Maserati Grecale Folgore – Un éclair plutôt timide

Chez Maserati, l’électricité ne cesse de gagner du terrain. Lancé en 2022, le SUV Grecale n’était que partiellement électrifié jusque-là. Désormais, il l’est totalement grâce à la version Folgore. Ce n’est pas la première Maserati 100 % électrique; la marque au trident propose depuis quelques mois déjà une version électrique de sa nouvelle GranTurismo. Dans le cas du Grecale, le concept de propulsion est toutefois totalement différent... pour autant que deux véhicules électriques puissent l’être!

D’une part, le coupé de 560 kW (761ch) est équipé de trois machines électriques et, d’autre part, il dispose d’une technologie 800 volts qui profite du savoir-faire de l’écurie de Formule E. Le Grecale Folgore doit quant à lui se contenter de 400 volts. Comparé à la GranTurismo, le SUV est beaucoup moins puissant, la puissance combinée de ses deux machines électriques étant de 410 kW (557 ch). De type synchrone à aimantation permanente, ces moteurs délivrent 205 kW chacun et sont positionnés sur chacun des deux essieux. Le couple maximal est de 820 Nm. C’est 500 de moins que la GranTurismo, forte de 1350 Nm! Nous nous garderons néanmoins d’utiliser le terme «seulement» à l’heure de parler des performances du Grecale tant ses valeurs restent époustouflantes. Sur la route, le Grecale Folgore s’est révélé être un véritable éclair. Et les 4,1 secondes revendiquées par Maserati à l’heure de réaliser l’exercice du 0 à 100 km/h de sembler tout à fait crédibles.

Bonne plateforme de base

Etant donné que le véhicule a été testé sur route ouverte, la vitesse maximale de 220 km/h annoncée par le trident n’a pas été vérifiée, ni le sprint de 0 à 200 km/h, réalisé en 16,1 secondes selon les valeurs communiquées par Maserati. Reste que pour tout ce que nous avons pu expérimenter dans le cadre légal, le Grecale Folgore est plus que suffisamment motorisé. Il est construit, comme ses frères thermiques, sur la plateforme «Giorgio», étrennée par les Alfa Romeo Giulia et Stelvio. Ce châssis a toutefois été fortement modifié pour le Grecale et agrandi afin que le Folgore puisse accueillir l’énorme pack de batteries de 105 kWh. Etant donné que la «Giorgio» fait partie de ce qui se fait de mieux dans l’univers automobile en matière de dynamisme (même sans modification), la bonne impression de conduite laissée par le Grecale Folgore n’a rien de surprenant.

La direction est très précise et le châssis à suspension pneumatique ne se laisse jamais déstabiliser par le poids à vide d’environ 2,5 tonnes. Le châssis ne souffre donc pas de roulis dans les virages négociés à vive allure. Quant au tangage, il est lui aussi absent, le SUV conservant son assiette lors des accélérations et du freinage. A propos des freins, il faut savoir que Maserati a fait appel à Brembo, qui a eu recours à des disques ventilés de 35 centimètres de diamètre et des étriers de couleur cuivrée spécifiques à la version. L’aspect positif? le freinage peut être dosé avec précision et agit avec force lorsque c’est nécessaire. Vous le savez, la capacité de récupération d’énergie est également importante pour un véhicule électrique. Sur le Grecale Folgore, elle peut être réglée sur quatre niveaux à l’aide des palettes au volant. Le stade le plus élevé permet même de conduire avec une seule pédale, ce qui signifie que le véhicule peut ralentir jusqu’à l’arrêt complet du véhicule. Voilà qui est intéressant!

Un assistant pour gérer la batterie

La célérité avec laquelle Maserati a appréhendé la technologie électrique force le respect. L’harmonisation de tous les composants semble très aboutie, tant au niveau de la transmission que de l’infodivertissement. Ainsi, le «Maserati Intelligent Assistant» surveille en permanence l’état de la batterie sur un itinéraire guidé par GPS et planifie les arrêts de charge nécessaires en tenant compte du courant disséminé par le conducteur, autrement dit en tenant compte de la consommation. Bien sûr, Maserati n’est pas la première marque à offrir une telle option. Néanmoins, cela démontre que l’enseigne a peaufiné les détails de son SUV.

Maserati souhaitant véritablement promouvoir le Grecale Folgore, elle a développé une application permettant d’accéder à 96,5 % des bornes de recharge publiques en Europe, et ce sans abonnement ni inscription. Le nom de cette application est «Maserati Public Charge». Actuellement, elle couvre plus de 650 000 points de charge, dont plus de 90 000 avec fonction de recharge rapide, où le Grecale Folgore peut se recharger à une puissance de 150 kW et ainsi remplir sa batterie de 20 à 80 % en 29 minutes. Sur une wallbox à courant alternatif, le chargeur embarqué peut atteindre 22 kW de série. Quatre modes de conduite sont disponibles: «Max Range», «GT», «Sport» et «Offroad». Le premier réduit la puissance et limite la vitesse maximale à 130 km/h afin d’optimiser l’autonomie, tandis que le second surélève la voiture de 60 millimètres pour éviter les situations embarrassantes lors des excursions en tout-terrain, qui seront forcément très rares au volant de ce SUV habillé en tenue de soirée.

Et la sportivité dans tout cela?

En mode «Sport», la voiture s’abaisse de 40 millimètres pour se rapprocher de la route. De plus, à l’extérieur comme à l’intérieur, un générateur de sons dissémine des vocalises ressemblant à celles d’un moteur à combustion. Bien sûr, le son n’est jamais aussi beau que celui du fameux V6 Nettuno du modèle haut de gamme Trofeo (voir RA 32/2023) ou que celui des anciens V8, mais il n’est pas pire que celui des variantes hybrides à quatre cylindres, dont les finitions sont désignées «GT» et «Modena».

De manière générale, le Folgore n’a pas grand-chose en commun avec ces deux variantes, hormis la forme de base et, bien sûr, l’aménagement intérieur. Non, son rival à lui, c’est davantage la version «Trofeo». Ce n’est en effet pas un hasard si le Folgore dispose de la même puissance (à peine 20 kW de plus) et que son prix est très similaire, le Folgore étant proposé à partir de 135 400 francs et le Trofeo à partir de 138 500 francs. En outre, les deux variantes sont aussi rapides l’une que l’autre, enfin, seulement jusqu’à 220 km/h. Ici, le V6 mordant à double allumage, là les machines électriques ronronnantes au son de canette. Ceux qui aiment les sensations de conduite de base des voitures électriques opteront pour le Folgore, les «petrolhead» pencheront davantage pour le Trofeo. C’est un peu comme une pizza: une pizza sans fromage n’est peut-être pas une vraie pizza pour la plupart des gens, mais elle peut être délicieuse si le reste de la garniture convient et si l’on peut vivre sans fromage ou sans véritable son de moteur dans l’exemple qui nous intéresse ici.

Pas seule sur le marché

La question de l’autonomie est souvent la plus pertinente pour les voitures électriques. Dans son dossier de presse, Maserati indique une autonomie de 426 à 501 kilomètres, pour une consommation de 24 kWh aux 100 kilomètres. Par une météo relativement clémente et douce, la consommation indiquée s’est généralement située dans cette fourchette, voire légèrement en dessous selon le style de conduite. Mais par les froides journées d’hiver en Suisse, le Grecale Folgore ne devrait pas pouvoir parcourir plus de 300 kilomètres. C’est la grande différence avec le Trofeo qui, lors de notre test, brûlait près de onze litres dans ses six chambres de combustion. Cela dit, grâce à son réservoir de 64 litres, il est capable de parcourir près de 600 kilomètres sans s’arrêter. Mais peut-être vaut-il mieux ne pas comparer le Grecale Trofeo et le Folgore.

Nous sommes en tout cas impatients de voir comment le trident électrique sera accueilli par les clients. Avec l’arrivée prochaine chez Porsche du nouveau Macan électrique, ils auront bientôt le choix entre deux véhicules assez similaires. Cela dit, sur papier, le best-seller allemand a déjà une longueur d’avance grâce à sa technologie 800 volts. Voilà qui pourrait bien cantonner le rôle du Grecale à celui de simple outsider.