Interview Le pilote genevois Louis Delétraz a découvert le championnat américain l’an dernier. Un programme complet l’attend en 2024. Il nous parle de son présent, mais aussi de son futur.
Oasis de bien-être: Louis Delétraz dans l'Acura ARX-06.
Chaque année, son palmarès se garnit de nombreuses nouvelles et belles lignes: en 2023, on a vu Louis Delétraz briller aussi bien en WEC (le titre en LMP2), en ELMS, en IMSA qu’en Asian Le Mans Series, pendant l’hiver. Interview à quelques jours de la deuxième manche du championnat américain, les 12 Heures de Sebring.
REVUE AUTOMOBILE: Louis, à quoi ressemble la vie d’un pilote IMSA?
Louis Delétraz: Elle est belle, je suis super heureux d’être ici. L’ouverture de la saison, à Daytona, s’est terminée par un podium inespéré pour notre Acura. Nous avions un sacré défi à relever (ndlr: la BoP existe aussi outre-Atlantique!) et nous avons réussi. Le travail de toute l’équipe a été au top, nous n’avons pas commis la moindre erreur, ce qui nous a finalement permis de battre des adversaires qui étaient plus forts que nous lors de cette course d’ouverture
Les choses, le niveau de performance autorisé, vont-elles changer pour les 12 Heures de Sebring de ce week-end?
La clef, pour gagner le championnat, c’est la constance. Nous avons une très bonne voiture, une formidable équipe, tout ce qui concerne la règlementation ne me concerne pas. Je reste le plus possible en-dehors des discussions, car tel est mon devoir de pilote.
La course en Amérique: aux 24 heures de Daytona, Louis Delétraz a pris la troisième place au volant d'une Acura ARX-06.
Le plaisir? Il est total, je me sens en pleine forme, le sport automobile est devenu ma profession et aux Etats-Unis, il y a énormément de fun.
Comment cela? L’Amérique, c’est très spécial. La culture de la course est tellement différente. Beaucoup d’éléments interviennent pour favoriser le show: plus de drapeaux jaunes, d’interventions de la voiture de sécurité. Mêmesi on perd un tour, la victoire est toujours possible. D’ailleurs, à Daytona et au gré des derniers ravitaillements, on s’est momentanément retrouvé en tête à quelques tours de la fin de la course.
Le Championnat du Monde d’Endurance (WEC) a recommencé au Qatar. Sans Louis Delétraz ... Il y a bien sûr un peu de tristesse de ne pas y être, mais une fois encore, je ne regrette pas du tout mon choix de l’IMSA. Même si j’espère pouvoir, l’an prochain, prendre part aux deux championnats.
Cela veut dire qu’Acura pourrait devenir le dixième constructeur engagé en WEC? Andretti, notre partenaire, en a envie, mais ce n’est pas à moi de parler pour nos décideurs.
Reste que le pilote que vous êtes n’a pas peur d’un double programme… Absolument pas: je le dis toujours: plus je roule, mieux je me sens, j’ai l’impression de chaque fois m’améliorer. Cette année, en plus de l’IMSA, j’ai un programme ELMS en LMP2, avec une excellente équipe, AO by TF. J’y retrouverai Robert Kubica (pilote Ferrari en WEC) avec qui je roule en LMP2 depuis quatre ans. Le troisième pilote sera le Britannique Jonny Edgar, 20 ans depuis un mois. Nous devrions être très compétitifs.
La course en Amérique: à Daytona, l'équipe de Louis Delétraz (2e à partir de la gauche) comprenait notamment le champion du monde de Formule 1 Jenson Button (à droite).
Il n’y a plus de LMP2 en Championnat du Monde, mais il y aura finalement seize voitures de cette catégorie aux 24 Heures du Mans. Avec vous? Oui, je suis engagé, toujours avec AO by TF en pro-am, aux côtés notamment d’un entrepreneur américain de 41 ans, Phillip Jeffrey «PJ» Hyett. Je suis extrêmement content d’avoir pu signer ce deal.
Louis, vraiment aucun regret de ne pas avoir été jusqu’au Graal en monoplace, la Formule 1? Aucun. Mais attention, si on m’appelle demain matin parce qu’un volant est libre, je serais super heureux! Trêve de plaisanterie, mon futur est ici, en endurance.
Parce qu’il y a toujours plus de marques officiellement engagées? Bien sûr et cela a des conséquences sur la qualité des pilotes. Sur les dix GTP (la catégorie qui regroupe les LMDh et LMH) engagées en IMSA, soit 30 pilotes, il n’y en a aucun à ne pas avoir gagné au moins une fois en monoplace, c’est dire le niveau général.
Une ère en or de l’endurance? Et comment! Et il faut en profiter à fond.
Le but de votre saison? Comme je l’ai dit auparavant, la clef pour remporter un championnat, c’est la régularité. Mais nous voulons aussi gagner des courses. Personnellement, je me réjouis de découvrir deux circuits urbains, Long Beach (20 avril) et Détroit (1er juin). J’ai un très bon souvenir de la dernière fois que j’ai roulé en ville, c’était dans les rues de Monaco en 2019 et j’étais monté sur la deuxième marche du podium de la course sprint en Formule 2.
La course en Amérique: les fans sont nombreux, Delétraz et ses collègues pilotes suscitent l'intérê.