Jean-Claude Schertenleib | 15.02.2024
Langstreckenrennsport Die Freiburgerin Karen Gaillard ist neu
Pilotin der Iron Dames im Le-Mans-Cup. Gaillard
hat es in kurzer Zeit zu sehr viel gebracht.
Entre le parcours professionnel idéal et la carrière
réelle, il existe souvent un gouffre. Et c’est très bien ainsi; si
toutes les histoires, tous les chemins de vie, étaient les mêmes, on
finirait par s’ennuyer. Que dit depuis des années la théorie, en matière
d’accès au sport automobile? Il convient de découvrir, dès son plus
jeune âge, le karting avant de grimper les différents échelons de cette
discipline, jusqu’à atteindre un niveau international. Parvenu à ce
stade, il faut alors faire ses premières armes en monoplace et, le plus
rapidement possible, entrer dans le grand cirque: Formule 4, 3, 2 et,
avec un très grand talent et des moyens illimités, accéder au Graal: la
F1!
Tard dans le sport automobile
La Fribourgeoise Karen Gaillard, qui n’est pas encore
âgée de 23 ans, n’a rien vécu de tout cela; ce n’est pas à 6 ou 7 ans
qu’elle découvre le karting, mais bien à 15. Et c’est «pour le fun»
qu’elle roule. Il faudra attendre deux ans de plus pour la voir
participer à un championnat complet. Ses premiers pas en automobile
remontent à 2019, lorsqu’elle remporte l’«AutoScout24 & Cupra Young
Driver Challenge». À l’époque, plus de 1500 candidats s’étaient inscrits
pour cette opération de recrutement, la première depuis très longtemps
en Suisse.
Il se dit alors que cette jeune femme cache un sacré
talent, parce qu’il est très inhabituel de débuter une carrière aussi
tardivement. Et pourtant, ça marche, malgré les impondérables, malgré la
pandémie de Covid-19, qui a des effets très importants sur les
différentes compétitions. En 2021, Karen Gaillard rejoint la «Filière
Endurance», au Mans, et découvre les courses de longue haleine (24
Heures de Dubaï et Barcelone). L’année suivante, elle laisse –
momentanément, on le sait désormais – l’endurance de côté pour se lancer
dans un championnat français très relevé, la Mitjet 2L (18e sur 58
pilotes, malgré un week-end – donc quatre courses – perdu pour cause de
blessure). À son retour, à Barcelone, elle termine sixième, devant un
certain Olivier Panis. Quand on vous disait qu’il y avait quelque chose
de spécial chez cette jeune femme-là.
L’an dernier, nouvelle expérience, à un nouvel échelon:
l’Ultimate Cup Series. La voici dans un proto Nova NP02, aux côtés d’un
autre Fribourgeois, Grégory de Sybourg, petit-fils de feu la légende du
sport automobile suisse, Jo Siffert. Les vitesses augmentent, Karen
Gaillard découvre les secrets de l’aérodynamisme et comme toujours, elle
fait parfaitement le job: au terme de la saison, le duo fribourgeois
termine deuxième du Challenge Proto Endurance, derrière la voiture du
team suisse Racing Spirit of Léman, pilotée notamment par le Genevois
Nicolas Maulini.
Le cadeau de Noël
Puis, c’est le cadeau de Noël: un test qui se passe
très bien, quelque part en Espagne, avec la voiture des Iron Dames. Une
opportunité dont les prémices sont à rechercher dans le paddock des 24
Heures du Mans, en juin dernier et qui porte les signatures d’un ancien
collaborateur de la RA, Gérard Vallat, mais aussi de Jean-Denis
Delétraz, le papa de Louis: «Gérard s’occupe de moi depuis plusieurs
années. Lors des 24 Heures du Mans, Jean-Denis m’a présenté à Andrea
Piccini, le patron d’Iron Lynx, qui gère également le programme Iron
Dames – et nous sommes restés en contact. Dans ce milieu, il faut être
au bon moment, au bon endroit», sourit Karen Gaillard.
En 2024, la Fribourgeoise pilotera ainsi la Lamborghini
Huracán GT3 rose dans la Michelin Le Mans Cup (ouverture de la saison
le 13 avril à Barcelone, où se dérouleront également les tests
officiels): «Ce sont des courses de 1h50, sauf au Mans, où il y a deux
manches (une le jeudi, la seconde le samedi matin) de 55 minutes. J’ai
vraiment hâte d’y être», poursuit Karen Gaillard. Plutôt bien dans sa
tête: «Mon objectif? Être un jour pilote professionnelle aux 24 Heures.
Mon rêve? Gagner!»
Partenaire passionné
Pour en arriver là, Karen Gaillard a su s’entourer des
bonnes personnes. Ainsi, sa collaboration avec le groupe automobile
Dimab va se poursuivre: «Une équipe de passionnés, dont le but était de
me voir arriver un jour aux 24 Heures du Mans. Avec eux, en Ultimate
l’an dernier, j’ai beaucoup appris. Pourquoi les protos? Parce que je
n’ai jamais véritablement imaginé une carrière en monoplace, c’était
tout simplement impayable. En revanche, en GT et en proto, il y a moyen
de se fixer des objectifs réalistes avec des chances de réussite.»
La voici désormais à un tournant de sa carrière: la Suisse a une Iron Dames de plus!
Photos: Iron Dames, Karen Gaillard