À venir L’enseigne chinoise BYD s’apprête à faire son entrée sur le marché suisse. Et elle s’annonce fracassante, notamment grâce à son SUV électrique, baptisé «Seal U».
Le monde est en train de s’effondrer. Mais grâce à la force du soleil, nous pouvons le sauver: tel est le message que souhaite faire passer BYD. Voilà qui est plutôt ambitieux, pour une entreprise qui ne fait «que» construire des voitures, penserez-vous certainement. Reste que BYD n’assemble pas seulement des autos: l’enseigne chinoise construit aussi des trains, des bus, des camions, des batteries ainsi que des panneaux solaires pour alimenter le tout. Et BYD de parvenir à construire tout cela avec succès.
Lorsque le hub technologique qu’est la ville de Shenzen a appris que «son» constructeur automobile (BYD) avait remplacé Tesla à la place de plus grand producteur de voitures électriques, fin 2023, ce fut la sensation. Bien sûr, la plupart de ces véhicules ont été vendus en Chine, l’un des plus grands marchés mondiaux pour ce type d’automobiles. Mais il n’empêche, pour les habitants, le succès de BYD est une fierté. Il faut dire que BYD peut se targuer d’avoir récemment réalisé un grand nombre de jolies performances parmi lesquelles il faut nécessairement en citer deux: mise en service prochaine d’une première usine BYD extra-muros (elle sortira de terre en Hongrie) et lancement du premier des huit navires BYD dédiés au transport de voitures neuves. En matière de présence sur les marchés internationaux, BYD est déjà confortablement installé dans plusieurs pays européens. La Suisse de son côté devrait suivre ce printemps. C’est en tout cas qu’affirme Penny Peng, directrice Marketing & PR de BYD Europe.
Le confort avant le sport
Mais si les grands projets et les investissements importants sont une chose, les bonnes voitures en sont une autre. Et sans cela, il sera difficile pour l’enseigne chinoise de s’imposer sur le marché européen. Heureusement, des véhicules intéressants, le constructeur n’en manque guère. Avec la berline Seal, la marque avait déjà prouvé que ses véhicules jouissaient d’un certain potentiel. Ce n’est d’ailleurs pas sans raison que ce modèle s’est retrouvé sur la liste très convoitée des sept finalistes du «Car of the Year 2024», des véhicules qui se disputeront la couronne durant les deux prochains mois. Le résultat de cette bataille entre elle et ses concurrents européens, japonais et coréens sera révélé dans le cadre du GIMS, le Salon international de l’Automobile de Genève. Un évènement auquel le fleuron chinois a décidé de prendre part et où il annoncera officiellement le nom de l’importateur chargé de la distribution en Suisse. Contrairement à son concurrent Nio par exemple, BYD ne développe pas son propre réseau en Europe, mais travaille avec des importateurs expérimentés. En Suède et en Allemagne, il s’agit du groupe suédois Hedin, qui représente entre autres BMW en Suisse.
On ne sait pas encore quels modèles seront lancés sur le marché helvétique, mais le SUV Seal U sera très probablement de la partie. BYD en propose actuellement deux versions pour l’Europe: la variante «Comfort» avec une batterie de 71,8 kWh et la variante «Design», forte d’une batterie plus importante de 87 kWh. Dans les deux cas, une machine synchrone à aimantation permanente entraîne exclusivement l’essieu avant. Contrairement à la berline Seal, le SUV Seal U ne se distingue pas par son haut niveau de performances. En fait, il est plutôt raisonnable, puisqu’il met 9,3 s pour passer de 0 à 100 km/h dans sa version munie de la petite batterie, et 0,3 s de plus dans la variante pourvue de la grande batterie.
Comme à l’accoutumée, les différents modes de conduite proposés exercent une influence sur la puissance maximale disponible et surtout sur la courbe d’accélération. Jusque-là, rien de nouveau. En revanche, ce qui l’est, c’est que la totalité de la puissance n’est vraiment disponible que dans le dernier quart de la course de la pédale d’accélérateur, ce qui demande un certain temps d’adaptation, surtout pour s’insérer dans les giratoires ou sur les autoroutes. Le châssis et la direction ne sont pas influencés par les modes de conduite; quoiqu’il en soit, le châssis est réglé de manière confortable, ce qui se traduit par une forte prise de roulis du châssis dans les virages. Quant aux bosses et autres dos-d’âne, ils sont amortis en souplesse. De son côté, la direction est très molle, même en mode sport. Cela a au moins l’avantage de faciliter les manœuvres en ville. Le niveau de puissance du freinage regénératif peut être réglé sur deux niveaux, mais le «One-Pedal-Drive» n’est malheureusement pas possible.
Le U synonyme d’utilité
Avec ses 4,78 m de long et son empattement de 2,76 m, le Seal U est un SUV compact typique, aux proportions somme toute assez classiques. Son habitacle est de bonne facture, avec un mélange agréable de matériaux, même si l’enseigne renonce au cuir véritable. L’écran d’infodivertissement peut être pivoté de 90°, comme sur les autres BYD. De telle sorte, il peut être disposé en mode paysage ou en mode portrait. BYD estime avoir beaucoup écouté les réactions de la presse et de ses clients; des améliorations ont notamment été apportées aux systèmes d’assistance et aux commandes par rapport aux premiers modèles européens. L’assistant de trajectoire accompagne tranquillement le véhicule sur l’autoroute et le maintient au centre de sa voie. Dans le système d’infodivertissement, les fonctions les plus importantes sont accessibles via un raccourci. Néanmoins, sur certains aspects, les commandes doivent encore faire l’objet d’optimisations Un exemple? Le système d’infodivertissement ne dispose pas d’un «écran d’accueil» pouvant afficher simultanément le système de navigation et la radio. Par conséquent, il faut souvent sauter d’une application à l’autre.
Le «U» dans l’appellation Seal U signifie «Utility» et fait référence à la valeur d’usage accrue du SUV par rapport à la berline. Dans le SUV, les passagers disposent de beaucoup d’espace, même à la deuxième rangée: le volume laissé aux genoux des occupants arrière et le dégagement au niveau de la tête est généreux, même pour les grands gabarits. Le coffre, en revanche, se situe dans la moyenne avec un volume d’emport d’environ 550 litres. Mais les propriétaires de véhicules électriques le savent, la valeur d’usage la plus importante de leur auto concerne l’autonomie. Lors d’un premier essai effectué par des températures printanières, la version pourvue de la plus grande batterie a permis de parcourir environ 400 km. C’est certes moins que les 520 annoncés par le constructeur, mais c’est tout de même une belle performance. C’est plutôt la puissance de charge de 140 kW (ce qui est inférieur à la moyenne) qui s’avérera rédhibitoire puisqu’il faut 43 min pour que la batterie puisse passer de 10 à 80 %.
La nouvelle énergie
En Chine, les «New Energy» sont non seulement synonymes de véhicules électriques à batterie mais aussi d’hybrides plug-in (PHEV). A ce propos, il faut savoir que le Seal U se décline également dans une version PHEV dans l’empire du Milieu. Ainsi, si le boom du véhicule électrique devait ne pas avoir lieu comme prévu, BYD disposerait d’une autre flèche dans son carquois.
Il restera alors à adapter la stratégie de communication car dans ce contexte, l’annonce mirobolante expliquant que BYD est capable d’empêcher la fin du monde semblera dès lors un peu trop exagérée. On se pliera donc, bon gré mal gré, à la force de l’économie de marché, dans laquelle le profit prime sur le sauvetage… quand bien même c’est l’avenir de la planète qui est en jeu! Quoiqu’il en soit, il semble peu probable – pour le dire avec toute la prudence requise – que BYD puisse sauver le monde. En revanche, il est fort probable qu’elle rencontre un certain succès en Europe. Avec des véhicules comme le Seal U, il n’y a en tout cas aucune raison d’en douter.