De nouveaux trésors à voir à Lucerne

Martin Sigrist | 21.03.2024

Plus d'un million de visiteurs se sont offerts une excursion au Musée Suisse des Transports en 2023. Les fans de voitures trouveront leur compte dans la halle rafraîchie du trafic routier.

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Réunis Paul Berger (à droite et à gauche) et Peter Monteverdi (au centre) sont à nouveau ensemble au milieu de leurs voitures depuis le mois de mars au Musée des Transports.

Musée des Transports de Lucerne

Depuis que le Monteverdi-Automuseum de Binningen (BL) a fermé ses portes, le Musée Suisse des Transports de Lucerne est le gardien de tout ce qui faisait la fierté de la Fondation Peter Monteverdi. Le dernier constructeur automobile de renom en Suisse fait l’objet d’une exposition permanente au premier étage de la halle dédiée au trafic routier, une exhibition qui a été repensée et complétée par quelques points forts. Le nouvel élément le plus visible est une grande photographie du «High Speed Bar», un établissement au look typique des années 1980, que Peter Monteverdi avait inauguré en 1982. Devant, un canapé en cuir rouge invite les visiteurs à se prélasser et à mieux profiter de l’exposition, qui met en avant les œuvres de Peter Monteverdi et de son partenaire, Paul Berger. Lors de l’inauguration début mars, Paul Berger, protecteur de l’œuvre du garagiste, mais aussi constructeur automobile et propriétaire d’écuries de course bâlois, s’est montré visiblement amusé par son double réalisé en carton.

Autre nouveauté: un coin consacré aux véhicules tout-terrain de Monteverdi. Alors que personne ne parlait encore de «Sport Utility vehicle» dans les années 1970, Peter Monteverdi, lui, eut l’idée géniale de surmonter la crise des voitures de sport – conséquence du choc pétrolier – avec une version luxueusement modifiée de l’International Scout. Ainsi naquit le Monteverdi Safari. Visiblement fier, Paul Berger raconte comment, lors de la première du Safari au Salon de l’Automobile de Genève, il reçut, dès le premier jour, pas moins de 36 commandes. Pas mal pour une voiture qui coûtait environ 65 000 francs à l’époque.

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Monteverdi Safari et Range Rover quatre portes en réponse à la crise pétrolière

A côté du Safari se trouve un Range Rover. Celui-ci permet d’expliquer les talents de visionnaire de Monteverdi comme le raconte Paul Berger: à l’époque du lancement du Range en 1970, British Leyland ne prévoyait pas de commercialiser le 4x4 autrement qu’en trois-portes. Pas pour des raisons techniques mais tout simplement parce que les Britanniques n’avaient pas le budget nécessaire pour développer une version cinq portes (même s’ils ne l’ont jamais présenté comme cela, bien évidemment). Peter Monteverdi y vit là une opportunité et construisit 167 versions quatre portes du véhicule, qui fut vendu par l’intermédiaire du réseau officiel de concessionnaires. Deux d’entre eux furent même acquis par la famille royale britannique. Voyant le succès, British Leyland racheta la licence de Monteverdi en 1981 pour assembler lui-même la version cinq portes.

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La Monteverdi Sierra - basée sur la Dodge Aspen - est restée une pièce unique en tant que cabriolet.

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La voiture préférée de Paul Berger : sa Monteverdi High Speed 375L bleue avec une carrosserie de Fissore.

En son et en images

Il va de soi que les deux modèles les plus ambitieux du constructeur sont exposés. Ceux-ci ne sont autres que la High Speed 375 ainsi que sa déclinaison limousine 375/4. A la grande déception de Peter Monteverdi et de Paul Berger, cette dernière ne fut jamais promulguée véhicule officiel du Conseil fédéral. À côté de la limousine se trouve une Monteverdi Sierra Cabriolet, une voiture pour laquelle Monteverdi n’avait pas beaucoup de sympathie, selon Berger. Et pour cause, la tentative de construire une voiture de luxe européenne sur la base de la Dodge Aspen, voiture américaine de grande série destinée à la classe moyenne, n’a pas eu autant de succès que le Safari.

Dans un autre coin du musée, le visiteur trouvera la dernière partie de la grande exposition spéciale consacrée aux 75 ans de Volkswagen en Suisse. Celle-ci met en lumière les véhicules exceptionnels de la firme de Wolfsburg et leurs dérivés, joliment mis en scène dans l’Autotheater. Là, l’ascenseur de stockage automatisé de la Halle du Transport Routier tire littéralement des véhicules sélectionnés des étagères et les place sur la scène tournante de l’auditorium. Les histoires de six pièces d’exposition sont racontées avec des images, du son et des films. Est notamment contée l’origine des Beach Buggys, qui sont devenus si populaires en Suisse à la fin des années 1960. Le projet que l’ETH Zurich a développé avec VW en 1991 est également développé. Ensemble, ils avaient transformé une petite flotte de Golf 2 en véhicules hybrides Diesel, mettant cette technologie à l’épreuve du quotidien. Comme cela est raconté, la technologie des batteries n’était pas encore adaptée aux nombreux cycles de charge et de décharge en ce temps-là, mais les connaissances acquises du côté des moteurs Diesel ont tout de même permis de faire avancer la technologie.

À voir jusqu’à fin avril

Les explications de Martin Haefner, propriétaire d’Amag, sur la VW XL1 sont tout aussi passionnantes. Son exemplaire de la petite voiture d’un litre, qui n’a été construite qu’à 200 exemplaires dans le monde, est celui qui a parcouru le plus grand nombre de kilomètres. A ses côtés trône le T2b de 1979 du garagiste d’Aarberg Andreas Weibel. Celui-ci se distingue par le fait qu’il ait été transformé, le 1,6 litre et 50 ch ayant été déposé au profit d’une machine électrique de 120 ch. «Il profite désormais d’une autonomie de plus de 500 kilomètres au lieu des 350 à 400 que permet le réservoir d’essence de 40 litres. Et il accélère de 0 à 100 km/h en à peine douze secondes au lieu d’une demi-éternité», s’amusait ce Bernois du Seeland lors du vernissage. Lorsque la voiture n’est pas au Musée, il l’utilise tout à fait normalement. L’exposition spéciale VW dure jusqu’à fin avril.

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La ZARP était la première voiture de course de Formule Vau construite en Suisse.

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La voiture d'un litre VW XL1, qui appartient au propriétaire d'Amag Martin Haefner, fait actuellement partie de l'exposition spéciale VW à l'Autotheater.

Un record suisse

En 1992, l’équipe «Swissrocketman» était parvenue à décrocher un record au «Guinness World Records» grâce à son véhicule-fusée Waterthunder. Ce dragster avait alors atteint la vitesse record de 343,52 km/h en seulement 2,5 secondes. Ce qui se traduit par une accélération de 0 à 100 km/h en 0,72 seconde seulement! Le projectile à six roues était propulsé par une fusée à eau qui fonctionnait comme suit: de l’eau est chauffée à 260 degrés dans un réservoir sous pression, à plus de 60 bars. Celle-ci est ensuite envoyée à travers la tuyère de la fusée, générant une poussée capable de propulser l’engin à une vitesse complètement folle. Andy Ochsner, le pilote de l’époque, se souvient: «Une fois que vous aviez appuyé sur le bouton, vous ne pouviez plus faire marche arrière. La partie la plus éprouvante pour les nerfs au cours des quelque 60 courses effectuées était les deux secondes environ entre le déclenchement et la réaction de la fusée à vapeur. Après cela, des forces d’accélération d’environ 8 g s’exercent sur le corps». Signalons encore que le secteur des motos suisses retrouve lui aussi son écrin après ces travaux de rénovation.  

www.verkehrshaus.ch

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"Un coup de pied dans le dos comme dans un carambolage", le Water Thunder a accéléré à cent en moins d'une seconde grâce à sa fusée à vapeur.

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Photos: Verkehrshaus der Schweiz

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Paul Berger, l'associé de Peter Monteverdi et Daniel Geissmann du Musée des Transports (à droite) lors de l'inauguration.

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Simulateurs pour des courses de montagne réalistes sur des cols suisses.

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