F1 - Verstappen plus que contrarié

Mohammed bin Sulayem, le président de la Fédération internationale de l'automobile, est toujours prêt à surprendre. Mais la plupart du temps, elles ne se terminent pas bien pour lui. Le dernier projet en date de ce fonctionnaire controversé originaire des Emirats arabes : l'éducation à la parole pour les pilotes de Formule 1. Il a ainsi provoqué un tollé lors du Grand Prix de Singapour, Max Verstappen ayant été sanctionné par des heures de travail social pour avoir critiqué sa propre voiture de course. C'est une farce de vouloir museler les pilotes de course, alors qu'à chaque carrefour suisse, les gens peuvent en apprendre davantage sur les jurons. Mais cette atteinte à la liberté de parole de la part des gardiens du règlement pourrait avoir des conséquences - Max Verstappen flirte avec une fin de carrière prématurée.

Par le biais d'un portail spécialisé britannique, le président de la FIA, qui cherche toujours un moyen de se mettre en valeur, avait mis en garde contre le choix des mots utilisés par les pilotes de course : « Les rappeurs utilisent le mot F plusieurs fois par minute. Mais nous ne sommes pas des rappeurs ». Imaginez que des parents soient assis devant la télévision avec leurs enfants et que quelqu'un prononce tous ces mots sales. L'explication pour jouer au gendarme de la langue est un peu hypocrite : en effet, comme les messages radio sont diffusés en différé, les expressions grossières en question sont suivies d'un bip sonore. Max Verstappen a donc demandé à juste titre en retour : « Allez, mais qu'est-ce qu'on est vraiment ? Des enfants de cinq ans, de six ans ? » Aucun fan ne devrait vouloir se passer d'écouter la radio des stands, c'est souvent l'élément le plus captivant, souvent cela permet aussi de donner du relief à la tactique d'une équipe. Et d'ailleurs, celui qui cherche un monde hyper-politiquement correct n'a jamais été à sa place en Formule 1. Car si elle n'est qu'accessoirement un spectacle, elle est surtout un sport dur.

Un tour de presse monosyllabique

Max Verstappen était plus que contrarié. Lors des tours de presse du samedi et du dimanche, auxquels il doit assister, il est resté monosyllabique. Ce n'est qu'en dehors de la zone de souveraineté de la FIA, dans le paddock, qu'il a exprimé sa frustration. Sous la grande roue, le pilote de 26 ans a lié son destin personnel aux atteintes à la liberté d'expression : « Je me trouve maintenant dans une phase de ma carrière où l'on ne veut pas constamment s'occuper de choses idiotes. C'est vraiment épuisant. Et pour moi, ce n'est pas une façon de continuer à pratiquer le sport, ça c'est sûr ».

Le pilote Red Bull, qui peut devenir champion du monde pour la quatrième fois consécutive, a toujours souligné qu'il ne voulait pas continuer à courir éternellement juste pour battre des records - contrat jusqu'à fin 2028 ou pas. Les événements de Singapour ont apparemment entraîné une profonde réflexion : « Quand c'est assez, c'est assez. La Formule 1 continuera sans moi, cela ne me pose aucun problème ». Cela semble menaçant, mais c'est surtout un message ciblé à l'attention des fonctionnaires et aussi du management de la Formule 1, pour qu'ils laissent à nouveau plus de liberté aux pilotes. Le talent millénaire Verstappen connaît parfaitement sa position d'exception et veut l'utiliser dans cette farce. Pour lui, pour ses collègues et pour l'ensemble du sport.

Les cartes sont redistribuées

La Formule 1 s'accommodera parfaitement de cette controverse lorsqu'elle reprendra dans quatre semaines au Texas. Peut-être s'agira-t-il alors moins de la lutte pour le pouvoir et la liberté et davantage de la course au titre. Verstappen s'est classé deuxième à l'équateur au cours d'une course enfin à nouveau forte, mais Norris était nettement plus fort avec la McLaren. Ainsi, l'avance du Néerlandais s'est réduite à 52 points alors qu'il reste encore six courses. À Austin, les cartes seront redistribuées. Red Bull Racing arrive avec un nouveau soubassement, McLaren s'est vu interdire l'aileron arrière flexible. Parfois, cela fait du bien de dire simplement quelques mots de plus sur le sport.