Grand Prix de Miami Lando Norris et McLaren envoient un signal fort à Red Bull. Au moment où l’équipe autrichienne a un problème à régler avec le départ annoncé d’Adrian Newey.
Vainqueur: Lando Norris est acclamé par l’équipe McLaren.
Il en faut beaucoup pour que la F1 fasse la une d’un
quotidien américain. Mais la première victoire de Lando Norris au volant
d’une McLaren, qui a attendu 109 courses pour obtenir ce triomphe,
intéresse énormément les lecteurs yankees, friands de ce genre
d’histoires. Et ils ne sont pas les seuls. Ce changement au sommet fait
du bien à la catégorie reine au terme du premier quart de la saison. Le
«Sun Sentinel», journal de Floride, a ainsi considéré la surprise de
cette sixième manche du Championnat du Monde comme un «drame», agrémenté
du «choc» devant l’incapacité de Max Verstappen de remporter le GP de
Miami pour la troisième fois.
Le monde de la F1, ainsi que la quasi-totalité du
paddock, ont célébré la victoire du Britannique de 24 ans. Après huit
deuxièmes places, le Britannique a enfin pu briser la malédiction. Mais
cette joie va bien au-delà de la satisfaction personnelle de Norris: la
F1 sait désormais que Red Bull n’est pas aussi invincible que le
laissaient à penser les précédents exploits de Max Verstappen. Petite
réserve: il faut préciser que Red Bull est traditionnellement plus
faible sur les tracés urbains et ceux où les revêtements abrasifs
rongent les pneus, comme le Miami International Autodrome. Et quand le
destin s’en mêle, cette fois sous la forme d’une phase de safety car
durant laquelle Norris a pu effectuer un arrêt au stand décisif, la
magie Red Bull n’opère plus aussi bien.
Sur la McLaren MCL38, on a apporté des
modifications ciblées à onze endroits du châssis. C’est cela qui a permis de décrocher la victoire.
Mais il y a autre chose qui donne de l’espoir: c’est
l’ascension de McLaren, passée du statut d’équipe de milieu de tableau à
la deuxième force de la F1. Le team manager Andrea Stella bénéficie de
solides connaissances en ingénierie; avec une mise à jour précoce, lui
et son équipe ont ciblé onze points du châssis de la voiture actuelle
et, bien que seule une heure d’entraînement ait été attribuée aux
écuries, en raison de la course sprint, la version B alignée s’est tout
de suite révélée être meilleure.
La première d’une longue série
Et soudain, c’est la voiture couleur papaye qui est la
première dauphine de Red Bull, et non plus Ferrari. Il serait certes
hasardeux et précoce de parler de passation de pouvoir, mais les
caractéristiques du bolide révisé correspondent à l’approche toujours
agressive de ses pilotes Lando Norris et Oscar Piastri, qui a également
figuré en tête à un moment donné, avant de signer le meilleur tour en
course avec une voiture endommagée.
Le fait que Norris soit libéré de la pression – ah, la
première victoire! – devrait lui permettre d’étendre ses ailes. D’autant
que la confiance que Zak Brown, le patron de McLaren, a toujours eue
envers son pilote est réciproque. Dans le contexte actuel de folie sur
le marché des transferts, Lando Norris se réjouit d’avoir un emploi
garanti jusqu’à fin 2026. Après cette brillante performance du
Britannique, de loin le plus rapide du peloton à Miami, Verstappen
(deuxième) et Charles Leclerc (troisième) pensent tous deux que «ce
n’est que la première d’une longue série de victoires pour Lando.»
Adrian Newey: le génial designer quitte Red Bull Racing après presque deux décennies.
Red Bull Racing est prévenu: l’écurie ne peut pas se
permettre de faire une bêtise. À Milton Keynes (GB), au QG technique de
Red Bull, on prévoit de contre-attaquer dès l’ouverture européenne à
Imola (I), avec de nouveaux développements. Imaginés par qui? Alors que
la concurrence s’est lancée dans une course de rattrapage spectaculaire,
la nouvelle a éclaté: le génial designer Adrian Newey va quitter Red
Bull après presque deux décennies, dès le printemps 2025. À 65 ans,
Newey en a visiblement assez des querelles autour du team manager
Christian Horner et va se retirer en grande partie du projet F1 actuel,
officiellement pour s’offrir une pause de réflexion, officieusement
parce qu’il est demandé ailleurs. Le manager de Ferrari, Fred Vasseur,
aurait déjà rencontré le Britannique, tandis que Williams
s’intéresserait aussi à lui. Newey n’aura que l’embarras du choix alors
que chez Red Bull, la responsabilité repose désormais sur l’équipe du
directeur technique Pierre Wache.
La chute de l’empire?
Team manager de McLaren, Zac Brown pense que Newey
n’est que la première pièce à s’en aller, qu’un effet domino est
probable. La chute de l’empire? Brown a de bonnes raisons d’y croire,
parce qu’il sait que de nombreuses lettres de candidature des principaux
collaborateurs de Red Bull circuleraient dans le paddock. Ainsi, le
directeur sportif Jonathan Wheatley, lui aussi un vétéran, est soupçonné
de vouloir partir. Mais ce qui sera décisif, c’est bien sûr ce que fera
Verstappen; selon Oliver Mintzlaff, le PDG allemand du groupe de
boissons, le Néerlandais remplira «à 1000 %» son contrat qui court
jusqu’en 2028. Ce qui n’empêche pas le manager de Mercedes, Toto Wolff,
de continuer à courtiser le Champion du Monde!
Verstappen reste discret, il attend de voir si et quand
il fera jouer sa clause de sortie. Et cette décision n’a pas
grand-chose à voir avec la voiture actuelle, ni avec l’attitude de
Horner. Non, lui et son père ne sont pas sûrs que le moteur développé
pour la première fois en interne par Red Bull pour le nouveau règlement
puisse rivaliser avec les propulseurs de Mercedes, Ferrari et Honda. Et
cela le préoccupe bien plus que sa défaite en Floride.
Photos: McLaren, Red Bull, Sauber
Résultats
Grand Prix de Miami (USA). 6e manche (sur 24) du Championnat du Monde de Formule 1: 1. Lando Norris (GB), McLaren-Mercedes, 57 tours de 5,412 km (=308,326 km) en 1h30’49’’876 (=203,980 km/h). 2. Max Verstappen (NL), Red Bull-Honda, +7’’612. 3. Charles Leclerc (MC), Ferrari, +9’’920. 4. Carlos Sainz (E), Ferrari, +11’’407. 5. Sergio Pérez (MEX), Red Bull-Honda, +14’’650. 6. Lewis Hamilton (GB), Mercedes, +16’’585. 7. Yuki Tsunoda (J), Racing Bulls-Honda, +26’’185. 8. George Russell (GB), Mercedes, +34’’789. 9. Fernando Alonso (E), Aston Martin-Mercedes, +37’’107. 10. Esteban Ocon (F), Alpine-Renault, +39’’746. 11. Nico Hülkenberg (D), Haas-Ferrari, +40’’789. 12. Pierre Gasly (F), Alpine-Renault, +44’’958. 13. Oscar Piastri (AUS), McLaren-Mercedes, +49’’756. 14. Guanyu Zhou (CHN), Sauber-Ferrari, +49’’979. 15. Daniel Ricciardo (AUS), Racing Bulls-Honda, +50’’956. 16. Valtteri Bottas (FIN), Sauber-Ferrari, +52’’356. 17. Lance Stroll (CDN), Aston Martin-Mercedes, +55’’173 (inclus 10 secondes de pénalité pour avoir provoqué un accident). 18. Kevin Magnussen (DK), Haas-Ferrari, +1’04’’683 (inclus 10 secondes de pénalité pour avoir coupé la piste). 19. Alexander Albon (T), Williams-Mercedes, +1’16’’091. – Abandon: Logan Sargeant (USA), Williams-Mercedes (27e tour, accident). – 20 pilotes au départ, 19 classés. – Tour le plus rapide: Piastri, 43e, 1’30’’634 (=214,965 km/h). – Pole position: Verstappen en 1’27’’241 (=223,326 km/h). Course sprint: 1. Verstappen, 19 tours en 31’31’’383 (=195,418 km/h). 2. Leclerc, +3’’371. 3. Pérez +5’’095. 4. Ricciardo +14’’971. 5. Sainz +15’’222. 6. Piastri +15’’750. 7. Hülkenberg +22’’054. 8. Tsunoda +29’’816. 9. Gasly +31’’880. 10. Sargeant +34’’355. 11. Zhou +35’’078. 12. Russell +35’’755. 13. Albon +36’’086. 14. Bottas +36’’892. 15. Ocon +37’’740. 16. Hamilton +49’’347 (inclus 20 secondes de pénalité pour excès de vitesse dans le couloir des stands). 17. Alonso +59’’409. 18. Magnussen (inclus 35 secondes de pénalité pour avoir coupé la piste à trois reprises). – Abandons: Stroll (1er tour, collision); Norris (1er, collision). Classement général. – Pilotes: 1. Verstappen, 136 points (4 victoires). 2. Pérez 103. 3. Leclerc 98. 4. Norris 83 (1). 5. Sainz 83 (1). 6. Piastri 41. 7. Russell 37. 8. Alonso 33. 9. Hamilton 27. 10. Tsunoda 14. 11. Stroll 9. 12. Oliver Bearman (GB), Ferrari, 6. 13. Hülkenberg 6. 14. Ricciardo 5. 15. Ocon 1. 16. Magnussen 1. – Constructeurs: 1. Red Bull-Honda 239 (4). 2. Ferrari 187 (1). 3. McLaren-Mercedes 124 (1). 4. Mercedes 64. 5. Aston Martin-Mercedes 42. 6. Racing Bulls-Honda 19. 7. Haas-Ferrari 7. 8. Alpine-Renault 1. Prochaine manche: Grand Prix d’Émilie Romagne, Imola (I), 19 mai 2024, 15h00.
Les statistiques de Sauber
Valtteri Bottas GP: 16e (17e sur la ligne, a profité d’une pénalité infligée à Stroll/Aston Martin). – Meilleure place en course: 17e (10e, 41e–47e, 53e–57e tours). – Sprint: 14e – Qualification: 16e.
Guanyu Zhou (Photo) GP: 14e. – Meilleure place en course: 8e (27e tour). – Sprint: 11e. – Qualification: 20e (s’est élancé de la 19e place en raison d’une pénalité infligée à Ricciardo/Racing Bulls). – Particularité: c’était le 50e Grand Prix de la carrière du pilote chinois de chez Sauber.