Alpine – Retour dans la course

Ramon Egger | 15.02.2024

WEC L’histoire d’Alpine est intimement liée au sport automobile. Et parce que Renault a de gros projets avec cette marque sur la route, il lui faut décrocher des victoires sur la piste, et ce 
y compris au Mans, course phare du Championnat du Monde.

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Nouvelle hypercar pour le championnat du monde d'endurance: Alpine A424.

«You can’t grow without remembering your roots»: on ne peut pas grandir sans se souvenir de ses racines. C’est en ces termes anglais que le président du groupe Renault, Luca de Meo, a expliqué la tendance rétro actuelle de son entreprise. Les racines d’Alpine se trouvent dans le sport automobile: le fondateur de l’entreprise, Jean Rédélé, a participé à sa première course en 1951, au volant d’une Renault 4CV. Victoire! Un an plus tard, il prenait le départ du Mans: défaite! Cela n’a pas empêché le jeune Rédélé de continuer à construire ses propres voitures de course. Depuis lors, le nom d’Alpine est devenu une constante dans le sport automobile. Ses succès, en revanche, l’étaient moins.

Aujourd’hui, Alpine est engagé dans les deux catégories les plus prisées du sport automobile: la Formule 1 et le WEC. En Formule 1, l’écurie se doit rapidement de remporter des victoires, car elle est à la traîne: deux podiums et une sixième place au classement des constructeurs ne sont guère satisfaisants. En Championnat du Monde d’Endurance, l’écurie s’engagera cette année dans la catégorie reine, celle des Hypercars, où elle s’appuiera sur l’expérience acquise ces dernières années sur l’Oreca-Gibson en LMP2. L’A424, nom de la nouvelle LMDh, a donc tout pour bien faire sur le papier. Cependant, le directeur de l’équipe, Philippe Sinault, ne veut pas se lancer dans des pronostics concrets.

Le plan «Renaulution»

En résumé, il faut être modeste, mais ambitieux, pense-t-il: «La première année, il s’agira pour nous d’apprendre. L’engagement d’Alpine Racing, non seulement en Formule 1, mais aussi en endurance, fait entièrement partie du plan ‹Renaulution›», explique-t-il, reprenant le néologisme inventé par son patron, Luca de Meo.

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Pour sa première saison, Alpine doit apprendre. L’A424 a déjà parcouru plus de 15 000 kilomètres d’essais.

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Pour sa première saison, Alpine doit apprendre. L’A424 a déjà parcouru plus de 15 000 kilomètres d’essais.

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Pour sa première saison, Alpine doit apprendre. L’A424 a déjà parcouru plus de 15 000 kilomètres d’essais.

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Pour sa première saison, Alpine doit apprendre. L’A424 a déjà parcouru plus de 15 000 kilomètres d’essais.

Du côté des véhicules de tourisme, Alpine entend proposer jusqu’à sept voitures électriques sportives dans sa gamme d’ici 2030, pour un retour à la rentabilité dès 2026. Alpine Racing est primordial pour l’identité de la marque. En effet, les succès dans le sport automobile légitiment la poursuite de la filiale sportive de Renault. Pour cela, il faut remporter des succès en WEC, car Alpine n’a que très peu de chance de régater en tête en Formule 1 dans un avenir proche. En s’engageant dans la catégorie LMDh, Alpine s’épargne le développement en interne d’une plateforme et d’un système hybride, qui sont pris en charge par des entreprises externes, conformément au règlement. Dans le cas de l’A424, le châssis est fourni par Oreca, avec qui Alpine a déjà travaillé en LMP2. La motorisation hybride est fournie par Bosch et le moteur est développé et construit sur le site de Viry, près de Paris, en collaboration avec Mecachrome.

Schumacher dans le cockpit

Pour la course d’ouverture au Qatar, le 3 mars, Alpine alignera deux voitures sur la ligne de départ. L’attention sera portée sur Mick Schumacher, qui pilotera la voiture N°36. Le jeune Allemand ne fait pas mystère des raisons qui l’ont poussé à passer de la Formule 1 à l’endurance: «J’espère ainsi revenir en F1.» Après avoir été pilote de réserve chez Mercedes et McLaren, Schumacher restera pilote de réserve pour Mercedes en Formule 1 cette saison. Et pourrait lorgner sur le cockpit de Lewis Hamilton, qui va se libérer en fin d’année. Mais cela reste de la musique d’avenir: «Je suis ravi de courir en WEC. C’est la discipline la plus proche de la Formule 1. Et beaucoup de grands noms de la F1 ont aussi fait de l’endurance», a expliqué Schumi Junior (24 ans) lors de la présentation conjointe de la voiture du WEC et de la nouvelle Formule 1 à Enstone, en Grande-Bretagne. Mick Schumacher pilotera aux côtés de Nicolas Lapierre et Matthieu Vaxivière. L’équipage de la N°35 sera quant à lui formé d’un trio de spécialistes du LMP2 que sont Paul-Loup Chatin, Charles Milesi et Ferdinand Habsburg. Philippe Sinault est convaincu qu’il s’agit là d’une excellente répartition des forces: «Nous n’avons fait absolument aucun compromis».

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Charles Milesi, Mick Schumacher, Matthieu Vaxivière, Nicolas Lapierre, Paul-Loup Chatin, le pilote remplaçant Jules Gounon, ainsi que Ferdinand Habsburg (de gauche à droite) piloteront deux A424.

Les essais réalisés jusqu’à présent ont été très concluants, continue Philippe Sinault. Les deux voitures ont déjà parcouru plus de 15 000 km sans présenter d’évidentes faiblesses. Mais le directeur reste réaliste quant aux chances d’Alpine de l’emporter face à une concurrence toujours plus nombreuse. Et relevée!

Dans ce contexte, il reste à déterminer si le choix du LMDh (châssis commun) sera plus avantageux que celui du LMH (châssis développé en interne). Les victoires de Ferrari au Mans et de Toyota en championnat (tous deux des LMH) tendent à prouver le contraire. Et puis, Alpine devra également composer avec BMW, Cadillac, Isotta Fraschini, Lamborghini et Porsche. Rien que ça! 

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«Il faudra obtenir de bons résultats», dit Philippe Sinault, qui se montre ambitieux.

Photos: Alpine

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