Lundi matin : Alfa Romeo C52 "Disco Volante"

Fin 1951, Alfa Romeo s'est officiellement retiré, laissant le champ libre à un certain Enzo Ferrari, qui avait travaillé de nombreuses années pour les Milanais en tant que directeur de course. Ferrari a également emmené avec lui à Maranello une grande partie des meilleurs collaborateurs du département course. Mais il y avait encore les Mille Miglia, qui, pour une marque italienne comme Alfa Romeo, étaient aussi importantes que la Formule 1 et les 24 heures du Mans. Alfa Romeo avait dominé cette course organisée depuis 1927, remportant 10 victoires au total entre 1928 et 1938, et s'était également classée première en 1947, lors de la première édition après la guerre. Mais ensuite, justement : Ferrari.

Mais Alfa ne voulait pas s'avouer vaincu, même si l'argent était rare à l'époque. Les Milanais continuaient à jouir d'une excellente réputation, et il y avait d'autres champions italiens dans leur domaine qui ne voulaient ou ne pouvaient pas faire face au "Commendatore" de Maranello, parfois un peu trop charismatique. Et Milan, c'était une fierté toute particulière, il fallait faire quelque chose contre les arrivistes d'Émilie-Romagne (et contre Turin de toute façon, pour toujours et à jamais). C'est donc en secret que Carlo Felice Bianchi Anderloni, chef du maître designer milanais Touring, son designer Federico Formenti et, en tant qu'émissaire d'Alfa, Gioacchino Colombo se sont rencontrés. Colombo avait travaillé pour Alfa depuis le milieu des années 20, était responsable de la légendaire P2 avec Vittorio Jano, avait connu ses grandes années dans les années 30 (avec Enzo Ferrari comme directeur de course). Il avait suivi Ferrari à Maranello après la Seconde Guerre mondiale, y avait construit le V12 de 1,5 litre qui est entré dans l'histoire sous le nom de moteur Colombo et a assuré la propulsion de Ferrari pendant 15 ans dans les versions les plus diverses. Mais il s'est énervé lorsqu'Aurelio Lampredi a reçu la mission de développer un moteur de Formule 1 pour Ferrari et est donc retourné à Milan.

Touring a pu offrir à Alfa quelque chose que personne d'autre n'avait : la construction Superleggera, une construction à cadre tubulaire particulièrement légère et pourtant étonnamment solide. La suite de l'histoire reste obscure. Alors que Touring est persuadé d'avoir pris la plus grande part dans la C52 présentée en 1952, les livres d'histoire d'Alfa affirment que le design de la voiture, qui deviendra plus tard célèbre sous le nom de "Disco Volante", soucoupe volante, est né chez Alfa, sous la responsabilité d'Orazio Satta Puliga. Le rôle de Colombo n'est pas non plus très clair, car il est passé chez Maserati dès le début de 1953. Mais en 1952, une autre pointure est arrivée chez Alfa, Carlo Chiti, et c'est à lui qu'est attribué, du moins par Alfa Romeo, le mérite d'avoir mis la C52 sur la route. La vérité, supposons-le, se situe probablement une fois de plus quelque part entre les deux.

Ce qui est sûr, c'est que Touring a construit la C52. Il est également certain que des modèles de la voiture ont été testés en soufflerie, que Touring a pu apporter quelques modifications afin d'améliorer la sensibilité de la voiture au vent latéral. Ce qui n'est pas certain, c'est combien de "Disco Volante" ont été créées en 1952. Les livres d'Alfa Romeo ne mentionnent que deux exemplaires, mais Touring pense qu'il y en a eu six. Ce qui est sûr en revanche, c'est que deux exemplaires ont été construits avec un empattement court (2,22 mètres) et équipés d'un quatre cylindres de 1,9 litre qui développait une puissance étonnante de 158 ch à 6500 tr/min. Ce moteur provenait de la série 1900, mais il était équipé d'une culasse en alliage léger et l'alésage était passé de 82,5 à 85 millimètres. Le véhicule ouvert, qui ne pesait que 735 kilos, avait un coefficient de pénétration dans l'air de 0,30 et atteignait une vitesse de pointe de 225 km/h. Les exemplaires 52 n'ont toutefois pas été utilisés en course.

1953 devait être la grande année de la C52. Mais ce ne fut pas le cas. Le roadster fut accompagné d'une version coupé, on lui installa les grands six cylindres de 3,6 litres de cylindrée, mais c'est une autre histoire que nous allons raconter. Les véritables "Disco Volante" disparurent de la scène, elles ne devinrent célèbres que plus tard : en tant qu'objets de design. La C52 n'a d'ailleurs reçu son nom qu'après coup, probablement même aux États-Unis ("Flying Saucer"), où régnait une grande hystérie autour des OVNI dans les années 50. L'appellation d'origine, C52, rendait certes justice au millésime de la construction, mais pas à sa beauté.

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