Formule 1 – Digne d'un Oscar

C'est une habitude qui remonte à l'époque Schumacher : s'asseoir devant la télévision au début d'une course de Formule 1, puis passer l'heure et demie suivante à faire autre chose. Sachant pertinemment qu'avec le départ, on a déjà vécu le moment le plus passionnant d'un Grand Prix et que l'on connaît le vainqueur, à savoir le pilote qui est en tête après le premier virage. Mais malgré toute la supériorité technique de McLaren, on n'en est pas encore là cette saison. La lutte pour le premier virage est toutefois décisive en raison du phénomène aérodynamique appelé « dirty air ».

Lors de la course effrénée le long de la côte de Djeddah, Max Verstappen, de Red Bull, avait pris l'avantage, notamment grâce à un autre tour de qualification sensationnel qui lui avait permis de décrocher la pole position. Cependant, le Néerlandais a ensuite coupé le premier virage, car l'homme qui est le nouveau leader du championnat du monde depuis Pâques était déjà apparu à l'intérieur : Oscar Piastri. L'Australien a poussé très fort sur la piste, puis s'est calé dans son cockpit, sachant pertinemment que Verstappen serait pénalisé. Mais le départ fulgurant de Piastri a un effet signal au-delà du Grand Prix d'Arabie saoudite : « J'ai montré dans le premier virage qui est le patron. »

Les éloges de Verstappen

Deux rivaux au caractère très similaire se sont maintenant trouvés : ambitieux jusqu'à la limite, chirurgicaux dans leurs actions sur la piste, extrêmement talentueux et peu prévenants. Qui se souvient de la dernière fois où Verstappen, le tenant du titre, a fait l'éloge d'un rival ? Exactement. Le Néerlandais fait l'éloge de Piastri, âgé de seulement 24 ans : « Oscar aborde les choses avec beaucoup de calme, j'aime ça. Il est performant quand il le faut, il fait peu d'erreurs, et c'est exactement ce qu'il faut pour se battre pour un championnat. »

Les statistiques sont éloquentes : Piastri n'a eu besoin que de 51 courses pour remporter ses cinq victoires en Grand Prix (dont trois cette saison), tandis que son coéquipier Lando Norris, pourtant favori, en a déjà disputé 133 pour atteindre le même nombre. Le Britannique, qui a une fois de plus semblé très nerveux, le sait bien après son accident lors des qualifications et ses deux tentatives de dépassement ratées contre Lewis Hamilton : « Je suis mon propre ennemi. »

La voie est-elle libre pour Piastri ? Ce ne sera pas aussi simple que cela, et le nouveau leader, fidèle à son tempérament modéré, ne veut pas se laisser complètement griser par la gloire : « Ce qui m'importe, c'est d'être en tête après 24 courses, pas seulement après cinq. Je ne vais pas changer mon approche simplement parce que je suis désormais le leader. » Cela semble tout à fait crédible. L'homme de Melbourne est ce qu'on appelle quelqu'un qui a « les pieds sur terre ». Dans le paddock, on le surnomme déjà le nouvel « Ice Man », comme on appelait auparavant le cool Kimi Räikkönen.

McLaren doit rester vigilant

Comme l'a prouvé sa propre manœuvre de dépassement contre le champion du monde record Lewis Hamilton, qui continue de se battre avec sa Ferrari. Piastri devait dépasser Hamilton le plus rapidement possible après son arrêt au stand, et il a trouvé un minuscule espace dans lequel il s'est engouffré à 320 km/h. Selon le nouveau leader du classement général, McLaren dispose toujours de la meilleure voiture, mais l'équipe n'en tire pas suffisamment parti : « Nous devons néanmoins rester vigilants. J'ai dû prendre aujourd'hui quelques risques que nous aurions pu éviter. »

C'est l'occasion que Max Verstappen, qui n'a que douze points de retard sur Piastri, avec une Red Bull très capricieuse et pas vraiment compétitive, ne manque pas de saisir. On assiste ainsi à un duel très divertissant sur la piste. D'un côté, le facteur Max, de l'autre, une performance digne d'un Oscar. En effet, on ne peut que recommander de ne plus se contenter de regarder le départ lors des dimanches de course à l'avenir.