Grand Prix d'Australie Eh oui: Max Verstappen et Red Bull peuvent aussi échouer! Pour Carlos Sainz, ce GP d’Australie fut une occasion rêvée d’en découdre – et de gagner! - avec sa Ferrari.
Grand Prix d'Australie : Max Verstappen a d'abord mené la Red Bull devant les Ferrari.
La saison 2024 de Formule 1, déjà entachée de quelques
scandales plus ou moins sulfureux, avait besoin d’une histoire plus
convenable. Forza! Elle est là, offerte par Ferrari et Carlos Sainz: à
peine deux semaines après une opération de l’appendicite, l’Espagnol a
battu son coéquipier Charles Leclerc sur l’éprouvant circuit de
Melbourne. Un scénario dingue, que même Netflix n’aurait osé imaginer
pour sa série «Formula 1: Drive to survive». Certes, pour que la
sensation soit parfaite, il a fallu une faiblesse de Red Bull, sous la
forme de l’explosion du disque de frein arrière gauche du bolide du
Champion du Monde et vainqueur en série, Max Verstappen.
Mais qui s’en souviendra après coup? C’est bien le
Madrilène qui a encore osé s’immiscer dans les affaires personnelles –
un abonnement aux victoires – de Red Bull. «Carlos est notre Nemisis»,
confirme Christian Horner, le directeur de l’équipe championne du monde.
Pour la première fois de la saison, le feu n’a pas pris en coulisses,
chez Red Bull, mais bien sur la piste. Du coup, les quatre premiers du
classement général sont à nouveau assez proches les uns des autres; et
les pilotes McLaren Lando Norris et Oscar Piastri, très en forme à
Melbourne, ont mathématiquement toutes leurs chances.
Carlos Sainz: l'Espagnol a de nouveau remporté la victoire pour Ferrari - Charles Leclerc n'a pu que terminer deuxième.
Seule Mercedes,
dans sa forme technique actuelle, est en retrait. Du coup, le patron
Toto Wolff n’a pas seulement félicité par politesse son ami et confrère
de Ferrari, Frédéric Vasseur, il lui a aussi dit à titre personnel:
«L’exemple de Ferrari montre à quel point les choses peuvent se
retourner très rapidement quand on les fait correctement.»
Une gifle pour Leclerc
Vasseur est un travailleur acharné. Il est aussi
champion du monde pour faire oublier la pression née du succès ou les
commentaires négatifs. Mais derrière cette façade, l’ancien team manager
de Sauber est apparemment aussi un bon stratège. Et un super
motivateur: réussir à garder Sainz de bonne humeur après que Lewis
Hamilton lui ait été soudainement mis dans les pattes et alors que la
fière famille Sainz était en pleines négociations en vue de 2025, c’est
quelque chose. Mais pour Carlos Junior, 29 ans, le point le plus bas de
son propre «parcours en forme de montagnes russes qui dure depuis un
an», a aussi été un rappel à l’ordre. Il sait qu’il est livré à
lui-même. Le fait qu’il puisse en même temps mettre une raclée à
l’ancien préféré de Vasseur, Charles Leclerc, a bien sûr des effets
secondaires très agréables pour lui. Si le Monégasque continue à se
planter au moment important, comme en qualifications, Sainz pourrait
même devenir numéro un de la Scuderia pour ses 21 dernières courses avec
les «rouge».
Max Verstappen: Beaucoup d'explications à fournir après son abandon prématuré.
Mieux: à chaque nouveau bon résultat, Sainz livre une
lettre de motivation endiablée à son futur employeur. Même s’il affirme
ne pas y penser: «Je fais des courses pour prouver à moi-même que je
peux gagner à chaque fois que j’ai une voiture compétitive et que
l’occasion se présente. Et je garderai cette approche pour le reste de
l’année.» Une chose en entraînant une autre, papa Carlos Senior fait les
cent pas dans le paddock pour vanter les capacités de son rejeton.
Auprès de qui? C’est peut-être Sauber/Audi qui a les meilleures chances,
mais pour cela, la technique doit encore considérablement s’améliorer
du côté d’Hinwil (ZH)… et les changements de roues aussi! Car
entre-temps, Sainz est devenu une alternative envisageable chez Red Bull
Racing. Car qui sait ce que va faire Verstappen? Qui peut deviner ce
qui vient à l’esprit d’Alonso, rapport à son contrat?
Plus facile à comprendre
Pour la première fois depuis le début de la saison
2022, alors que Ferrari faisait figure de favori, les Italiens ont donc
signé un doublé. Et deux voitures rouges sur le podium de Melbourne, où
les fans de Ferrari sont particulièrement nombreux, cela n’était plus
arrivé depuis 20 ans. On sait qu’il n’est pas facile de garder la tête
froide, mais Vasseur est habitué à cela: il va devoir freiner
l’euphorie, ne serait-ce que parce que la pression interne peut à
nouveau augmenter au point de briser la structure encore fragile de son
team: «Ce résultat donne bien sûr un bon sentiment à tous les membres de
l’équipe. Nous avons vraiment mis la pression, mais nous devons
continuer sur cette voie.» Tout recommencer comme s’il n’y avait pas eu
le doublé. La différence par rapport à l’année dernière? La voiture
rouge est beaucoup plus facile à comprendre pour les techniciens et les
pilotes.
C’est pourquoi le désormais triple vainqueur du GP
n’envisage pas du tout de laisser retomber l’adrénaline: «J’ai dit dès
le début que nous devions être là au bon moment et mettre la pression
sur Red Bull. C’est pour cela que nous devons être au niveau qui était
le nôtre ce week-end plus souvent si nous voulons gagner.» Faudra-t-il
attendre la prochaine mise à niveau, peut-être avant le début de la
saison européenne qui ne se tiendra que mi-mai, à Imola? «À Melbourne,
ma Ferrari s’est sentie dès le premier tour comme une voiture avec
laquelle on peut gagner», conclut Sainz le challenger Ou plutôt Sainz la
surprise de la saison?
Photos: Red Bull, Ferrari, Sauber
RÉSULTATS
Grand Prix d'Australie
Melbourne, 3e (sur 24) manche du Championnat du Monde de Formule 1: 1. Carlos Sainz (E), Ferrari, 58 tours de 5,278 km (=306,124 km) en 1h20’26’’843 (=228,316 km/h). 2. Charles Leclerc (MC), Ferrari, +2’’366. 3. Lando Norris (GB), McLaren-Mercedes, +5’’904. 4. Oscar Piastri (AUS), McLaren-Mercedes, +35’’770. 5. Sergio Pérez (MEX), Red Bull-Honda, +56’’309. 6. Lance Stroll (CDN), Aston Martin-Mercedes, +1’33’’222. 7. Yuki Tsunoda (J), Racing Bulls-Honda, +1’35’’601. 8. Fernando Alonso (E), Aston Martin-Mercedes, +1’40’’992 (inclus une pénalité de 20 secondes pour conduite dangereuse). 9. Nico Hülkenberg (D), Haas-Ferrari, +1’44’’553. 10. Kevin Magnussen (DK), Haas-Ferrari, +1 tour. 11. Alexander Albon (T), Williams-Mercedes, +1 tr. 12. Daniel Ricciardo (AUS), Racing Bulls-Honda, +1 tr. 13. Pierre Gasly (F), Alpine-Renault, +1 tr. 14. Valtteri Bottas (FIN), Sauber-Ferrari, +1 tr. 15. Guanyu Zhou (CHN), Sauber-Ferrari, +1 tr. 16. Esteban Ocon (F), Alpine-Renault, +1 tr. 17. George Russell (GB), Mercedes (accident dans le dernier tour; pas à l’arrivée, mais classé). – Abandons: Lewis Hamilton (GB), Mercedes (15e tour, moteur); Max Verstappen (NL), Red Bull-Honda (3e tour, freins). – 19 pilotes au départ, 17 classés. – Pas au départ: Logan Sargeant (USA), Williams-Mercedes (son auto a été confiée à Albon après l’accident de ce dernier lors de la première séance d’essais libres). Tour le plus rapide (+1 point): Leclerc, 56e, 1’19’’813 (=238,066 km/h). Pole position: Verstappen en 1’15’’915 (= 250,290 km/h). Classement général.– Pilotes: 1. Verstappen, 51 points (2 victoires). 2. Leclerc 47. 3. Pérez 46. 4. Sainz 40 (1). 5. Piastri 28. 6. Norris 27. 7. Russell 18. 8. Alonso 16. 9. Stroll 9. 10. Hamilton 8. 11. Tsunoda 6. 12. Oliver Bearman (GB), Ferrari, 6. 13. Hülkenberg 3. 14. Magnussen 1. – Constructeurs: 1. Red Bull-Honda 97 (2). 2. Ferrari 93 (1). 3. McLaren-Mercedes 55. 4. Mercedes 26. 5. Aston Martin-Mercedes 25. 6. Racing Bulls-Honda 6. 7. Haas-Ferrari 4. Prochaine manche: Grand Prix du Japon, Suzuka, 7 avril, 7h00.
Les statistiques de Sauber
Valtteri Bottas (photo)
14e (pas de points depuis 8 GP, soit celui du Qatar le 8 octobre 2023, où il s’était classé 8e). – Meilleure place en course: 10e (7e tour). – Qualification: 13e. – Particularité: comme lors de la course d’ouverture à Bahreïn, le plus long arrêt aux stands (28 secondes/problème de moyeu). Guanyu Zhou 15e (pas de points depuis 8 GP, soit celui du Qatar le 8 octobre 2023, où il s’était classé 9e). – Meilleure place en course: 11e (33e-34e tours). – Qualification: 19e (pas de temps, parti des boxes).
Guanyu Zhou
15e (pas de points depuis 8 GP, soit celui du Qatar le 8 octobre 2023, où il s’était classé 9e). – Meilleure place en course: 11e (33e-34e tours). – Qualification: 19e (pas de temps, parti des boxes).