Demi-saison Douze GP, six vainqueurs: la F1 est plus passionnante qu’elle ne l’a été depuis longtemps. Mais où il y a des vainqueurs, les perdants ne sont pas très loin...
Victoire record: Lewis Hamilton de Mercedes remporte pour la neuvième fois sa course à domicile, le Grand Prix de Grande-Bretagne.
La saison 2024 de F1 n’est pas seulement la plus longue
de l’histoire, mais peut-être aussi la plus intéressante sur le plan
sportif depuis longtemps. Cela peut sembler étrange, lorsqu’on constate
que Max Verstappen possède une confortable avance de 84 points au
Championnat du Monde sur Lando Norris, mais c’est bien le cas. Le GP de
Grande-Bretagne, marqué par la pluie capricieuse du centre de
l’Angleterre et le triomphe du recordman de titres mondiaux Lewis
Hamilton – qui n’avait plus gagné depuis 945 jours –, suffiraient à le
prouver.
Après les douze premières manches, le bilan est encore
plus éloquent, avec une demi-douzaine de vainqueurs différents.
Verstappen, bien sûr, puis le premier triomphe en GP de Carlos Sainz,
les débuts victorieux de Lando Norris, le succès à domicile de Charles
Leclerc, le dépoussiérage de George Russell et, enfin, la victoire
d’Hamilton. Compliments aux gardiens du règlement; il est presque
dommage qu’il ne reste en vigueur que pendant un an et demi, alors qu’il
y a trois ou quatre candidats à la victoire à chaque course. D’un GP à
l’autre, les rapports de force se modifient. Mais là où il y a des
gagnants, il y a aussi des perdants; voici donc deux quatuors, pour un
petit bilan de mi-saison.
Vainqueur de la première moitié de la saison: McLaren s'attaque au champion du monde Red Bull.
Gagnants de la première moitié de la saison: Toto Wollf et Mercedes gagnent à nouveau.
Vainqueur de la première moitié de la saison: Nico Hülkenberg fait preuve de combativité chez Haas.
GAGNANTS
Mercedes
Deux victoires d’affilée en deux semaines, c’est un
conte de fées devenu réalité pour les Flèches d’argent. Après deux
années et demie difficiles, la politique des petits pas de développement
de James Allison, rappelé comme directeur technique, porte ses fruits.
Le team manager Toto Wolff se félicite que tout soit à nouveau en
équilibre dans son équipe, Hamilton compris. Point fort: la résilience.
«Mon cœur bat la chamade», a avoué Lewis Hamilton à Silverstone, après
sa 104e victoire, la neuvième à domicile.
McLaren
Le monde de la Formule 1 serait depuis longtemps tout
orange si Lando Norris et l’écurie McLaren ne commettaient pas de temps à
autre des erreurs (attendues) sur leur chemin. Quatre victoires ont
déjà été perdues par des pannes stratégiques ou de pilotage. Mais avec
Oscar Piastri, le patron Andrea Stella a encore un deuxième atout dans
sa manche.
Carlos Sainz
Jugé inapte à Maranello, l’Espagnol s’est métamorphosé.
Toutes les portes lui sont encore ouvertes pour le choix de son futur
emploi. Tout à coup, le pilote de 29 ans est le candidat idéal chez
Alpine et Mercedes. Audi-Sauber lui a également présenté un contrat prêt
à être signé. Être un jour la figure royale de la catégorie reine, ne
serait-ce que sur le marché des transferts, doit être agréable.
Nico Hülkenberg
Voilà au moins quelque chose dont on peut se réjouir à
Hinwil: le vétéran allemand met en œuvre avec succès ce que le nouveau
boss de Haas – agréablement calme – Ayao Komatsu a imaginé. La plus
petite écurie de Formule 1 s’est récemment montrée de plus en plus en
forme, «Hulk» convainc par son esprit combatif intact.
Les perdants de la saison en cours: quelque chose se prépare chez Sauber, l'équipe suisse n'a pas marqué de points depuis 17 Grand Prix.
Perdant de la saison en cours: Fernando Alonso avec Aston Martin n'a pas répondu aux attentes.
PERDANTS
Ferrari
Par à-coups, Frédéric Vasseur montre les changements
qu’il a apportés depuis son arrivée à la tête de la Scuderia, ce qui
permet à son équipe de se retrouver deuxième du classement des
constructeurs. Mais la forme varie énormément, les erreurs de stratégie
et les lacunes de conduite réveillent les vieux démons de Ferrari que
l’on croyait disparus depuis longtemps. Et ce, notamment auprès du très
malchanceux Charles Leclerc. Un designer comme Adrian Newey, qui
quittera Red Bull à l’issue de la saison, serait le très bienvenu à
Maranello. «Le» transfert de l’année?
Sergio Pérez
Même la prolongation de son contrat n’a pas aidé: le
Mexicain est loin derrière Max Verstappen et ses exigences. La patience
de Red Bull Racing est presque à bout – peut-être dès cet été? La
sixième place de Pérez au championnat avec moins de la moitié des points
de Verstappen est tout simplement insuffisante à long terme. La seule
question qui se pose est de savoir qui il faut aller chercher ou
promouvoir dans l’entourage des Bulls pour rester en tête du classement
des constructeurs.
Aston Martin
Assez d’argent, un Fernando Alonso motivé, toutes les
possibilités techniques: reste que l’élan de la saison précédente, avec
huit podiums, s’est envolé. La pression exercée par le patron de
l’écurie Lawrence Stroll est de plus en plus forte; un patron qui a déjà
pris des mesures et engagé deux personnes supplémentaires de haut
niveau, Enrico Cardile (Ferrari) et Andy Cowell (Mercedes).
Sauber
17 courses d’affilée sans marquer le moindre point – 21
si l’on tient compte des sprints – c’est un bilan plutôt triste. Et
c’est aussi l’impression que donnent Valtteri Bottas et Guanyu Zhou.
Pour une écurie qui deviendra bientôt l’équipe officielle Audi, le
niveau est trop bas et le rythme de développement trop lent. La
transformation d’Hinwil en parallèle avec les courses semble trop
exigeante. Mais il faut réagir, car même Williams marque à nouveau des
points.
Résultats
Grand Prix de Grande-Bretagne, à Silverstone, 12e manche (sur 24) du Championnat du Monde de Formule 1: 1. Lewis Hamilton (GB), Mercedes, 52 tours de 5,891 km (=306,198 km) en 1h22’27’’059 (=222,821 km/h). 2. Max Verstappen (NL), Red Bull-Honda, +1’’465. 3. Lando Norris (GB), McLaren-Mercedes, +7’’547. 4. Oscar Piastri (AUS), McLaren-Mercedes, +12’’429. 5. Carlos Sainz (E), Ferrari, +47’’318. 6. Nico Hülkenberg (D), Haas-Ferrari, +55’’722. 7. Lance Stroll (CDN), Aston Martin-Mercedes, +56’’569. 8. Fernando Alonso (E), Aston Martin-Mercedes, +1’03’’577. 9. Alexander Albon (T), Williams-Mercedes, +1’08’’387. 10. Yuki Tsunoda (J), Racing Bulls-Honda, +1’19’’303. 11. Logan Sargeant (USA), Williams-Mercedes, +1’28’’960. 12. Kevin Magnussen (DK), Haas-Ferrari, +1’30’’153. 13. Daniel Ricciardo (AUS), Racing Bulls-Honda, +1 tour. 14. Charles Leclerc (MC), Ferrari, +1 tr. 15. Valtteri Bottas (FIN), Sauber-Ferrari, +1 tr. 16. Esteban Ocon (F), Alpine-Renault, +2 tours. 17. Sergio Pérez (MEX), Red Bull-Honda, +2 tr. 18. Guanyu Zhou (CHN), Sauber-Ferrari, +2 tr. – Abandons: George Russell (GB), Mercedes (33e tour, refroidissement); Pierre Gasyl (F), Alpine-Renault (1er, boîte de vitesses). – 20 pilotes au départ, 18 classés. – Tour le plus rapide (+1 point): Sainz, 52e, 1’28’’293 (=240,195 km/h). – Pole position: Russell en 1’25’’819 (=247,120 km/h).
Valtteri Bottas (photo) GP: 15e (17e GP d’affilée sans marquer de points). – Meilleure place en course: 14e (34e–49e tours). – Qualification: 16e.
Guanyu Zhou GP: 18e (17e GP d’affilée sans marquer de points). – Meilleure place en course: 14e (1er–6e tours). – Qualification: 14e (meilleur résultat depuis le GP du Mexique, le 29 octobre 2023, 10e).
Photos: Mercedes, McLaren, Haas, Sauber, Aston Martin