WEC Les 6 Heures de Spa-Francorchamps se sont terminées près de 8 heures après leur départ! Surprises, accidents, grincements de dents... et des Suisses omniprésents.
Presque une victoire sensationnelle: Neel Jani était en tête à Spa-Francorchamps.
La course la plus folle de tous les temps? Assurément
la plus dingue des temps modernes. Jugez plutôt: un départ donné à 13
heures sous le soleil des Ardennes belges, une arrivée jugée juste avant
21 heures! Ajoutez la première victoire d’un team client en WEC et deux
accidents très spectaculaires, dont le second aurait pu avoir des
conséquences terribles. Des coups de gueule, aussi – la réclamation de
Ferrari n’a pas été acceptée. Et des coups de cœur, comme le pilotage de
l’équipier français de Neel Jani, Julien Andlauer qui nous a permis de
revivre, au pied de l’Eau Rouge, le duel mythique entre Jo Siffert et
Pedro Rodriguez (Porsche 917) en 1970. Et tout le reste, de la portière
de Jani qui refuse de se fermer, au final à couper le souffle en LMGT3
lorsque, tour à tour, la McLaren de Grégoire Saucy, puis la Lamborghini
des Iron Dames de Rahel Frey doivent faire un ultime passage aux stands
pour un «splash» de quelques litres. De cette course-là, on eût pu
écrire un livre!
17 h 12, on frôle le drame
La course avait commencé bien avant le départ, lorsque
la Ferrari No 50 de Fuoco avait perdu sa pole position, pour infraction
au poids minimum. Et après 1 h 30 de roulage, un premier gros choc
éliminait la seconde Porsche-Jota et la BMW M4 de Valentino Rossi.
Ensuite, les deux Ferrari furent les plus rapides en piste. Les Toyota?
Pas assez véloces pour jouer la gagne. Les Peugeot? Ni assez fiables, ni
assez rapides. Les Alpine? Étonnantes en bien, comme lors de
l’ouverture de la saison au Qatar. Les BMW? Décevantes, comme depuis
cette même ouverture. Les Porsche? Elles sont les plus nombreuses, ce
qui a toujours été un atout en endurance. Et ce qui va l’être une fois
encore à Spa.
Classe Hypercar: la victoire à Spa est revenue à la Porsche de l'équipe Jota.
Le champion du monde Sébastien Buemi sur Toyota n'a terminé que sixième.
Et une Cadillac, certes esseulée, mais terriblement
rapide aux mains d’un Earl Bamber qui va trop en faire. Alors qu’il est
très exactement 17 h 12, ce samedi 11 mai et que les deux Ferrari
s’éloignent de la Porsche de Neel Jani, Bamber fond littéralement sur la
963 du pilote bernois. Sur la ligne droite de Kemmel, entre le
Raidillon et le virage des Combes, le Néo-Zélandais, littéralement
aspiré par la Porsche, touche l’arrière de la voiture de Jani et se
déporte sur la droite où se trouve la BMW LMGT3 de Sean Gelael. C’est
l’horreur: la Cadillac se désintègre, la BMW s’écrase contre les rails,
ceux qui suivent slaloment entre les débris. Le drapeau rouge est
immédiatement montré.
«J’ai senti un choc»
Acteur involontaire de la scène, Neel Jani n’a rien vu:
«J’ai soudainement senti un choc à l’arrière. Par bonheur, ma voiture
est restée en ligne droite, j’espère juste que les deux pilotes vont
bien», explique immédiatement le Bernois. C’est le cas, par bonheur. Par
miracle. Mais c’est aussi une nouvelle histoire qui commence. Parce que
l’évacuation des deux épaves et la réparation des rails de sécurité va
durer 1 h 40. La course va-t-elle se terminer ainsi? Ferrari ne dirait
bien sûr pas non. Les autres et les plus de 88 000 spectateurs, en
revanche… On va donc finir par repartir derrière la voiture de sécurité à
19 h 10 (soit 10 minutes après l’heure d’arrivée originelle!) pour la
durée de l’interruption, donc 1 h 40. Et la donne est totalement
bouleversée puisqu’au moment du drapeau rouge, trois hypercars – la
Porsche Jota N° 12, la Porsche N° 6 et l’Alpine matricule 36 – étaient
dans les stands, terminant leur ravitaillement en carburant.
Nico Müller (à g.), avec son coéquipier de Peugeot Mikkel Jensen)...
...et le pilote BMW Raffaele Marciello (à d.) n'ont pas obtenu les résultats escomptés à Spa.
Tous les autres auront donc un arrêt supplémentaire.
Certains devront même recourir au ravitaillement d’urgence, un plein de 5
litres autorisé lorsque la course est sous régime de voiture de
sécurité. Ce sera le cas de Jani et de deux des trois Ferrari. Devant,
c’est la voix royale pour la Porsche-Jota, pour un doublé de la marque
allemande.
Les Iron Dames de Rahel Frey (g.) ont été
impressionnantes.
Tout comme la McLaren du «rookie» jurassien Grégoire Saucy, encore en tête à 17 minutes de l’arrivée.
Le Spa suisse
• Neel Jani (5e): Omniprésent. A longtemps occupé la tête, avant d’être une victime collatérale de l’erreur de Bamber.
• Sébastien Buemi (6e): Les Toyota GR010 Hybrid
n’avaient pas la vitesse pour espérer mieux. Pire, «Séb» a dû d’entrée
purger un stop and go de 5’’ pour avoir consommé trop d’énergie dans le
tour de formation.
• Nico Müller (10e): Le travail continue pour Peugeot
(alerte technique dès le départ). Nico a estimé que la reprise de la
course était un bon choix: «Pour l’ambiance de folie.».
• Raffaele Marciello (11e): Si la toute nouvelle
Alpine A424 est la bonne surprise de ce début de saison, que dire des
BMW M Hybrid V8, encore très loin du compte?
• Grégoire Saucy (19e, 4e LMGT3): Le Jurassien menait
le LMGT3 à 16 minutes de la fin: «La progression de la McLaren se
poursuit, nous avons encore de petites choses à régler, mais nous ne
sommes pas loin des meilleurs.»
• Rahel Frey (20e, 5e LMGT3): Longtemps en tête de la
catégorie, la Lamborghini rose a dû passer par la case ravitaillement
d’urgence dans les dernières minutes.
• Thomas Flohr (21e, 6e LMGT3): Course régulière, mais les Porsche, les Lamborghini et la McLaren étaient plus rapides. JCS
Photos: WEC, Porsche
Résultats
6 Heures de Spa-Francorchamps, 3e manche (sur 8) du Championnat du Monde d’Endurance: 1. (1ers Hypercars) W. Stevens/C. Ilott (GB), Jota-Porsche 963, 141 tours en 5h57’31’’542. 2. K. Estre/A. Lotterer/L. Vanthoor (F/D/B), Penkse-Porsche 963, +12’’363. 3. A. Fuoco/M. Molina/N. Nieslen (I/E/DK), Ferrari 499P, +1’14’’020. 4. A. Pier Guidi/J. Calado/A. Giovinazzi (I/GB/I), Ferrari 499P, +1’17’’710. 5. Neel Jani/J. Andlauer (CH/F), Proton-Porsche 963, +1’26’’326. 6. Sébastien Buemi/B. Hartley/R. Hirakawa (CH/NZ/J), Toyota GR010 Hybrid, +1’34’’955. 10. M. Jensen/Nico Müller (DK/CH), ,Peugeot 9X8, +1 tour. 11. D. Vanthoor/Raffaele Marciello/M. Wittmann (B/CH/D), BMW M Hybrid V8, +1 tr. 19. (4es LMGT3) J. Cottingham/N. Costa/Grégoire Saucy (GB/BR/CH), McLaren 720S, +11 tr. 20. S. Bovy/Rahel Frey/M. Gatting (B/CH/DK), Lamborghini Huracán, +11 tr. 21. Thomas Flohr/F. Castellacci/D. Rigon (CH/I/I), Ferrari 296, +11 tr. – 37 voitures au départ, 29 classées.