Romain Grosjean – Programme bien rempli

Depuis l’automne dernier, Romain Grosjean enchaîne les ennuis. En octobre, l’écurie Andretti l’avait mis à la porte après deux ans d’engagement en championnat Indycar. Selon les contrats signés, la collaboration aurait dû se poursuivre au-delà de cette période mais, à la surprise générale, Andretti a fait marche arrière. Grosjean a porté plainte contre l’écurie américaine à la suite de cette décision. Et lors des essais pour les 24 Heures de Daytona, en janvier, sa Lamborghini Huracán GT3 Evo 2 a pris feu dans les stands. Ensuite, le quatuor de pilotes composé de Romain Grosjean, Matteo Cairoli, Matteo Cressoni et Claudio Schiavoni ont été transférés, sur ordre de la direction de course, du classement GT le plus faible à la catégorie la plus forte, deux des quatre pilotes étant classés «pros».

Quant à l’objectif de terminer sur le podium, il n’a pas été atteint, car la boîte de vitesses de la Lamborghini a lâché au 293e tour. Ce n’est pas tout. Lors de l’ouverture du championnat Indycar le week-end dernier à St-Petersburg, le Genevois a été contraint de s’arrêter au stand au bout du 86e tour (sur 100), et ce en raison d’un problème technique. Il avait auparavant reçu une pénalité (passage par la voie des stands) pour avoir percuté Linus Lundqvist. Bref, il semble que le pilote genevois soit face à une série noire. Reste que Grosjean, qui aura 38 ans en avril, a déjà maîtrisé situation plus périlleuse, lui qui était parvenu à sortir quasi indemne d’une Haas-Ferrari en feu lors du GP de Bahreïn – c’était en novembre 2020.

Nouvelle équipe Indycar

«Je suis très confiant quant à la suite de la saison», estime Romain Grosjean en évoquant le championnat Indycar. Depuis son départ d’Andretti, il a rejoint l’écurie Juncos-Hollinger-Chevrolet. Ce team argentino-américain est relativement jeune, puisqu’il n’est engagé dans la discipline que depuis 2022. En 2021, la Suissesse Simona de Silvestro avait notamment disputé les 500 miles d’Indianapolis avec ce châssis Juncos, dans l’équipe de Beth Paretta. Grosjean se sent bien dans l’atmosphère familiale de son nouveau team. Et le manager Ricardo Juncos est également heureux de son choix pour cette année, comme il l’a confirmé le week-end dernier à St-Petersburg: «La course a certes été décevante pour Romain et pour nous, mais les aspects positifs l’emportent. Romain est un véritable atout pour notre équipe et sa grande expérience ne peut que nous aider à progresser.»

Si l’on fait abstraction de l’abandon lors de cette ouverture de la saison Indycar, il y a beaucoup de points positifs sur lesquels on peut s’appuyer, selon Grosjean: «Nous n’avons pu faire qu’un programme minimal et limité lors des essais de présaison, à Sebring. Nous avons certes progressé, mais nous n’avons de loin pas pu tester tout ce que nous avions prévu sur la voiture. C’est donc avec des sentiments mitigés que je me suis rendu en Floride, mais j’ai été agréablement surpris par le bon déroulement des choses. Je ne m’attendais pas à cela, même si ce circuit m’a toujours bien convenu.» Grosjean a d’ailleurs obtenu la cinquième position sur la grille de départ; les conditions semblaient donc réunies pour une bonne performance en course. Et effectivement, le pilote Chevrolet s’est longtemps maintenu dans le top 10... avant d’être contraint à l’abandon.

Nouvelle voiture

L’écurie peut désormais souffler jusqu’à la deuxième course de la saison, qui se déroulera fin avril à Long Beach, en Californie. Mais pas Grosjean! Ce week-end, il fera ses débuts aux 12 Heures de Sebring au volant du nouveau prototype Lamborghini SC63, après avoir piloté l’Huracán GT3 à Daytona: «Les essais se sont déroulés de manière satisfaisante. Il n’y a pas eu de problèmes majeurs. Sebring va nous servir de point de repère important: où nous situons-nous par rapport à la concurrence?» Avantage pour Romain Grosjean et la marque italienne: la Lamborghini SC63 LMDh a été construite par Ligier. Or, la manu­facture française n’a pas à craindre d’un trop grand nombre de clients comme ses concurrents italien Dallara ou français, Oreca,par exemple. L’écurie Lamborghini devrait ainsi bénéficier d’une assistance technique plus soignée que ses concurrents, ce qui ne peut être que positif au ­début d’un projet.

Les problèmes rencontrés par Romain Grosjean ont été importants ces derniers mois. Mais le Genevois doit à tout prix les surmonter et passer à autre chose. Il semble en bonne voie. Surtout, il sera encore une fois très occupé en 2024: «Cette année, je n’aurai pas une minute pour moi. En plus de mon engagement en Indycar et avec Lamborghini en IMSA et aux 24 Heures du Mans, je suis également consultant sur Canal+, pour les courses de Formule 1.» Pas de quoi s’ennuyer pour ce natif genevois qui court sous licence française depuis ses débuts en monoplace.