IMSA Le Zougois Philip Ellis a remporté la catégorie GTD à Daytona, comme il l’avait déjà fait trois ans auparavant. Reste qu’on ne peut pas comparer 2021 et 2024. Désormais, avec son équipe, il se sent suffisamment mûr pour le titre.
Philip Ellis: Vainqueur de la catégorie GTD aux 24 Heures de Daytona 2024.
Bien sûr, une deuxième victoire aux 24 Heures de Daytona reste
une expérience exceptionnelle: Philip Ellis, Zougois de 31 ans, le sait. Mais
il sait aussi que son succès lors de la course d’ouverture du championnat
américain a également montré que son écurie – le team Winward – était désormais
prête à se battre pour le titre. Ellis a fait ses débuts en championnat US en
2021, remportant tout de suite la victoire à Daytona. «Nous rêvions
naturellement d’une place sur le podium, mais nous ne nous y attendions pas
tout de suite, tout simplement parce que nous n’étions encore que des novices.
Et voilà qu’on l’emportait!»
L’année suivante, en 2022, le team Winward est euphorique en
arrivant à Daytona, fort de son statut de tenant du titre: «Nous n’avons pas
gagné, nous nous sommes plantés», se rappelle Ellis. Qui poursuit: «Et lors des
courses suivantes, on a pris trop de risques sur la piste, mais aussi lors des
arrêts au stand. Des détails, peut-être, mais des erreurs bien inutiles se sont
produites et nous en étions tous responsables.»
Trop de choses à la fois
Ce n’est qu’à la fin de la saison 2022 que l’équipe se reprend,
remportant deux des trois dernières courses, à Elkhart Lake et Alton. «Nous
avons malheureusement abordé la saison 2023 avec trop de confiance. Plus
expérimentés, plus mûrs, nous ne visions plus seulement des victoires, mais le
titre. Nous avons livré la marchandise, les performances étaient bonnes, mais
nous voulions à nouveau trop de choses en même temps. Et comme cela ne
fonctionnait pas comme nous l’avions prévu, nous nous sommes mis de plus en
plus de pression.»
Après Daytona, le titre comme objectif: Le quatuor Mercedes-AMG composé du Zougois Philip Ellis, Russell Ward, Daniel Morad et Indy Dontje (de gauche à droite).
Ellis cite un exemple: «Lors d’une course, je devais doubler
une voiture qui avait plusieurs tours de retard. Nous étions déjà assurés d’un
bon résultat, mais je suis devenu trop fébrile; la voiture devant moi a connu
un problème de moteur, je l’ai percutée à l’arrière.» Une erreur du pilote.
Cela a été un coup dur, non seulement pour lui, mais aussi pour toute l’écurie:
«Nous avons commis des erreurs que nous n’aurions jamais faites dans des
circonstances normales.» Ellis et son coéquipier américain de longue date,
Russell Ward, n’ont remporté que la course d’Indianapolis, ce qui était clairement
insuffisant pour rêver du titre. Au classement des pilotes de la catégorie GTD,
Ellis n’a été classé que douzième, alors qu’il était encore cinquième l’année
précédente.
«Nous n’avons pas cédé à la panique»
Point positif, après cette saison compliquée: Winward a maintenu
son équipe. «Je roule avec Russell depuis 2021 et j’ai Indy Donjte à mes côtés
pour la troisième année d’affilée», explique Ellis. Du côté des mécaniciens et
des ingénieurs, beaucoup de choses sont aussi restées comme avant: «Nous
n’avons pas cédé à la panique. Et cela porte ses fruits aujourd’hui!»
Avec
Ward, Dontje et Daniel Morad, Philip Ellis a remporté pour la deuxième fois les
24 Heures de Daytona il y a deux semaines: «La troupe a grandi ensemble au fil
des années. Désormais, nous ne paniquons plus lorsqu’une erreur est commise.
Dès que l’un d’entre nous est dans ses pensées, il y a toujours quelqu’un pour
l’inviter à se reconcentrer», dit Ellis en souriant. «En fin de compte, il est
bon que tu sois euphorique, que tu fasses preuve de passion. Mais se précipiter
ne sert pas à grand-chose, il faut avant tout être patient et tout simplement
apprendre, apprendre, apprendre encore.»
Succès surprise: Philip Ellis a déjà remporté les 24 heures de Daytona en 2021, également au volant d'une Mercedes-AMG GT3.
La course au titre IMSA est donc ouverte pour Ellis et son
écurie Winward: «La victoire à Daytona est très importante. Mais comme le
système de points est particulier dans ce championnat, la constance l’est
encore plus. Désormais, nous pouvons nous permettre de terminer cinquième dans
une course et ne pas être obligés de gagner deux ou trois positions à tout prix.»
En 2021, l’Amérique n’était encore qu’un détour pour Philip Ellis, lui qui
avait remporté la troisième course du Lausitzring, alors qu’il débutait en DTM.
Désormais, le Zougois a pris pied aux Etats-Unis, même s’il revient toujours en
Suisse entre les courses. Il a fait son bout de chemin, ce garçon qui a attrapé
le virus de la course à l’âge de cinq ans et qui n’a pris sérieusement son
envol qu’en 2016, après avoir économisé l’argent nécessaire pour courir une
saison dans la coupe Audi-TT allemande.
Une toute nouvelle GT3 arrive
Aujourd’hui, «c’est le championnat IMSA
qui m’intéresse», dit-il. Certes, mais après? «Je suis pilote d’usine chez
Mercedes-AMG. Alors pourquoi devrais-je me prendre la tête et me disperser?» La
Mercedes-AMG GT3 a fait ses débuts en course en 2015. Elle est relativement
ancienne, d’autant plus depuis que la catégorie GT3 a pris de l’importance avec
son introduction dans le Championnat du Monde d’Endurance. Néanmoins, pour
Ellis, «notre GT3 fonctionne, elle est encore capable de gagner». Le programme
sportif de Mercedes-AMG est dominé par la Formule 1, puis vient ensuite le
soutien aux clients de la marque. Une toute nouvelle GT3 arrive, a ainsi assuré
l’année dernière le PDG d’AMG, Michael Schiebe. Les bonnes choses prennent du
temps. Ellis le sait.
L’année dernière: Le Zougois a gagné la course IMSA d’Indianapolis, avec Russell Ward (à gauche).