Bedford CA Dormobile – Bed and Breakfast

Martin Sigrist | 24.05.2024

Le Bedford CA est aussi grand qu’un Combi VW, a la même cylindrée et un habitacle tout aussi polyvalent, mais dispose de plus de puissance, tout en étant bien plus à part.

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La maison est là Sur la surface d'une voiture de tourisme, le Dormobile offre beaucoup d'espace intérieur. La table et les chaises proviennent du coffre de toit, la bière de la glacière.

Bedford CA Dormobile

Une précision s’impose d’emblée: la marque Bedford appartenait au groupe américain General Motors. L’enseigne était autrefois l’une des grandes marques de véhicules utilitaires légers, moyens et lourds. Elle a été fondée sous son nom générique (le site de l’usine de Luton faisait partie du comté de Bedfordshire jusqu’en 1997, avant de devenir une municipalité à part entière) en 1931 en tant que division utilitaire de Vauxhall. Ce constructeur, fondé en 1905, est ensuite entré dans le giron de General Motors en 1925. Luton construit toujours des véhicules utilitaires à l’heure actuelle. D’ailleurs, Stellantis, propriétaire de Vauxhall, prévoit d’y produire les fourgonnettes électriques de taille moyenne de Peugeot, Citroën, Vauxhall/Opel et Fiat à partir de 2025. Mais en 1952, lorsque le Bedford CA a été mis en production à Luton, PSA n’existait pas encore, bien évidemment.

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Pendant la Seconde Guerre mondiale, la marque Bedford s’est fait une belle place en vendant des camions légers et moyens et pas moins de 5000 chars Churchill. Elle s’est ensuite attelée à relancer l’économie britannique, et à cette époque, le Bedford CA était l’un des monospaces les plus modernes du marché. Il a d’abord été équipé du moteur 1,5 litre du tout aussi nouveau Vauxhall Wyvern EIX, qui développait 52 ch dans le CA, ce qui est beaucoup par rapport aux 25 ch d’un VW Combi ou aux 35 ch d’un Citroën Type H. Les portes coulissantes dédiées au conducteur et au passager avant étaient un atout, à l’instar de la suspension indépendante à l’avant. À ce propos, il convient de noter que l’incarnation de la «camionnette qui se conduit comme une voiture de tourisme», le Ford Transit, sorti en 1965 pour les marchés britannique et européen, disposait encore d’un essieu rigide à l’avant.

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Vans moins taxés

À l’époque, en Grande-Bretagne, un van était moins cher qu’une voiture de tourisme comparable, car les véhicules utilitaires n’étaient pas soumis à la même taxe. Les breaks et les fourgonnettes de transport de personnes étaient en effet soumises à une taxe s’élevant à environ un tiers du prix d’achat, ce qui aurait pu être néfaste pour ce segment. Ainsi, de nombreux petits artisans et autres pères de famille étaient incités à acheter un van plutôt qu’une voiture et à le transformer. Équipé de sièges rabattables et de fenêtres supplémentaires, il offrait en semaine de belles capacités de transport et un certain confort pour la famille le week-end. L’entreprise Martin-Walter, située à Folkestone, était connue pour adapter les utilitaires en camping-cars polyvalents. Fondée en 1773, date à laquelle elle fabriquait des brides (destinées à guider les chevaux), l’entreprise s’était réorientée vers la construction de carrosseries pour véhicules à moteur au début du 20e siècle, à l’instar de nombreux constructeurs de calèches. Après la disparition progressive de l’assemblage automobile traditionnel avec châssis séparé après 1945, Martin-Walter s’est concentré sur les utilitaires, qu’il transformait de fond en comble selon les souhaits de sa clientèle.

Les affaires étaient florissantes, mais l’administration fiscale s’inquiétait de l’échappatoire que constituaient les fourgons aménagés. C’est pourquoi Martin-Walter a proposé, en plus des sièges rabattables, des meubles encastrés, une petite cuisine ainsi qu’un toit relevable, ce qui a encore augmenté les possibilités de transformations en véhicules de loisir. Les constructeurs et les autorités ont donc négocié en bonne intelligence: si des équipements tels qu’un lit et une cuisine étaient présents à bord, les véhicules étaient considérés comme des véhicules de loisirs et restaient exonérés de taxe. Conséquence: un Bedford CA, par exemple, ne coûtait pas plus cher qu’un Vauxhall Victor comparable en tant que camping-car Dormobile.

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Des loisirs plus importants

Mais grâce à ses astucieux sièges rabattables, la Dormobile restait une quatre-places à part entière – les affaires commençaient à décoller avec l’éveil de la société des loisirs au début des années 1960, et le CA, qui pouvait se targuer d’être le plus agréable des monospaces britanniques grâce à sa conception et à son museau court, devint le camping-car le plus plébiscité dans le pays. À tel point que le terme Dormobile fut souvent assimilé au CA, même le VW Transporter existait en version transformée Dormobile. Dans les années 1960, une personne intéressée, près de Winterthur (ZH), a commandé un Bedford CA Dormobile. En 1966, GM Suisse à Bienne (BE) a donc livré un tel véhicule à un concessionnaire Opel/Vauxhall local après l’avoir transformé pour le marché suisse – en tant que véhicule ultra-rare à conduite à gauche. Le CA a été utilisé jusqu’à la fin des années 1990, mais les kilomètres se sont accumulés plutôt lentement. Ensuite, le véhicule a fini caché sous une bâche au bord d’une route principale. C’est là que le propriétaire actuel, Jean-Pierre Molliet, l’a découvert il y a une vingtaine d’années. Après quelques tergiversations, il a fini par acheter la voiture, déjà endommagée par des vandales mais toujours complète, au fils du premier propriétaire.

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Une nouvelle vie

La remise en état a duré environ trois ans, y compris l’achat d’un nouveau pare-brise, ce qui a été plus facile que prévu. Il faut dire que les pièces dites d’usure se trouvent assez facilement, ce qui n’est pas le cas des pièces pour Vauxhall de la même époque. Ainsi, le Bedford CA Dormobile de 1966 a repris la route en 2012. Mais depuis lors, Jean-Pierre Molliet lui a épargné les grands voyages. «Le van n’a même pas de vignette autoroutière, nous ne sommes pas allés très loin avec. Et il est longtemps resté au musée Erwin-Hymer de Bad Waldsee, en Allemagne», raconte le propriétaire. Qui sort une petite table et des chaises de la caisse du toit et nous sert une bière après avoir installé sa voiture au bord de l’Aar.

L’occasion parfaite d’admirer ce van remarquable. Qui cache par ailleurs bien son jeu; Jean-Pierre Molliet ne s’est pas contenté de restaurer les sièges pliants, les armoires en bois et les petites tables, il a également refait la cuisine complète comprenant entre autres un véritable four! Bien sûr, au-dessus, le toit est pliant. En outre, le van aménagé a reçu des appendices arrière supplémentaires en plastique, ce qui est à peine croyable. Le CA semble ainsi un peu plus allongé et moins vieillot qu’il ne l’était au milieu des années 1960, après plus de 13 ans de production.

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Jean-Pierre Molliet a découvert le Bedford délabré en passant en voiture et a remis le camping-car en état de sa propre initiative.

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British Lifestyle En position de conduite, le CA est un spacieux quatre places. La première immatriculation suisse rend le Dormobile unique en son genre. Un facteur de coolitude à haute dose grâce aux portes coulissantes. Beaucoup d'espace de rangement grâce à l'ameublement continu. Meilleure vue à l'étage supérieur. Chaque centimètre est utilisé pour vivre dans le CA.

Le confort en plus

Le Dormobile est très confortable et accueillant, ce qui contraste avec certains monospaces d’aujourd’hui, qui ressemblent plus à des monstres qu’à des voyageurs. Lorsque le toit est relevé, le volume de l’habitacle est doublé et les fenêtres encastrées dans la coque du toit apportent beaucoup de lumière. Grâce au toit escamotable, les quatre passagers peuvent également dormir dans la Dormobile, qui dispose de deux couchettes supplémentaires en forme de hamac dans la découpe du toit. Les sièges avant et arrière, astucieusement rabattus, pliés et repliés, forment une autre grande surface de couchage d’une seule pièce. Ce qui surprend vraiment en regardant le CA, c’est la facilité d’accès au véhicule: en effet, les portes coulissantes libèrent une ouverture plus que généreuse et permettent en outre de rouler avec les portes ouvertes (voir photo ci-dessus).

On ne peut s’empêcher de se remémorer le VW Fridolin des PTT de l’époque. L’idée d’avoir de l’air chaud autour des jambes en longeant les côtes de la Méditerranée ouvre l’appétit. Avec une cuisinière à deux feux et un four, il serait possible de préparer un grand menu dans le véhicule anglais compact, la bouteille de gaz étant encastrée dans le plancher. Si vous voulez combiner les vacances en famille et le plaisir de conduire un véhicule ancêtre, il vous faut à tout prix acheter un camping-car classique. Car oui, le Bedford CA sera toujours un compagnon fidèle à l’heure de découvrir le monde. 

Photos: Vesa Eskola

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Technique VP Pendant ses 17 années de production, la base technique du Bedford CA était constituée par les voitures de tourisme de la maison mère Vauxhall. Le moteur de 1,6 litre et 54 ch est assis aux pieds des passagers dans le véhicule court.

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