Conduire, quoi d’autre?

Martin Sigrist | 25.01.2024

Classique au quotidien Un ancêtre en hiver, un non-sens? Pas pour Romy Helfer, qui conduit sa Mini toute l’année.
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Au quotidien Le propriétaire Romy Helfer désirait rouler en ancêtre au quotidien, non seulement pour le plaisir mais aussi pour faire de la publicité pour son atelier de graphisme.

Les images que vous avez sous les yeux ont été traitées par Romain «Romy» Helfer. Ce Saint-Gallois dirige un atelier de communication visuelle à Goldach (SG), au bord du lac de Constance: «Tatort 12». Collaborateur de la Revue Automobile, la rédaction le croise généralement à l’occasion d’événements particuliers, comme le repas de fin d’année. Et dans un groupe de passionnés de voitures, de sport auto et de technique comme le nôtre, il n’est guère surprenant qu’après quelques discussions sur le travail à proprement parler, les conversations prennent une autre voie. C’est ainsi que ce collaborateur nous a soudainement appris, de manière inattendue et désinvolte, qu’il conduisait une vieille Mini. En raison de l’histoire du constructeur de la banlieue d’Oxford (GB), aujourd’hui passé aux mains de BMW, nous pensions qu’il roulait dans une Mini «R50» ou «R56», dotée d’un moteur Chrysler, voire Peugeot. Mais lorsque le nom du constructeur de la Mini en question a été évoqué, ce fut l’étonnement: «British Leyland, BL!» Que les conducteurs de «vraies» Mini nous pardonnent, mais ces mots sortis de la bouche de Romy Helfer: «Je conduis une Mini BL de 1977 au quotidien», nous ont fait dresser l’oreille. Notre collaborateur fait donc partie d’un petit groupe d’intrépides qui, été comme hiver, utilisent une petite Britannique qui n’est pas réputée pour sa robustesse.

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Restaurée et modifiée

La Mini de Helfer est née durant l’une des périodes les plus sombres de l’industrie automobile britannique. Fin 1974, British Leyland est au bord de la faillite. L’État aide alors financièrement son plus grand producteur de voitures (1975) et fait passer au crible la construction quasiment inextricable en provenance de plus de 40 sites différents. Il en résulte de vastes restructurations, chacune accompagnée de grèves et du mécontentement des ouvriers, avec les conséquences que cela implique pour la qualité. Les lecteurs plus âgés se souviennent qu’à l’époque, l’importateur suisse Emil Frey avait même tenté de rattraper les pires erreurs anglaises avec son «Swiss Finish». En 1977, à Longbridge, désormais seul lieu de production de la Mini, on commença pour la première fois à réfléchir sérieusement au marketing… 18 ans après la première présentation, en 1959!

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Habitacle Sièges en cuir véritable issus d’une Mini de la dernière série. Tableau de bord typique avec compteur central. Le volant est disposé horizontalement, très légèrement incliné vers le conducteur. Traces d’utilisation quotidienne.

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Le point fort de la Mini: il est également possible de s'installer sur la banquette arrière pour des trajets plus courts.

Les connaisseurs ont reconnu depuis longtemps que la Mini 1000 du Saint-Gallois ne ressemble plus à celle qui a quitté l’usine en 1977. Cette voiture a été restaurée en profondeur et repeinte en noir; de plus, elle a été abaissée au minimum et repose sur des roues de douze pouces, au lieu de dix. «Les sièges? C’était une blague! Lorsque j’ai acheté la voiture il y a sept ans, elle était homologuée en tant que deux-places, avec des sièges de course si imposants qu’ils touchaient le toit lorsqu’ils étaient rabattus vers l’avant. L’espace vide derrière n’était pas du tout accessible», explique Helfer. «Par hasard, j’ai rencontré un collectionneur de Mini dans le cadre de mon travail. Lorsque je lui ai demandé s’il avait des sièges convenables, il m’a répondu qu’il avait un intérieur complet, banquette arrière comprise. Issu d’une voiture accidentée de 2000, une Cooper classique de toute dernière génération, il était démonté. Les sièges en cuir intégral (!) ne m’ont pas coûté plus de 500 francs. Et l’administration a volontiers accepté de réinscrire ma voiture en tant que quatre-places. Le responsable m’a seulement dit que je devrais alors voyager léger si quatre grands gaillards décidaient de monter ensemble en voiture», rigole Helfer. Avec un poids à vide d’environ 620 kg et un poids total de 1000 kg, une Mini présente toutefois un excellent rapport poids/performance.

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La rehausse de toit légère est maintenue en place par des aimants.

Moyen de transport, support publicitaire

Romy Helfer a construit lui-même la décoration du toit: «Il n’est bien sûr pas éclairé, comme l’exige la réglementation. La petite caisse est maintenue par des aimants et deux supports sur la gouttière.» C’est bien entendu les fameux taxis londoniens qui lui ont servi d’inspiration. Les puristes peuvent être dérangés par cette pièce rapportée, mais elle est l’expression de ce que cette Mini est pour son propriétaire: un véhicule ludique, qui n’engloutit pas de trop grosses sommes d’argent et qui est capable de voyager d’un point A à un point B. Il ne s’agit généralement que du conducteur, parfois de son gros chien sur la banquette arrière. La motivation d’achat? Elle est simple: «J’ai toujours voulu une voiture classique, avec du caractère. Et la Mini en a à revendre.»

Pour les transports plus importants et les longues distances, le ménage de Romy Helfer dispose d’une deuxième voiture, celle de sa femme: «Sur l’autoroute, la Mini est bruyante, c’est infernal. À 130 km/h, elle est tout simplement insupportable», lance Helfer dans un haussement d’épaules. Mais avec les 41 ch d’origine du moteur BMC-A monté transversalement et la boîte à quatre vitesses (rapports courts), la voiture se déplace avec une grande agilité. La Mini rebondit sur les bosses grâce à ses ressorts en caoutchouc. Elle est néanmoins capable de s’accrocher à la route comme un kart. Le conducteur, lui, est suspendu au-dessus du volant horizontal, dans un style typiquement Mini, passant les rapports grâce à une boîte qui partage son carter d’huile avec celui du moteur. Oh, comme il est aisé de comprendre la passion de Romy! 

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Tout en travers Chez le pionnier du moteur transversal, même le radiateur se trouve pour ainsi dire au mauvais endroit - et tout l'allumage dans les éclaboussures.

Fiche technique

British Leyland Mini 1000 1977

Moteur L4, transversal AV (BMC A), 998 cm³, alésage×course 64.6×76.2 mm, ACT, 41 ch (30 kW) à 5100 tr/min, 68 Nm à 2700 tr/min.

Transmission Boîte de vitesses à 4 rapports, circuit d’huile commun avec celui du moteur, traction.

Châssis AV: double bras transversal, barre de traction, ressorts coniques en caoutchouc; AR: bras oscillant longitudinal, ressorts coniques en caoutchouc, direction à crémaillère, 4 freins à tambour.

Carrosserie En tôle d’acier autoportante avec faux-châssis avant et arrière. 4 places.

Performances 0–100 km/h en 17’’, 130 km/h.

Nombre d’unités 5,3 millions (1959-2000).

Prix 500 livres sterling (1959), en Suisse (1977) 7990 Francs.

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Photos: Vesa Eskola

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