Grand Prix d'Emilie-Romaagne Max Verstappen a dû se battre pour l’emporter à Imola. Le Champion du Monde en titre ne peut plus se reposer sur ses lauriers.
Max Verstappen: Le champion du monde (en v.) et les pilotes McLaren Oscar Piastri (à g.) et Lando Norris.
Plus d’un an et demi après l’introduction des voitures à
effet de sol, le règlement tient enfin sa principale promesse: les
bolides de tête se rapprochent de plus en plus les uns des autres. Ce
que l’on a déjà pressenti à Miami (USA) avec la victoire de Lando Norris
au volant d’une McLaren repensée s’est concrétisé à Imola (I): seule
une performance exceptionnelle a permis à Max Verstappen de remporter sa
cinquième victoire de la saison. Un ou deux tours de plus et Norris
battait la Red Bull. Ferrari, avec sa déesse rouge revisitée, n’est plus
qu’imperceptiblement derrière; de quoi donner au patron de la Scuderia,
Frédéric Vasseur, une telle énergie positive qu’il pense que ce n’est
désormais plus qu’une question de temps avant que la Scuderia ne fasse
le dernier grand pas. Comme l’exprime Andrea Stella, team manager de
McLaren: «C’est formidable pour toute la Formule 1 que plus d’une équipe
puisse à nouveau gagner.»
De son côté, Christian Horner, le patron de Red Bull,
grogne un peu, rappelant que les meilleurs bolides suivent plus ou moins
les mêmes principes et se ressemblent. Autrement dit, ils ont copié les
leaders du secteur: Red Bull! Mais c’est l’éternel principe du sport
automobile: une bonne idée ne se soucie pas de savoir où elle est née.
Ce qui est encore plus positif que cette lutte à trois qui se dessine en
tête, c’est la bousculade constatée en milieu de peloton. En effet, les
Racing Bulls, emmenés par Yuki Tsunoda, et l’ancienne lanterne rouge
Haas-Ferrari, dirigée par Nico Hülkenberg, s’immiscent soudainement dans
le jeu, bouleversant (enfin!) une hiérarchie trop longtemps restée
figée.
Dans le sillage: Max Verstappen dans la Red Bull doit se défendre de plus en plus violemment contre les McLaren.
Plus que jamais, la concentration et la perfection sont
essentielles, comme l’a encore montré Max Verstappen. Sans son talent
exceptionnel, McLaren aurait été en tête dès les qualifications de ce GP
d’Émilie-Romagne. La Red Bull, construite à la limite par Adrian Newey,
est sensible aux conditions météorologiques et au comportement des
pneumatiques; il semble désormais difficile, même pour une équipe aussi
expérimentée et habituée au succès, de toujours trouver le bon
équilibre. Une «faiblesse» inconnue jusque-là que la concurrence ne fait
que guetter: «Il n’y a pas de circuit où nous ne pouvons pas gagner»,
tonne ainsi l’Australien Oscar Piastri, qui a contribué, en terminant
quatrième, à ce que McLaren ramène de l’Emilie-Romagne plus de points
que toutes les autres équipes.
Les spectateurs ont apprécié le duel qui s’est tenu
dans les dix derniers tours, au cours desquels Verstappen, qui n’avait
presque plus d’adhérence et dont la charge de la batterie était
défectueuse, a réussi à tenir en respect Norris, qui arrivait en trombe.
Un final très «karting» d’une génération de pilotes qui a réussi à
maîtriser d’emblée ces voitures à effet de sol complexes. Norris,
l’ancien impétueux, a perfectionné l’utilisation des pneus en
s’inspirant beaucoup de Verstappen, qui avait remporté son troisième
titre l’année passée grâce à son style de conduite fluide et respectueux
de ses gommes.
Concurrence stimulante
Faire preuve d’agressivité au bon moment est une autre
compétence que doivent maîtriser ceux qui veulent détrôner Verstappen.
Le pilote Ferrari Charles Leclerc pourra montrer dès ce week-end à
Monaco s’il a les nerfs assez solides pour cela.
Ensuite, il y aura Montréal (CDN), un autre GP qui
obéit à ses propres lois. Ce n’est que plus tard, au début de l’été,
lorsqu’il s’agira à nouveau de courir sur des circuits avec beaucoup
d’espace, que l’on verra si les pronostics pleins d’espoir de ce mois de
mai peuvent se confirmer. Verstappen, qui semble être le plus stable au
sein d’une équipe Red Bull en pleine effervescence, trouve cette
concurrence plus forte stimulante. Et il n’a pas peur: «Je n’ai jamais
été motivé par mes adversaires.» C’est juste l’exigence de la perfection
qui le motive. Et c’est ainsi qu’il se rend ce week-end à Monte-Carlo,
sa ville d’adoption: «Trouver un bon rythme dès le premier
entraînement.» Cela vaut désormais pour lui partout.
Le milieu du peloton se rapproche également: Nico Hülkenberg sur la Haas-Ferrari...
...et Yuki Tsunoda dans la Racing Bull-Honda bousculent enfin la hiérarchie.
Mais une attaque prometteuse ne peut prendre forme que si l’équipe championne a des faiblesses. La concurrence doit alors être présente. McLaren travaille dans ce sens dans tous les domaines. L’écurie Ferrari s’est aussi complètement transformée en l’espace d’un an, mais la Scuderia a probablement besoin d’un moteur plus puissant pour se hisser au sommet, avec de meilleurs temps de qualification et, corollaire, des positions de départ plus intéressantes. Reste que la politique des petits pas semble fonctionner, des fractions de seconde sont constamment gagnées sur les temps au tour référence de Red Bull. Mercedes et Aston Martin, qui ont commencé la saison avec l’ambition de se battre pour les premières places, n’avancent également qu’à petits pas: lors des sept premières courses du Championnat du Monde, toutes les places sur le podium se sont réparties entre les trois écuries Red Bull (10), Ferrari (7) et McLaren (4).
Photos: Red Bull. Haas
Résultats
Grand Prix d’Emilie Romagne, à Imola (I), 7e manche (sur 24) du Championnat du Monde de Formule 1: 1. Max Verstappen (NL), Red Bull-Honda, 63 tours de 4,933 km (=309,049 km) en 1h25’25’’252 (=217,077 km/h). 2. Lando Norris (GB), McLaren-Mercedes, +0’’725. 3. Charles Leclerc (MC), Ferrari, +7’’916. 4. Oscar Piastri (AUS), McLaren-Mercedes, +14’’132. 5. Carlos Sainz (E), Ferrari, +22’’325. 6. Lewis Hamilton (GB), Mercedes, +35’’104. 7. George Russell (GB), Mercedes, +47’’154. 8. Sergio Pérez (MEX), Red Bull-Honda, +54’’776. 9. Lance Stroll (CDN), Aston Martin-Mercedes, +1’19’’556. 10. Yuki Tsunoda (J), Racing Bulls-Honda, +1 tour. 11. Nico Hülkenberg (D), Haas-Ferrari, +1 tr. 12. Kevin Magnussen (DK), Haas-Ferrari, +1 tr. 13. Daniel Ricciardo (AUS), Racing Bulls-Honda, +1 tr. 14. Esteban Ocon (F), Alpine-Renault, +1 tr. 15. Guanyu Zhou (CHN), Sauber-Ferrari, +1 tr. 16. Pierre Gasly (F), Alpine-Renault, +1 tr. 17. Logan Sargeant (USA), Williams-Mercedes, +1 tr. 18. Valtteri Bottas (FIN), Sauber-Ferrari, +1 tr. 19. Fernando Alonso (E), Aston Martin-Mercedes, +1 tr. – Abandon: Alexander Albon (T), Williams-Mercedes (51e tour, problèmes techniques). – 20 pilotes au départ, 19 classés. – Tour le plus rapide (+1 point): Russell, 54e, 1’18’’589 (=224,871 km/h). – Pole position: Verstappen en 1’14’’746 (=236,432 km/h).
Prochaine manche: Grand Prix de Monaco, Monte-Carlo, 26 mai 2024, 15h00.
Les statistiques de Sauber
Valtteri Bottas (photo) GP: 18e (12e d’affilée sans marquer de points). – Meilleure place en course: 12e (38e/39e tours). – Particularités: pilote le plus lent dans le secteur 1 (sur 3), ainsi qu’à la mesure de la vitesse maximale dans le secteur intermédiaire 2.
Guanyu Zhou GP: 15e (12e d’affilée sans marquer de points. – Meilleure place en course: 11e (26e/32e tours). – Qualification: 17e (deuxième meilleur résultat personnel de la saison 2024 pour le pilote chinois).