Formule 1 – Norris déjà favori?

Cela semble anodin, et pourtant c'est la pire chose qu'un pilote de course puisse se faire infliger par sa propre équipe : « Hold positions ». Une instruction polie du poste de commandement qui ne signifie rien d'autre qu'un pacte de non-agression. L'ordre de l'écurie, en bref. C'est ainsi que la nouvelle saison de Formule 1 a commencé pour Lando Norris et Oscar Piastri de l'écurie McLaren. Dans le chaos météorologique de Melbourne, Piastri, qui attaquait le leader, était sur le point de devenir le premier Australien à remporter une course à domicile. Mais la victoire lui a été refusée, probablement parce que le commandement de McLaren craignait que les deux pilotes, qui ont à peu près le même niveau de performance, ne s'affrontent dans la voiture la plus puissante.

Même si cela allait à l'encontre des « règles de la papaye », selon lesquelles les deux pilotes avaient encore le champ libre le samedi après les qualifications pour le début de la saison. Mais vers le milieu de la course, cela ne s'appliquait plus, alors que Piastri était à trois secondes de Norris. Au final, Norris a remporté son premier Grand Prix de l'année, Piastri a terminé neuvième – mais cela n'est pas dû à l'interdiction interne de dépasser, mais à une erreur qui l'a poussé profondément dans la zone de dégagement.

Les numéros un et deux chez les grands favoris semblent donc clairement définis, même si le chef d'équipe Andrea Stella préfère que tous soient traités sur un pied d'égalité. Mais le vainqueur Norris avait déjà déclaré à propos du bon choix de pneus pendant les averses : «Nous avons tiré les leçons de nos erreurs de l'année dernière.» L'équipe britannique avait alors choisi trop tard Norris comme candidat au titre. Il semble que Norris soit à nouveau favori. Piastri, qui avait été mis au repos avant le Grand Prix d'Australie avec un contrat à long terme (probablement jusqu'en 2029), n'a pas pu rivaliser dans sa ville natale - sa faute de pilotage, qui lui a coûté une place assurée sur le podium, a pesé trop lourd. Il a maintenant 23 points de retard sur son plus grand rival, ce qui semble être un énorme désavantage. Mais Norris fait l'éloge de l'interaction avec son adversaire direct : « Il est encore un peu tôt pour faire des prédictions, mais nous sommes les favoris et l'équipe à battre. Surtout parce que nous sommes deux pilotes qui se mettent mutuellement la pression. »

Les cartes sont redistribuées

Ce week-end, lors du Grand Prix de Chine, les cartes vont être redistribuées, partout. Le circuit atypique de l'Albert Park et les conditions météorologiques désastreuses rendent difficile toute analyse des véritables rapports de force dans la catégorie reine. En dehors de McLaren, Red Bull et Mercedes ont été plus fortes que prévu, tandis que Ferrari a été nettement plus faible. La dixième place de Lewis Hamilton est un choc brutal. Avant le week-end, on avait demandé à l'homme de 40 ans ce qu'il attendait de ses débuts en rouge. Il avait d'abord répondu «entrer dans les points», ce qui lui semblait finalement insuffisant, et avait ensuite revu ses ambitions à la hausse en disant «être dans les cinq premiers». Cela aurait effectivement été possible. Mais les qualifications ne se sont pas bien passées et, dans la course confuse, les stratèges de Ferrari ont perdu la vue d'ensemble à plusieurs reprises, discutant avec leurs pilotes jusqu'à ce que ceux-ci répondent à l'unisson qu'il fallait simplement les laisser tranquilles.

Charles Leclerc, huitième, n'a pas fait mieux que Hamilton, qui a déclaré à propos de ses débuts que «c'était encore pire que prévu». Bien sûr, le changement d'habitude, par exemple au volant, joue un rôle. Mais en tant que véritable débutant, un champion du monde n'est pas à l'aise. Néanmoins, l'ancien pilote Mercedes (dont le successeur Andrea Kimi Antonelli a obtenu une surprenante quatrième place avec la Flèche d'argent) sait qu'il n'a pas vraiment de retard sur Leclerc. Ce qui va donner bien du fil à retordre au patron de l'écurie, Frédéric Vasseur, qui est un peu perdu, mais surtout visiblement déçu. Laisser s'affronter deux pilotes de ce calibre est aussi dangereux que le duo de McLaren. Là, Andrea Stella a promis à Piastri, dévasté, qu'il vivrait encore de nombreux moments heureux cette année : « Oscar est l'un des pilotes les plus forts mentalement sur le circuit. »

Pas confiance en la voiture

C'est aussi le cas de Lewis Hamilton. Et il ne restera pas longtemps sans rien faire, s'il ne reçoit pas les impulsions nécessaires de la part de sa nouvelle écurie, pour que des occasions manquées comme à Melbourne ne se reproduisent plus à cause d'un mauvais réglage de la voiture et d'une mauvaise tactique : «Je n'avais aucune confiance en la voiture et j'ai failli m'écraser plusieurs fois», s'est plaint Hamilton, qui s'était même retrouvé en tête pendant un court instant dans le chaos, «nous devons nous améliorer, surtout en matière de communication».