Formule 1 Il se passe des choses cette année: la concurrence part à la chasse au Verstappen. En dehors de la piste, c’est plutôt celle aux cockpits..
Effet domino: Lewis Hamilton passe chez Ferrari en 2025. Où va donc Carlos Sainz ? Charles Leclerc sera-t-il heureux aux côtés de Hamilton ? Qui roule avec George Russell chez Mercedes ? Que fera Sergio Pérez à la fin de son contrat chez Red Bull ? Est-ce que Fernando Alonso rit à la fin (d. g.) ?
Peut-on rendre encore plus parfaite une voiture aussi
parfaite que l’était la Red Bull de l’an dernier? Est-il possible
d’améliorer une saison record, comme celle que Max Verstappen a gravée
dans l’asphalte en 2023? Ce sont à peu près les questions qui
préoccupent Adrian Newey, le gourou des designers de Formule 1. Chez le
maître de l’air, les pensées ne font pas que circuler, les différents
concepts font toujours la course entre eux dans son super cerveau.
Ainsi, la vingtième voiture née à Milton Keynes (GB) est à nouveau une
surprise; elle rappelle fortement, sur les côtés et surtout de par sa
construction arrière, la première Mercedes qui avait suivi le changement
de règlementation, en 2022. Un gros risque ou une bonne idée juste
mieux réalisée que par Mercedes à l’époque? «Red Bull nous surprend
toujours», rappelle Sergio Pérez. On peut s’en réjouir, mais cela peut
aussi nous effrayer, car l’une des nombreuses grandes questions qui se
pose d’ores et déjà est simple: la soif de victoires de Verstappen
peut-elle être stoppée?
La constance avant la technique
Transmettons tout de suite cette question à Maranello
(I), puisque Ferrari a effectivement été la seule écurie à interrompre
la série de victoires de Red Bull la saison dernière, même si ce ne fut
que lors d’une course urbaine, à Singapour. Frédéric Vasseur, l’ancien
team-manager Sauber, a ordonné de grands changements pour sa première
année à la tête de Ferrari et il envoie un nouveau message avec une
toute nouvelle voiture rouge. Les Italiens savent eux-mêmes que ce n’est
toutefois pas seulement la technique qui compte, mais surtout la
constance dans tous les domaines.
«C’est un pas de géant qui nous attend. Mais nous
pouvons bâtir sur les progrès de la saison dernière»: Vasseur estime
qu’au moins dans le peloton de chasse, toutes les voitures se
rapprochent, ce qui est logique en cette troisième année sous la même
règlementation. Une fois de plus, c’est le détail qui fera la
différence. Et il ne s’agit pas seulement de l’aspect extérieur: qui
sait ce que Newey a modifié sous la coque en carbone de la Red Bull
RB20? On ne sait pas plus ce qu’il va advenir du team manager Christian
Horner après les accusations d’une collaboratrice, ni dans quelle mesure
une structure comme Red Bull Racing, habituée au succès, se laissera
déstabiliser par cette affaire.
Le pilote Red Bull Max Verstappen vise un quatrième titre consécutif. L'effervescence sur le marché des transferts convient au Néerlandais et au patron de l'équipe Christian Horner.
Il en va de même chez Mercedes. Très tôt, les
ex-champions réunis autour du recordman Lewis Hamilton ont fait leur
introspection, se sont remis en question, eux et tous leurs concepts. Il
ne s’agissait pas seulement de construire la nouvelle voiture tant
réclamée par les pilotes, mais bien de créer une plateforme pour un
avenir sportif fondamentalement meilleur. «Notre équipe a le vent en
poupe et brûle de développer une voiture plus rapide, tout en restant
fidèle à notre façon de penser et à nos valeurs», explique le stratège
et patron, Toto Wolff. L’Autrichien pense même que l’onde de choc qui a
suivi l’annonce du passage de son pilote vedette Hamilton chez Ferrari
en 2025 a créé une nouvelle dynamique positive.
Cela reste à voir. Reste qu’effectivement, le gros coup
que l’héritier du groupe Fiat, John Elkann, a réussi sur le marché des
transferts bouleverse toute l’industrie de la Formule 1. À commencer
bien sûr par Ferrari: Charles Leclerc, qui venait de prolonger à long
terme avec la Scuderia avant que l’arrivée d’Hamilton ne soit connue,
veut se profiler et se positionner dès cette année. Il s’agit bien sûr
de la question du «numero uno» de l’équipe. Chez Mercedes, qui a été si
longtemps «son» team, Hamilton ne recevra certainement plus tout… ce
qu’il pourrait emporter avec lui en Italie. George Russell est donc au
centre de l’attention. Carlos Sainz, le deuxième pilote Ferrari freiné
brusquement au milieu de ses négociations de rénovation, ne tiendra plus
compte des ordres d’écurie, car il veut se montrer pour convaincre une
nouvelle équipe. Jusqu’à présent, on parle beaucoup de lui à Hinwil
(ZH), chez Sauber Motorsport, dans l’optique de la future équipe
officielle Audi… pour qui son papa a gagné le Dakar.
Pilotes cherchent emplois
La saison 2024 sera effectivement une année de poker
total sur le plan contractuel. Et à l’exception de Ferrari et McLaren,
où les paires de pilotes les plus intéressantes et prometteuses quant à
l’avenir sont liées à long terme, toutes les écuries sont concernées.
Une sorte de domino. La première pierre est tombée avec le transfert
d’Hamilton. Plus de la moitié des pilotes doivent ou peuvent désormais
se mettre à la recherche d’un emploi. Ce qui donne toute une nouvelle
dynamique, laquelle promet d’être divertissante. Il y aura, on l’espère,
une course sur la piste; il y aura, c’est certain, une course en
coulisses.
Sauber: l'équipe suisse poursuit sa mutation.
Et cette course concerne l’avant, comme l’arrière du
peloton. Derrière, Sauber, qui a failli se faire devancer par Haas en
2023, est à la traîne. Les couleurs du nouveau nom donné à l’écurie est
d’un vert criard et il faudra peut-être cette toxicité pour que, sous la
direction du directeur technique James Key (de retour à Hinwil),
l’écurie retrouve sa place en milieu de peloton, ce qui doit être un
objectif minimal. Le handicap est connu depuis l’année dernière: la
transformation de la structure et l’augmentation du personnel par le
responsable Audi, Andreas Seidl, mobilisent naturellement des forces et
exigent encore du temps.
Sauber: Un pas en avant
À cela s’ajoutent les coups de gueule de la centrale du
groupe Audi, tantôt sur des questions de personnel, tantôt sur une
profession de foi générale en faveur du sport automobile de haut niveau.
Les choses ne seront donc pas forcément plus simples cette année et
c’est pourquoi une tendance sportive à la hausse est impérative.
Valtteri Bottas, qui n’a jusqu’à présent pas pu répondre aux espoirs
placés en lui, voit une amélioration après les premiers essais: «La
nouvelle voiture a en tous les cas effectué un pas en avant.»
Une année charnière s’annonce donc pour la Formule 1.
Et le nombre record de 24 courses offre de nombreuses nouvelles
possibilités de voir les forces se modifier, même si Red Bull sera
difficile à déloger durablement de la tête grâce à une avance – logique –
en matière de développement technologique. Reste que considérer
Verstappen comme étant intouchable n’est pas la bonne approche. Il
s’agit, pour les challengers, de développer une nouvelle confiance en
soi, comme Fernando Alonso et Aston Martin l’ont montré l’année
dernière. La motivation de l’ex-champion du monde est devenue encore
plus grande.
Avoir confiance en soi, c’est la condition sine qua non
pour tout pilote de Formule 1 (et tout pilote tout court). Mais c’est
la confrontation avec la réalité qui est décisive et la dynamique qui en
découle, indépendamment du fait que les choses semblent meilleures ou
pires que prévu. En cela, le triple champion du monde Max Verstappen est
parfait. Il possède l’énorme capacité de s’adapter immédiatement à
chaque situation et d’en tirer le meilleur. Une qualité qui le place
déjà au même niveau que Michael Schumacher. Pour le Néerlandais, il ne
s’agit donc pas seulement de remporter un quatrième titre d’affilée,
mais aussi de continuer à construire sa légende.
Lors des trois jours d’essais à Bahreïn, les deux Ferrari (en bas de l'image Charles Leclerc et Carlos Sainz) ont été les plus rapides, tandis que Guanyu Zhou (photo), le pilote Sauber, signait le quatrième meilleur temps. La Revue Automobile s’est penchée de plus près sur ces tests.
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Red Bull-Honda
+ La RB 20 semble plus que jamais taillée pour répondre aux exigences élevées du Champion du Monde Max Verstappen.
–La situation incertaine du team manager Christian Horner est source d’inquiétude au sein de l’équipe.
Mercedes
+ James Allison, l’ancien et nouveau directeur technique, peaufine la Flèche d’argent pour la rendre plus facile à conduire.
– La rivalité entre George Russell et Lewis Hamilton ne sera certainement pas moins compliquée.
Ferrari
+ Du point de vue des chronos, la voiture rouge se porte bien, la nouvelle construction semble bien née.
– L’engagement de Hamilton se profile à l’horizon. Charles Leclerc est sous pression.
McLaren-Mercedes
+ Andrea Stella a encore développé ses idées prometteuses de l’année dernière.
– Jusqu’à présent, le duo de pilotes n’avait pas l’expérience nécessaire pour se hisser au sommet.
Aston Martin-Mercedes
+ Pour la deuxième année, Fernando Alonso se sent capable de monter enfin sur la première marche du podium.
– Une usine flambant neuve, pas de soucis d’argent: il ne reste plus qu’à trouver la constance nécessaire.
Alpine-Renault
+ Pour le manager par intérim Bruno Famin, les choses ne peuvent que s’améliorer, le Français doit faire ses preuves.
– La rivalité débordante des deux pilotes tricolores peut-elle vraiment être maîtrisée?
Williams-Mercedes
+ Les nombreux changements apportés par le patron James Vowles peuvent porter leurs fruits pour la nouvelle saison.
– Les années de négligence de l’équipe ne seront pas faciles à rattraper.
Visa Cash App-Honda
+ Ex de chez Ferrari, Laurent Mekies est le nouveau team manager, un renfort très attendu à Faenza en raison de sa classe.
– Yuki Tsunoda doit réussir à percer, Daniel Ricciardo lui barre la route.
Sauber-Ferrari
+ Le chef technique James Key poursuit d’autres plans de mise à niveau que son prédécesseur. L’équipe devient ainsi plus souple, donc plus rapide.
– La référence à une nouvelle année de transition est juste, mais c’est aussi ainsi que l’on perd le contact à long terme.
Haas-Ferrari
+ Malgré tous les revers de l’année passée, Nico Hülkenberg reste le moteur infatigable de la moins bonne équipe.
– Le team Haas doit d’abord surmonter le départ inattendu d’un personnage aussi central que l’était son team manager Günther Steiner.
Le calendrier 2024
2 mars Bahreïn (16h00)
9 mars Arabie saoudite (18h00)
24 mars Australie (5h00)
7 avril Japon (7h00)
21 avril Chine (8h00)*
5 mai Miami (USA, 21h30)*
19 mai Emilie-Romagne (I, 15h00)
26 mai Monaco (15h00)
9 juin Canada (20h00)
23 juin Espagne (15h00)
30 juin Autriche (15h00)*
7 juillet Grande-Bretagne (16h00)
21 juillet Hongrie (15h00)
28 juillet Belgique (15h00)
25 août Pays-Bas (15h00)
1er septembre Italie (15h00)
15 septembre Azerbaïdjan (13h00)
22 septembre Singapour (14h00)
20 octobre USA (21h00)*
27 octobre Mexique (21h00)
3 novembre Brésil (18h00)*
24 novembre Las Vegas (USA, 7h00)
1er décembre Qatar (19h00)*
8 décembre Abou Dabi (Émirats, 14h00)
Entre parenthèses, heure de départ heure d'Europe centrale ; * avec sprint
Photos: Adobe Stock, Red Bull, Mercedes, Ferrari, Aston Martin, Sauber