Dave Schneider | 13.06.2024
Segment Supérieur Renault se diversifie avec le Rafale, un SUV qui cherche à attaquer le segment premium tout en contenant son tarif au prix d’un véhicule généraliste.
Les constructeurs généralistes sont nombreux à vouloir se lancer dans le premium. Le dernier en date n’est autre que Renault. Encore récemment, le haut de gamme du losange était représenté par la Talisman, un modèle qui, contrairement à son nom, n’a pas vraiment porté chance au constructeur français. Ce n’était pas la première incursion de l’enseigne dans le premium; par le passé, Boulogne-Billancourt avait déjà tenté de s’y hisser. Ainsi étaient nées les Safrane, Vel Satis, Avantime et autres Laguna. Mais le succès n’avait pas franchement été au rendez-vous et actuellement, le modèle le plus cher du constructeur n’est autre que l’Espace. Que personne n’oserait qualifier de premium; certes convaincant, ce SUV n’est rien d’autre qu’un Austral à sept places.
En revanche, le nouveau SUV du constructeur, le Rafale, a non seulement pour objectif d’attirer et fidéliser les clients financièrement plus à l’aise, mais il doit aussi permettre à Renault de renforcer son image, le propulsant dans de nouvelles sphères. «Le nouveau Rafale symbolise notre montée en gamme et démontre que Renault est un acteur sérieux dans chaque segment», déclare ainsi Fabrice Cambolive, le PDG de Renault, qualifiant son nouveau modèle de pièce maîtresse de la «Renaulution», soit la stratégie d’entreprise lancée par Luca de Meo en 2021.
Dans les airs
Rafale? Ce nom vous rappelle quelque chose. C’est normal, il y a quelques années, la Suisse avait décidé d’acheter quelques-uns de ces avions de combat assemblés par l’avionneur français Dassault, avant de finalement se raviser. Mais dans les années 1930, il existait déjà un Rafale, le Caudron-Renault Rafale plus précisément. En véritable passionné d’aviation qu’il était, Louis Renault avait repris, en 1933, le constructeur aéronautique français Caudron. La société nouvellement formée avait dès lors rebaptisé ses avions par des termes appartenant au champ lexical du vent. Malheureusement, pour les amateurs du losange, le seul souvenir d’une Renault dont le nom évoque un vent, ce n’est pas le vieil avion français mais bien le «Wind», un curieux petit cabriolet des années 2010 pourvu d’un toit en dur et qui n’avait pas franchement brillé.
Cela étant dit, il convient d’en revenir au nouveau SUV du losange. Techniquement, celui-ci est basé sur la même plateforme (CMF-CD) que l’Espace et l’Austral. Avec sa longueur de 4,71 m et sa largeur de 1,86 m pour un empattement identique (2,74 m), il fait presque la même taille que l’Espace. Bien qu’il soit quasi aussi haut (1,61 m), sa ligne effilée limite la garde au toit et la taille du coffre. Néanmoins, le volume de rangement reste très intéressant, puisqu’il va de 627 à 1914 litres. Esthétiquement, il se dote d’une signature lumineuse marquante, de détails ludiques comme la grille de calandre à effet 3D et d’éléments personnalisables.
Caractéristiques de haut niveau
Mais pour faire partie du segment premium, il faut aussi savoir convaincre par son haut niveau de finition. Dans le Rafale, l’habitacle est joliment aménagé et les matériaux sont soignés. L’ambition de Renault de passer à la vitesse supérieure est clairement visible, notamment grâce à des équipements haut de gamme comme le logo Alpine perforé et rétroéclairé, qui bat telles des pulsations cardiaques lorsque l’on monte à bord. Et puis il y a aussi ce toit panoramique en verre appelé «Solarbay», qui s’obscurcit sur simple pression d’un bouton, et ce sans qu’il soit nécessaire d’utiliser un voile opaque. Ce système fonctionne grâce à des cristaux liquides polymères dont la structure moléculaire réagit lorsqu’elle est mise sous tension électrique; ainsi, le toit vitré, divisé en neuf segments, peut passer de transparent à «laiteux» en quelques secondes. Et cela fonctionne même par commande vocale.
Le cockpit reprend la même disposition que celui de l’Austral et de l’Espace. Ainsi, ses écrans sont disposés en L autour du volant. Le système d’exploitation, compréhensible et intuitif, est fourni par Google. À cela s’ajoute un affichage tête haute qui projette les informations essentielles sur le pare-brise. Le sélecteur «Multi-Sense» permet de choisir différents thèmes colorés pour l’habitacle, tandis que l’écran central d’information sur la conduite change également le graphisme d’affichage et le schéma des couleurs.
Pas de version électrique
Bien que Renault ait fait de l’électrique sa priorité, il n’a pas choisi de décliner son nouveau vaisseau amiral dans une variante à batterie. Effectivement, le Rafale est exclusivement proposé dans deux versions hybrides. Dans un premier temps, seule la petite hybride sera proposée. Celle-ci envoie l’ensemble de ses 146 kW (199 ch) aux roues avant. Elle sera suivie à la fin de l’année par un hybride plug-in de 220 kW (300 ch), pourvue d’une inédite transmission intégrale. Quiconque souhaite rouler en grand SUV tout électrique sera donc contraint de se tourner vers une autre marque puisque c’est le Scénic E-Tech, long de 4,47 m, qui incarne pour l’heure le plus grand SUV à batterie du losange.
Déjà repris sur d’autres modèle hybrides (l’Austral et l’Espace notamment), la chaîne cinématique E-Tech Full Hybrid fonctionne comme suit: le moteur essence, un 3-cylindres turbo de 1,2 litre est installé sur l’essieu avant. Fort d’une puissance de 96 kW (131 ch) et d’un couple de 205 Nm, il fonctionne en cycle dit de «Miller» et dispose d’un système de recyclage des gaz d’échappement à basse pression et d’un turbocompresseur à géométrie variable. Il en résulte un rendement de fonctionnement élevé, situé autour de 41 %. Ce moteur à combustion fonctionne en collaboration avec une machine électrique de 50 kW (68 ch) ainsi qu’un alterno-démarreur haute tension de 25 kW (34 ch), qui se charge de démarrer le moteur. Les deux unités puisent leur énergie dans une batterie lithium-ions d’une capacité de 2,0 kWh. «Le Rafale peut rouler jusqu’à 80 % du temps en mode purement électrique en ville», explique l’ingénieur en chef Gwenaël Le Merrer. Le SUV coupé profite ainsi d’une consommation standardisée très faible de 4,7 l/100 km, ce qui correspond à des émissions de CO2 de 105 g/km.
Une belle agilité
Mais venons-en maintenant à ce que d’aucuns ont tendance à oublier dans la frénésie actuelle des normes de CO2 et de la numérisation des automobiles: l’agrément de conduite. Ici, le Rafale s’en sort très bien. Par rapport à l’Espace et à l’Austral, le nouveau modèle phare se veut nettement plus sportif. La voie a été élargie de 40 mm et les pneus ont une bande de roulement plus large de 10 mm. Le Rafale a ainsi plus d’adhérence dans les virages et cela se ressent: le conducteur peut accélérer très tôt en sortie de courbe en épingle, tandis que la voiture est stable et facile à manœuvrer. La direction à quatre roues «4Control», qui a déjà fait ses preuves ailleurs, augmente sensiblement l’agilité, assure une plus grande stabilité à des vitesses élevées et aide bien sûr à manœuvrer: le rayon de braquage du Rafale de 4,71 mètres de long est plus petit (10,4 mètres) que celui d’une Clio qui ne mesure «que» 4,05 mètres.
Le nouveau Rafale a pour vocation de propulser Renault dans de nouvelles sphères. S’il est permis de douter qu’il y parvienne à lui seul, il est au moins un bon élément sur cette voie. En outre, il représente une nouvelle profession de foi des Français en faveur des SUV: du Captur de 4,12 mètres à l’Espace de 4,72 mètres, la gamme Renault compte désormais sept véhicules rehaussés. Le Rafale se place en tête de cette liste, avec un prix légèrement inférieur à celui de l’Espace: le nouveau SUV coupé est en effet disponible à partir de 44 300 francs. Voilà qui prouve que les prétentions premium de Renault ne s’appliquent pas au prix!