisera un moteur thermique hybridé.

Toyota peut se targuer d’une longue expérience dans la pile à combustible, elle qui a lancé la Mirai en série en 2015 et qui l’a depuis lors déclinée dans une seconde génération encore plus convaincante. Néanmoins, le constructeur japonais, qui continue d’avoir une approche multi-technologique de la mobilité, est aussi très bien avancé dans le domaine du moteur à combustion d’hydrogène. En fait, on peut même affirmer qu’il est l’un des constructeurs les plus avancés en la matière, l’enseigne nippone profitant de nombreuses années d’expérience dans le domaine. C’est en effet en 2016 que l’on retrouve les premières traces d’une Toyota évoluant (partiellement) à l’hydrogène thermique. Depuis lors, l’enseigne a fait du chemin, a engagé certains de ses prototypes de course à hydrogène (notamment piloté par Akio Toyoda, le grand patron de l’enseigne nippone) dans plusieurs compétitions autour du globe et l’a même mis à l’épreuve dans une Corolla Cross de série (lire RA 9/2023).

Ainsi, chez Toyota, on avait un choix à faire à l’heure de prendre la voie de l’hydrogène au Mans. La réponse? «Dans le cadre du programme WEC, nous avons jeté notre dévolu sur le moteur à combustion d’hydrogène», confirme Pascal Vasselon, vice-président du développement stratégique chez Toyota. Qui précise: «Ce moteur sera assisté par une machine électrique à haute tension. Tout simplement parce que l’on souhaite que ces voitures à hydrogène profitent du même niveau de performance que les actuelles Hypercars», précise Pascal Vasselon. C’est sûr, les prototypes à hydrogène seront plus lourds que leurs homologues thermiques; ils souffriront d’un handicap lié au poids. «Il faudra compenser cette masse additionnelle par le biais d’une aérodynamique et de systèmes de traction plus poussés. Mais la catégorie Hydrogène, qui concourra au sein de la classe Hypercar aux côtés des catégories LMH et LMDh, profitera d’un règlement plus ouvert et permissif, qui pourrait par exemple comporter de l’aérodynamique active», développe l’ingénieur. Pour l’heure, impossible de dire à quoi ressemblera la voiture de course finale, Toyota s’étant seulement contenté de présenter l’année passée au Mans un «démonstrateur», une sorte de maquette qui préfigure la future Hypercar écologique, prévue pour 2027. On ne connaît donc aucune des spécificités techniques de la voiture.

Le défi des réservoirs pressurisés

Néanmoins, au rayon des challenges qu’il doit encore surmonter, Toyota fait, comme Bassel Aslan (lire texte principal), également mention de la sécurité autour des réservoirs pressurisés. «Il y a beaucoup d’énergie et de ressources mises en place actuellement afin de mettre en place des règlementations garantissant la sécurité des systèmes hydrogène, et ce qu’ils soient gazeux ou liquide en fonction de la solution qui sera retenue par l’ACO», détaille Pascal Vasselon. «Le moteur à combustion en lui-même est relativement sûr. Ce qui pose problème, c’est la gestion du réservoir et des potentielles fuites d’hydrogène», soulève Vasselon.

104497

Pascal Vasselon est vice-président du développement stratégique pour Toyota.

Le second défi qu’il conviendra de résoudre avant 2027 sera de diminuer le plus possible les émissions d’oxydes d’azote. Eh oui, si la combustion d’hydrogène ne dégage aucune émission de CO2, elle n’est pas totalement dénuée de NOX. «Notre objectif sera d’être le plus proche du zéro en matière d’émission», affirme Pascal Vasselon. Pour l’ingénieur, le moteur thermique à hydrogène ne représente rien de moins que l’avenir de l’automobile, et ce «pour les plusieurs dizaines d’années à venir», précise-t-il. Avant d’ajouter: «Chez Toyota, la seule raison d’être de la compétition est de bénéficier à la voiture de route; la mission donnée à tous les programmes engagés en sport automobile est de faire des voitures de route toujours meilleures. Faire des tours sur un circuit ne devient vertueux que si l’on a un impact sur la mobilité au sens large.» De là à affirmer que Toyota profitera du savoir-faire acquis en Endurance pour mettre au point des voitures de série se servant d’un moteur à combustion d’hydrogène, il n’y a qu’un pas. À la Revue, on imagine déjà le constructeur nippon ressusciter le fabuleux V10 de la Lexus LFA. Ce serait génial, n’est-ce pas?

104127

Cela fait depuis 2016 que Toyota planche sur le moteur à combustion d’hydrogène. Il s’agit ici du tricylindre d’une Yaris GR. Le moteur du Mans bénéficiera des acquis de ce bloc.

Commentaires

Aucun commentaire