Peu importe leur âge, les hommes aiment bien se mesurer les uns aux autres. J’en veux pour preuve le pari que j’ai fait avec mon collègue Klaus Justen lors du repas de Noël de l’année dernière. Peut-être un peu ... parce que la soirée était bien arrosée. En tout cas, lui et moi sommes en désaccord sur l’évolution du marché des véhicules électriques en Suisse. Voyez plutôt. Pour ma part, je pense que la part des véhicules entièrement électriques BEV ne dépassera pas 25 % des nouvelles immatriculations cette année, mais il est certain qu’au moins une voiture sur quatre nouvellement immatriculée sera entièrement électrique. La question la plus importante, indépendamment de ce pari, est de savoir quel est le futur de la voiture.
En janvier, la tendance était déjà à la baisse pour les voitures électriques à batterie, leur part de marché n’étant que de 15,5 %. À titre de comparaison, elle était de 20,9 % sur l’ensemble de l’année 2023. Ai-je donc déjà gagné mon pari? Disons que l’année vient de débuter et l’on trouve des raisons pour expliquer ce ralentissement. Les importateurs et les concessionnaires ont racheté de nombreux véhicules électriques à la fin de l’année dernière, afin de maintenir les émissions moyennes de CO2 de leur marque à un niveau aussi bas que possible, et d’éviter ainsi de payer des pénalités drastiques à la Confédération. Bien sûr, les propriétaires de maisons individuelles qui ont installé des panneaux photovoltaïques sur leur toit, ou qui prévoient de le faire – de préférence en combinaison avec une batterie de stockage – peuvent être considérés comme des acheteurs potentiels, s’ils ne possèdent pas déjà une électrique. Et les entreprises dont le cahier des charges prévoit une réduction des émissions devraient elles aussi se tourner vers l’électrique lors du prochain renouvellement de leur flotte. Si ce n’est déjà fait pour certaines d’entre elles.
Mais les autres? Les centaines de milliers de locataires qui ne disposent pas d’une place de parking ou qui n’ont qu’une place sans prise de recharge? La plupart d’entre eux attendront encore, pas seulement 2024, mais bien plus longtemps. En effet, l’infrastructure de recharge publique est à la traîne, la technologie des véhicules électriques ne cesse de s’améliorer, mais les modèles électriques sont actuellement nettement plus chers que les thermiques comparables.
Je l’ai déjà écrit ici la semaine dernière, et je le réécris une nouvelle fois: il faut à tout prix que l’on puisse continuer à acheter des véhicules thermiques neufs au-delà de 2035. Sinon, cela sera la fin de l’abondance automobile dans notre société.