Formule 1 – Verstappen lâche du lest

Elmar Brümmer | 24.05.2024

Grand Prix d'Emilie-Romaagne Max Verstappen a dû se battre pour l’emporter à Imola. Le Champion du Monde en titre ne peut plus se reposer sur ses lauriers.

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Max Verstappen: Le champion du monde (en v.) et les pilotes McLaren Oscar Piastri (à g.) et Lando Norris.

Plus d’un an et demi après l’introduction des voitures à effet de sol, le règlement tient enfin sa principale promesse: les bolides de tête se rapprochent de plus en plus les uns des autres. Ce que l’on a déjà pressenti à Miami (USA) avec la victoire de Lando Norris au volant d’une McLaren repensée s’est concrétisé à Imola (I): seule une performance exceptionnelle a permis à Max Verstappen de remporter sa cinquième victoire de la saison. Un ou deux tours de plus et Norris battait la Red Bull. Ferrari, avec sa déesse rouge revisitée, n’est plus qu’imperceptiblement derrière; de quoi donner au patron de la Scuderia, Frédéric Vasseur, une telle énergie positive qu’il pense que ce n’est désormais plus qu’une question de temps avant que la Scuderia ne fasse le dernier grand pas. Comme l’exprime Andrea Stella, team manager de McLaren: «C’est formidable pour toute la Formule 1 que plus d’une équipe puisse à nouveau gagner.»

De son côté, Christian Horner, le patron de Red Bull, grogne un peu, rappelant que les meilleurs bolides suivent plus ou moins les mêmes principes et se ressemblent. Autrement dit, ils ont copié les leaders du secteur: Red Bull! Mais c’est l’éternel principe du sport automobile: une bonne idée ne se soucie pas de savoir où elle est née. Ce qui est encore plus positif que cette lutte à trois qui se dessine en tête, c’est la bousculade constatée en milieu de peloton. En effet, les Racing Bulls, emmenés par Yuki Tsunoda, et l’ancienne lanterne rouge Haas-Ferrari, dirigée par Nico Hülkenberg, s’immiscent soudainement dans le jeu, bouleversant (enfin!) une hiérarchie trop longtemps restée figée.

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Dans le sillage: Max Verstappen dans la Red Bull doit se défendre de plus en plus violemment contre les McLaren.

Plus que jamais, la concentration et la perfection sont essentielles, comme l’a encore montré Max Verstappen. Sans son talent exceptionnel, McLaren aurait été en tête dès les qualifications de ce GP d’Émilie-Romagne. La Red Bull, construite à la limite par Adrian Newey, est sensible aux conditions météorologiques et au comportement des pneumatiques; il semble désormais difficile, même pour une équipe aussi expérimentée et habituée au succès, de toujours trouver le bon équilibre. Une «faiblesse» inconnue jusque-là que la concurrence ne fait que guetter: «Il n’y a pas de circuit où nous ne pouvons pas gagner», tonne ainsi l’Australien Oscar Piastri, qui a contribué, en terminant quatrième, à ce que McLaren ramène de l’Emilie-Romagne plus de points que toutes les autres équipes.

Les spectateurs ont apprécié le duel qui s’est tenu dans les dix derniers tours, au cours desquels Verstappen, qui n’avait presque plus d’adhérence et dont la charge de la batterie était défectueuse, a réussi à tenir en respect Norris, qui arrivait en trombe. Un final très «karting» d’une génération de pilotes qui a réussi à maîtriser d’emblée ces voitures à effet de sol complexes. Norris, l’ancien impétueux, a perfectionné l’utilisation des pneus en s’inspirant beaucoup de Verstappen, qui avait remporté son troisième titre l’année passée grâce à son style de conduite fluide et respectueux de ses gommes.

Concurrence stimulante

Faire preuve d’agressivité au bon moment est une autre compétence que doivent maîtriser ceux qui veulent détrôner Verstappen. Le pilote Ferrari Charles Leclerc pourra montrer dès ce week-end à Monaco s’il a les nerfs assez solides pour cela.

Ensuite, il y aura Montréal (CDN), un autre GP qui obéit à ses propres lois. Ce n’est que plus tard, au début de l’été, lorsqu’il s’agira à nouveau de courir sur des circuits avec beaucoup d’espace, que l’on verra si les pronostics pleins d’espoir de ce mois de mai peuvent se confirmer. Verstappen, qui semble être le plus stable au sein d’une équipe Red Bull en pleine effervescence, trouve cette concurrence plus forte stimulante. Et il n’a pas peur: «Je n’ai jamais été motivé par mes adversaires.» C’est juste l’exigence de la perfection qui le motive. Et c’est ainsi qu’il se rend ce week-end à Monte-Carlo, sa ville d’adoption: «Trouver un bon rythme dès le premier entraînement.» Cela vaut désormais pour lui partout.

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Le milieu du peloton se rapproche également: Nico Hülkenberg sur la Haas-Ferrari...

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...et Yuki Tsunoda dans la Racing Bull-Honda bousculent enfin la hiérarchie.

Mais une attaque prometteuse ne peut prendre forme que si l’équipe championne a des faiblesses. La concurrence doit alors être présente. McLaren travaille dans ce sens dans tous les domaines. L’écurie Ferrari s’est aussi complètement transformée en l’espace d’un an, mais la Scuderia a probablement besoin d’un moteur plus puissant pour se hisser au sommet, avec de meilleurs temps de qualification et, corollaire, des positions de départ plus intéressantes. Reste que la politique des petits pas semble fonctionner, des fractions de seconde sont constamment gagnées sur les temps au tour référence de Red Bull. Mercedes et Aston Martin, qui ont commencé la saison avec l’ambition de se battre pour les premières places, n’avancent également qu’à petits pas: lors des sept premières courses du Championnat du Monde, toutes les places sur le podium se sont réparties entre les trois écuries Red Bull (10), Ferrari (7) et McLaren (4).

Photos: Red Bull. Haas

Résultats

Grand Prix d’Emilie Romagne, à Imola (I), 7e manche (sur 24) du Championnat du Monde de Formule 1: 1. Max Verstappen (NL), Red Bull-Honda, 63 tours de 4,933 km (=309,049 km) en 1h25’25’’252 (=217,077 km/h). 2. Lando Norris (GB), McLaren-Mercedes, +0’’725. 3. Charles Leclerc (MC), Ferrari, +7’’916. 4. Oscar Piastri (AUS), McLaren-Mercedes, +14’’132. 5. Carlos Sainz (E), Ferrari, +22’’325. 6. Lewis Hamilton (GB), Mercedes, +35’’104. 7. George Russell (GB), Mercedes, +47’’154. 8. Sergio Pérez (MEX), Red Bull-Honda, +54’’776. 9. Lance Stroll (CDN), Aston Martin-Mercedes, +1’19’’556. 10. Yuki Tsunoda (J), Racing Bulls-Honda, +1 tour. 11. Nico Hülkenberg (D), Haas-Ferrari, +1 tr. 12. Kevin Magnussen (DK), Haas-Ferrari, +1 tr. 13. Daniel Ricciardo (AUS), Racing Bulls-Honda, +1 tr. 14. Esteban Ocon (F), Alpine-Renault, +1 tr. 15. Guanyu Zhou (CHN), Sauber-Ferrari, +1 tr. 16. Pierre Gasly (F), Alpine-Renault, +1 tr. 17. Logan Sargeant (USA), Williams-Mercedes, +1 tr. 18. Valtteri Bottas (FIN), Sauber-Ferrari, +1 tr. 19. Fernando Alonso (E), Aston Martin-Mercedes, +1 tr. – Abandon: Alexander Albon (T), Williams-Mercedes (51e tour, problèmes techniques). – 20 pilotes au départ, 19 classés. – Tour le plus rapide (+1 point): Russell, 54e, 1’18’’589 (=224,871 km/h). – Pole position: Verstappen en 1’14’’746 (=236,432 km/h).

Classement général. – Pilotes: 1. Verstappen, 161 points (5 victoires). 2. Leclerc 113. 3. Pérez 107. 4. Norris 101 (1). 5. Sainz 93 (1). 6. Piastri 53. 7. Russell 44. 8. Hamilton 35. 9. Alonso 33. 10. Tsunoda 15. 11. Stroll 11. 12. Oliver Bearman (GB), Ferrari, 6. 13. Hülkenberg 6. 14. Ricciardo 5. 15. Ocon 1. 16. Magnussen 1. – Constructeurs: 1. Red Bull-Honda 268 (5). 2. Ferrari 212 (1). 3. McLaren-Mercedes 154 (1). 4. Mercedes 79. 5. Aston Martin-Mercedes 44. 6. Racing Bulls-Honda 20. 7. Haas-Ferrari 7. 8. Alpine-Renault 1.

Prochaine manche: Grand Prix de Monaco, Monte-Carlo, 26 mai 2024, 15h00.

Les statistiques de Sauber

Valtteri Bottas (photo) GP: 18e (12e d’affilée sans marquer de points). – Meilleure place en course: 12e (38e/39e tours). – Particularités: pilote le plus lent dans le secteur 1 (sur 3), ainsi qu’à la mesure de la vitesse maximale dans le secteur intermédiaire 2.

Guanyu Zhou GP: 15e (12e d’affilée sans marquer de points. – Meilleure place en course: 11e (26e/32e tours). – Qualifica­tion: 17e (deuxième meilleur résultat personnel de la saison 2024 pour le pilote chinois).

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