Il y a des détails qui ne trompent pas. D’abord, quelque chose dans le regard. Puis, la croix suisse sur un casque qu’il n’a volontairement pas voulu de couleur rouge: Grégory de Sybourg est le petit-fils d’une légende du sport automobile, Jo «Seppi» Siffert. «Jusqu’à cette année, ce glorieux lien de parenté n’a pas impacté ma carrière. L’idée première était de construire quelque chose sous mon propre nom, avant de faire savoir que j’étais le petit-fils de… Et c’est ce qu’on a fait. Désormais, parce que ces deux dernières saisons ont été positives et que je me lance dans une nouvelle compétition allemande, l’ADAC GT Masters, nous avons souhaité rappeler ce lien. Parce que si grand-papa était très populaire sur l’ensemble du territoire helvétique, bien sûr, il l’était aussi en Allemagne… notamment chez BMW pour qui il a couru en F2», explique Grégory.
Un mythe vivant
Le Fribourgeois, 20 ans depuis janvier dernier, impressionne par son calme, par sa maturité dans l’analyse: «Comme je ne porte pas le nom de famille de grand-papa, cette succession a peut-être été plus facile à digérer. Quand grand-papa s’est tué, maman avait deux ans. Même si, à la maison, on ne parlait pas toujours de cela, je me souviens que, dès mon plus jeune âge, j’ai appris à le connaître. Son casque, des tableaux, des photos, des articles de journaux, un important courrier et, tous les 24 octobre (ndlr: date de l’accident, c’était en 1971, à Brands Hatch), ces fans qui viennent se recueillir sur sa tombe, tout cela marque et je crois que ma première véritable prise de conscience de ce qu’il était date de mes 7 ans», poursuit Grégory de Sybourg.
Mais rien ne dit alors que le petit-fils va devenir pilote: «À cet âge, on s’intéresse bien sûr aux passions de ses parents: cela peut être le football, le hockey sur glace. Pour papa, c’était l’aviation. Alors moi, je regardais toujours le ciel et je me rappelle qu’un jour maman a dit: ‹Non, quand on a du sang de Siffert, on regarde le bitume!›» Véronique, la maman de Grégory a d’ailleurs participé à huit reprises au Rallye des Gazelles, une épreuve féminine qui se déroule dans le sable marocain: «La passion a toujours été présente dans la famille. Piloter une voiture de course, c’était aussi un rêve de gosse de papa, mais il n’avait pas suffisamment d’argent pour passer le cap.»
Du proto au GT
Après le karting, Grégory de Sybourg passe par la Finyo Sprint Cup, une barquette de type sport-proto propulsée par le moteur de la Peugeot 308 GTI, un 1,6-litres qui développe quelque 270 ch, dans une voiture qui ne pèse que 670 kg. L’exercice est réussi, puisque sur 24 courses, Grégory de Sybourg monte à six reprises sur le podium, dont une fois sur la plus haute marche. L’an dernier, en Ultimate Cup, il brille avec son équipière fribourgeoise Karen Gaillard, avec quatre nouveaux podiums et un titre de vice-champion de la catégorie. Tout cela grâce notamment au soutien du groupe Dimab, un très important concessionnaire BMW de Suisse romande.