CS Montagne – Le champion doute

La semaine dernière, la Revue Automobile a été pour le moins étonnée en regardant par une fenêtre du garage Steiner, à Oberdiessbach (BE). Au fond se trouvait la Lobart du patron, la blanche, pas la noire. C’est avec cette carrosserie blanche que Marcel Steiner a remporté l’année dernière le titre de Champion de Suisse de la Montagne. Mais début avril, Steiner avait surpris les suiveurs avec des photos prises à Turin (I) le montrant à côté d’un proto noir: «La voiture est la même, seule la carrosserie est nouvelle», avait alors déclaré Steiner pour rassurer sa communauté de fans. Et de préciser: «En fait, il ne s’agit que d’un nouvel aérodynamisme.» Mais à la fin de ce même mois d’avril, Steiner était certain de revenir à sa voiture championne. Pourquoi?

La motivation a disparu

«Lors d’essais à Bresse, j’ai remarqué que l’aérodynamique ne fonctionnait pas. Un peu plus tard, lors de la course de côte de Rechberg (A), plus rien n’allait. Les chronos en course étaient plus lents que ceux de l’année précédente… et j’étais déjà très lent à cette époque», se souvient Steiner. «Le fait d’avoir remporté le titre en 2023 m’a motivé pour la saison à venir. Mais ma bonne humeur s’est entre-temps étiolée...» Steiner sera présent ce week-end à Hemberg (SG), pour l’ouverture de la saison, puis à La Roche (FR), mais il fera l’impasse sur Reitnau (AG), pour des raisons de calendrier. Ensuite? Steiner hausse les épaules...

Il n’utilisera certainement pas la carrosserie noire, qui est, on le sait, chez le fabricant italien de composants en fibre de carbone, Lobart. Et Steiner ne peut pas miser uniquement sur l’autre voiture, car il va devoir la céder à des fins de présentation. «Il y a des collisions de dates avec deux courses, cela ne peut que poser des problèmes», soupire-t-il. Marcel Steiner est pilote chez Lobart depuis 2016, les Italiens ayant à cette époque choisi le Bernois parmi trois pilotes potentiels.

Et il en est reconnaissant: «Lobart me convenait aussi à l’époque.» Mais cette année, pas question pour lui de ne participer qu’à des courses de côte isolées sans la moindre perspective de titre, déclare le garagiste de 48 ans. Dans sa tête, il pensait courir encore cette saison, avant de tirer un trait propre sur sa carrière: «Mais je ne peux pas m’arrêter comme cela!»

Ce qui est sûr, c’est qu’Eric Berguerand, le plus grand challenger de Steiner, ne participera pas au Championnat de Suisse cette année. Le Valaisan devrait faire réviser le moteur de sa Lola FA99 après une avarie survenue lors de la course du Gurnigel, en 2023. Mais il n’a pas les moyens de le faire, a-t-il déclaré début mai. Depuis 2010, le Champion de Suisse de la Montagne dans la catégorie des voitures de course s’est invariablement appelé Marcel Steiner (2010-2012, 2017, 2018, 2023) ou Eric Berguerand (2013-2016, 2021, 2022). Depuis 2010, 95 courses ont compté pour ce championnat; 80 d’entre elles – soit 74,4 %! – ont été remportées par ces deux mêmes hommes. On appelle cela une mainmise totale. Les 15 victoires restantes se sont réparties entre Joël Volluz (7), Florian Lachat (2), Jean-Jacques Dufaux, Tiziano Riva, Joel Grand, Marcel Maurer, Thomas Amweg et Robin Faustini (1 chacun).

Faustini ou Amweg?

En 2023, 2022 et 2019 (il n’y avait pas eu de Championnat de Suisse de la Montagne en 2020 et 2021, années de pandémie), Faustini a terminé troisième au classement général, derrière Steiner et Berguerand. Cette série de «défaites» explique pourquoi l’Argovien roule depuis cette saison avec une Nova NP01 (RA 15/2024) en lieu et place de l’Osella FA30 qu’il utilisait jusqu’à présent. Thomas Amweg, vainqueur de la course de côte du Gurnigel en 2019, est désormais lui aussi au volant d’une Nova NP01 (RA 16/2024): «Si tu veux avoir une chance de gagner, tu dois conduire une voiture comme celle-là», avoue l’Argovien, expliquant pourquoi il a passé des voitures de formule qu’il avait conduites jusque-là à un proto «sport». Contrairement aux années précédentes, Amweg devrait être régulièrement au départ des courses cette année. «Faustini et Amweg sont sans aucun doute des candidats au titre», estime Marcel Steiner, «mais ils conduisent de nouvelles voitures, ils devront donc d’abord apprendre à les connaître», ajoute le vétéran. 

Le Championnat de Suisse de la Montagne 2024
8/9 juin Hemberg (SG)
15/16 juin La Roche-La Berra (FR)
29/30 juin Reitnau (AG)
17/18 août Les Rangiers (JU)
24/25 août Oberhallau (SH)
7/8 septembre Gurnigel (BE)
14/15 septembre Les Paccots (FR)