Morgan Supersport: un classique britannique aux accents bavarois

Lorsque les Britanniques lancent ces jours-ci la nouvelle Supersport pour son premier été, elle n'est pas seulement l'une des rares nouvelles roadsters de cette saison, malgré son design désuet. Il s'agit en fait d'une Z4 déguisée. Seulement, cela ne se voit pas, même au deuxième coup d'œil.

Même la Z4, qui n'est pas un best-seller, est un produit de masse comparé à ce roadster fabriqué à l'unité, plus rare que n'importe quelle Ferrari ou Aston Martin et moins cher que n'importe quelle 911. Car même si Morgan facture le travail artisanal et le carénage historique avec une majoration de près de 100 % par rapport à la BMW comparable, les prix de la Supersport commencent à 126'500 euros. 

Au lieu d'être fabriquée dans une presse, la carrosserie est assemblée à la main, et la tôle est remplacée par de l'aluminium martelé, tendu sur un châssis en frêne. Et là où BMW flirte avec l'avenir, Morgan jette un regard très loin en arrière: des ailes qui s'étendent sur tout le flanc, un capot en forme d'ailes de papillon, des portes courtes et, derrière, une poupe digne d'un yacht de luxe – les Britanniques font ainsi revivre l'âge d'or du Gatsby le Magnifique. Seuls les projecteurs LED dans les phares en forme d'yeux de grenouille constituent un contraste délibéré qui ramène cette voiture supposée ancienne dans le présent. 

À l'intérieur aussi, la Supersport respire l'esprit d'antan. Certes, elle est désormais équipée d'un petit écran numérique, car Bruxelles a imposé aux Britanniques un nombre trop important d'avertissements dans le cahier des charges pour que tous puissent être affichés à l'aide de voyants lumineux. Mais à part cela, on trouve beaucoup d'aluminium poli, de bois, de laine et de cuir, des boutons classiques et, bien sûr, des instruments analogiques. Par mesure de précaution, les commutateurs modernes pour le chauffage des sièges ont donc été dissimulés sous le tableau de bord, le soutien lombaire se règle à la main à l'aide d'un soufflet et la musique est diffusée de manière discrète par un haut-parleur Bluetooth.

Et s'ils ont dû, le cœur lourd, renoncer à la boîte automatique à huit rapports pour le moteur BMW, le travail artisanal honnête règne partout ailleurs. Les vitres coulissent sur le côté ou s'enlèvent complètement en deux temps trois mouvements, le toit se rabat d'un seul geste, une fois que l'on a réussi à ouvrir les deux loquets à l'aide de ses ongles. Ceux qui souhaitent s'épargner cette manipulation ou profiter de la Morgan même en hiver peuvent opter pour un toit rigide qui se range toutefois dans le garage à l'aide de deux vis.

Une fois le ciel ouvert dans cette supersport, la machine à remonter le temps prend vraiment son envol. Le six cylindres en ligne de trois litres, libéré de la retenue imposée par la grande série, vrombit joyeusement. Les 340 ch et surtout les 500 Nm ont littéralement la partie facile avec l'élégante anglaise. La supersport fait honneur à son nom. Là où d'autres roadsters prennent les virages en croisant, elle les rase et coupe comme un couteau les lacets qui mènent aux Malvern Hills. Des options telles que la suspension filetée, qui peut être réglée à la perfection pour chaque parcours en quelques clics depuis l'atelier, ou le différentiel à glissement limité sur l'essieu arrière, qui permet de diriger la deux places avec le pied, montrent à quel point les Britanniques prennent les choses au sérieux. 

Mais il n'est pas nécessaire d'aller aussi loin pour succomber au charme de ce roadster. Tout d'abord, avec seulement 1170 kilos, c'est un véritable poids plume et donc un bien meilleur sprinter que la BMW, passant de 0 à 100 km/h en 3,9 secondes et atteignant 267 km/h à plein régime. Ensuite, il offre une sensation de conduite analogique comme aucune autre voiture de 2025. Monter, démarrer, rouler, s'amuser. C'est tout ce qu'il faut savoir sur une machine comme celle-ci. SP-X/RA