Celle qui a surpris tout le monde

Peter Ruch | 07.03.2024

Renault 5 Turbo Le Turbo était le niveau de développement maximal de la Renault 5. Et il fascine encore aujourd'hui.

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Ce fut une drôle d’idée qu’eut Jean Terramorsi, alors vice-président de la production chez Renault, à la fin des années 1970: se lancer en rallye avec la R5! Il fallait donc positionner le moteur centralement! Pour cela, il demanda à son ami Marc Deschamps, qui travaillait chez Bertone, si tout cela était possible. Bertone réalisa l’auto, bien que le design final vint du grand maître Marcello Gandini en personne.

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La Renault 5 a bien servi de base à la Turbo. Le moteur a été déplacé vers le centre, le design signé Bertone, les joues se sont sérieusement épaissies et le comportement routier est devenu musclé.

Au premier coup d’œil, il n’est pas évident qu’une R5 a effectivement servi de base. Le moteur utilisé n’est autre que le fameux 1,4-litre de la R5 Alpine, mais gonflé par un turbo Cléon-Fonte. Cela suffisait pour garantir 160 ch et un couple maximal de 221 Nm! Sur le papier, les performances étaient tout à fait honorables, la R5 Turbo passant de 0 à 100 km/h en 6,9 secondes. L’aérodynamisme de la Française aux larges fesses (largeur de carrosserie: 1,75 m au lieu de 1,53 m pour le modèle de base) n’était pas la meilleure. Et du point de vue de l’agrément, la R5 Turbo était considérée comme plutôt difficile à conduire, avec une fois encore une tendance assez extrême à glisser dans les courbes. Après une brève sortie, nous ne pouvons pas confirmer cette réputation. Lorsque l’on suit une ligne propre, la Française s’en sort avec sa direction lourde, mais précise. Autre caractéristique: des bruits étranges permanents, un moulinage sauvage, ça siffle, ça gronde, ça couine. Mais cela favorise aussi la concentration du conducteur, qui est à chaque moment alerté pour savoir si tout fonctionne encore comme prévu. Reste que l’on ne comprend pas comment elle a été capable de gagner une course de Championnat du Monde des Rallyes, cette Renault 5 Turbo! Et pourtant, la petite Française en a remporté trois: le Monte-Carlo en 1981 (dès sa première apparition), le Tour de Corse un an plus tard et en 1985.

Vainqueur du Monte-Carlo

À son volant, Jean Ragnotti, celui qu’on a surnommé le «négociant en virages», maîtrisait la 5 Turbo comme personne. Il savait tirer le maximum d’une propulsion qui n’aurait dû avoir aucune chance face à la concurrence à quatre roues motrices. Rappelons qu’entre 1982 et 1986, on vit l’ère des monstres du groupe B. De plus, la R5 Turbo, avec son petit moteur de 1,4 litre, n’est même pas engagée dans la catégorie de cylindrée la plus élevée; en extrapolant le facteur 1,4, elle avait une cylindrée inférieure à deux litres. Et en 1981, lors de sa première victoire, seuls 180 ch assuraient sa propulsion!

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Pour la route, il y avait 160 ch, en mode course, le double était possible.

Les 400 premiers exemplaires ont été construits par Alpine à Dieppe (F): il s’agissait de respecter les prescriptions du groupe 4. Au total, exactement 4870 Renault 5 Turbo furent produites entre 1980 et 1986 (y compris la Turbo 2 que nous montrons ici, mais qui ne se distingue de la Turbo 1 que par de petits détails). On peut supposer que l’Alpine A290, annoncée depuis longtemps et entièrement électrique, devrait suivre les traces de la Turbo. Sans moteur central toutefois. Et sans cet extraordinaire bruit de fond.

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La Renault 5 Turbo fascine encore aujourd'hui par son comportement routier.

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