Coïncidence: le référendum gauche-vert contre l’extension des autoroutes a été déposé au même moment que l’annonce faite par l’Office fédéral du développement territorial sur l’augmentation des voyages en train, essentiellement due au tunnel de base du Gothard. C’est non seulement un timing malheureux pour les opposants à la voiture mais aussi pour tous ceux qui souhaitent prendre l’argent de la route avant de s’en servir pour subventionner le train et pour ceux qui répètent sans cesse que ce n’est qu’en investissant encore plus dans les transports publics que l’on pourra enfin inciter les automobilistes, décidément très lents à la détente, à prendre le train. Tout cela dans le but d’agir pour la protection du climat. Bien entendu, le terme «investissement» est en soi un euphémisme, car il sous-entend qu’il y a une sorte de retour d’argent. Ce qui n’est pas du tout le cas pour les chemins de fer.
Oui, c’est pile au moment de ce référendum que l’Office fédéral du développement territorial explique que grâce à l’ouverture du tunnel de base du Gothard, un projet monstre qui a coûté 12, 2 milliards de francs, le trafic ferroviaire en direction du sud a augmenté de 25%. Un joli succès! Evidemment, ce que l’Office ne dit pas, c’est que le trafic automobile à travers le Gothard a lui aussi augmenté durant la même période.
Cette omission n’est pas faite parce que les opposants à la voiture seraient trop stupides pour connaître la vérité. Elle est faite sciemment dans l’espoir que nous autres, automobilistes, soyons trop stupides pour remarquer le mensonge. Afin de nous inciter à croire que le développement du rail réduirait bel et bien le trafic routier. Si l’on investit effectivement aujourd’hui les cinq milliards prévus pour l’extension des autoroutes dans les transports publics, tout ce que nous aurons au bout, ce sera davantage de trafic ferroviaire et surtout des routes engorgées.
Que les défenseurs du climat, issus du camp gauche-vert, se réjouissent qu’il y ait davantage de trafic simplement parce qu’il se fait par le rail, est pour le moins navrant. En effet, ce que l’Office ne dit pas non plus, c’est que plus de rail, c’est aussi plus de trafic. Et celui-ci entraîne lui aussi des rejets de CO2.
