Relève Le projet «Young Drivers»
de l’Association Auto Sport Suisse a connu son apogée avec une journée de
Formule 4 à Bresse (F). La Revue Automobile était présente lors de ce test
organisé par Jenzer Motorsport.
Les Young Drivers lors du briefing matinal: Kai Perner, Kilian Boss, Sergio Koch, Samuel Schär, Joan Bischof, Phillip Loacker, Timéo Ruppen et Florian Estève (de g. à dr.).
Se glisser derrière le volant, enclencher la première vitesse,
démarrer: c’est si simple de conduire une voiture! Vraiment? Huit jeunes
pilotes de karting se sont prêtés à l’exercice lors d’une journée de détection
en Formule 4 sur le circuit de Bresse (F), dans le cadre du projet «Young
Drivers» d’Auto Sport Suisse. Et le pouls de la plupart d’entre eux s’est
accéléré… parfois dès l’installation dans le cockpit.
Des mains moites pour ces jeunes pilotes? Normal, ce d’autant
plus que la pluie continue a ajouté une épreuve supplémentaire à ce test. Le
team manager Andreas Jenzer, qui s’était rendu à Bresse avec trois voitures et
une douzaine de mécaniciens et d’ingénieurs, s’est appuyé sur ses 30 ans
d’expérience pour dire: «Nous aurions pu laisser les slicks à la maison!»
Pas si simple que ça
Pluie ou pas, ces jeunes pilotes étaient de toutes les façons
jetés dans le grand bain. Il n’y a pas eu beaucoup de théorie en amont de ce
stage d’initiation à la Formule 4: «Ce n’est pas nécessaire», explique Jenzer.
«Ce sont tous de bons pilotes de karting, ils comprennent vite ce qu’il faut
faire.» Toujours est-il qu’un manuel pratique avait été envoyé à chaque pilote,
montrant et expliquant les boutons et les affichages qui se trouvent sur le
volant et dans le cockpit de la monoplace. Il y était également question du comportement
correct à adopter dans la voie des stands. Le matin, avant le premier run, le
propriétaire du circuit a encore donné une brève introduction, au cours de
laquelle il a surtout été question des différents drapeaux et feux de
signalisation. Ensuite, il s’agissait de mettre le casque, de s’attacher et de
partir, même si – et c’est compréhensible – le démarrage ne s’est pas toujours
fait du premier coup. «Normal», remarque l’un des mécaniciens de Jenzer,
«l’embrayage a très peu de jeu. Mais jusqu’à présent, tout le monde a réussi.»
Un peu inhabituel: Sergio Koch entouré d'Andreas Jenzer (à g.) et de son équipe.
Six points étaient examinés à la loupe par les ingénieurs de
Jenzer au cours de cette journée: la préparation, le choix de la ligne, le
freinage, la capacité d’adaptation, l’attention portée à l’étude de la vidéo et
la capacité à s’améliorer grâce au coaching. Pour chaque point, une note allant
de un à cinq, autrement dit de mauvais à excellent, était attribuée. Disons-le
tout de suite: il n’y a pas eu de «un» et le seul «cinq» a été réussi par
Samuel Schär qui a, selon les ingénieurs de Jenzer, parfaitement mis en œuvre
les consignes des coaches.
Tous ont donc encore une marge de progression, ce qui n’est pas
étonnant pour une première fois: «Tous méritent une bonne note», ajoute Andreas
Jenzer. «Nous avons certes eu l’un ou l’autre tête-à-queue, mais rien n’a été
cassé, les gars ont très bien suivi les instructions de mon équipe.»
Gagner en confiance
La confiance de ces pilotes de karting expérimentés a augmenté
au fur et à mesure de la leçon. «Les premiers départs ont été compliqués, mais
j’ai ensuite rapidement pris mes marques. J’avais un peu peur de la puissance
de la voiture, mais finalement, je me suis senti très à l’aise malgré la piste
mouillée», explique ainsi Florian Estève, l’un des huit jeunes participants.
Kilian Boss a lui aussi eu quelques problèmes d’adaptation: «Les progrès ont
été d’autant plus importants», confie-t-il à la fin de la journée. «La
confiance étant de plus en plus grande, je suis allé de plus en plus vite.»
Le cockpit de Formule 4 dispose de nombreux boutons et indicateurs.
Comme de 2013 à 2015, le projet «Young Drivers» s’adressait à
des pilotes de karting âgés de 14 à 16 ans. Outre ce test en Formule 4, ils ont
bénéficié de divers ateliers au cours de l’année. Parmi ceux-ci figuraient une
journée consacrée aux médias, où les participants se sont notamment entraînés à
parler devant une caméra. Ils ont aussi participé à une conférence sur le
sponsoring et le marketing ainsi qu’à un événement à l’École de Sport de
Macolin (BE) au cours duquel les perspectives de carrière de pilote automobile
ont été abordés. Parmi les ateliers pratiques figuraient aussi un événement de
«simracing», les jeunes talents étant plongés dans le monde virtuel du sport
automobile. Enfin, le programme était complété par une évaluation de la
condition physique des participants, supervisée par l’ancien coureur Adrian
Zaugg.
Question de temps
Le deuxième plus jeune pilote du programme, Timéo Ruppen,
affichait un large sourire à la fin de la journée: «J’ai provoqué deux fois un
drapeau rouge lors de ma première session», explique Ruppen. «Cela m’a fait
réfléchir. Mais j’ai ensuite acquis une nouvelle assurance avec l’aide de toute
l’équipe. En Formule 4, beaucoup de choses sont différentes du karting: le
freinage, l’accélération, la vitesse, les forces G. Pour s’y habituer, il faut
du temps. Mais je ramène avec moi de nombreuses nouvelles expériences.»
Kilian Boss: les jeunes coureurs parcourent environ 150 kilomètres en une journée.
La collaboration avec une équipe d’une telle taille était
nouvelle pour tous. En karting, il est courant qu’il n’y ait qu’un seul
mécanicien au service du pilote. «Etre soudainement entouré de trois ou quatre
personnes a été un peu étrange», estime ainsi Sergio Koch. Et Kai Perner, qui a
démarré à chaque fois sa Formule 4 Tatuus comme s’il n’avait jamais rien fait
d’autre, d’ajouter: «La collaboration avec l’équipe Jenzer a été excellente.
Les gars étaient très utiles, gentils et drôles.»
Un prix de 30 000 francs
Le vainqueur du programme «Young Drivers» de cette année sera
connu le 15 décembre, dans le cadre du «Dîner des Champions» à l’hôtel
Bellevue, à Berne. Le gagnant recevra un prix de 30 000 francs lié à un
programme de sport automobile. L’expérience acquise par les jeunes pilotes de
la relève lors des ateliers, mais surtout lors de ces tests en Formule 4, est
presque plus importante que l’argent. À l’image de la majorité des
participants, Kilian Boss déclarait, les yeux encore brillants à l’issue de
cette journée de test à Bresse: «Cet événement a dépassé mes attentes!»