Olivier Derard | 09.05.2024
Analyse Et si la participation confirmée de BMW au Mondial de Paris entraînait un retour massif
des constructeurs au GIMS 2025? La RA a fait le tour des popotes, pour sonder qui en serait...
La bonne nouvelle est tombée au début du mois dernier: «BMW Group a le plaisir d’annoncer son retour, avec ses marques BMW, Mini, et BMW Motorrad, au prochain grand rendez-vous français, le Mondial de l’Automobile, qui se tiendra à Paris du 14 au 20 octobre 2024». Un constructeur automobile allemand qui prend la décision de participer au salon international français? L’annonce a fait l’effet d’une petite bombe dans le milieu. Et si cet évènement marquait le retour des constructeurs sur ce genre de shows, et s’il s’agissait là du premier domino d’une réaction en chaîne qui ferait revenir les constructeurs à Genève en 2025? C’est avec cette question en tête que la Revue Automobile a interrogé les importateurs helvétiques.
En premier lieu, c’est Renault qui a fait l’objet d’une sollicitation. Et pour cause, si BMW ne souhaite pas s’étendre sur les raisons qui l’ont poussé à prendre part au Mondial de Paris, il va sans dire que la visibilité obtenue par la firme au losange lors du GIMS 2024 a certainement dû influencer la décision de l’enseigne bavaroise: «Le nombre élevé de visiteurs à Genève et l’accueil exceptionnel réservé à nos premières mondiales (ndlr: en premier lieu la Renault 5 électrique) prouvent que les Salons de l’automobile restent un lieu très important où constructeurs et visiteurs peuvent partager leur passion pour les voitures», explique Marc Utzinger, porte-parole de Renault en Suisse. Évidemment, la présence de Renault à Genève en 2025 n’a pas encore été confirmée. Néanmoins, il y a fort à parier que le losange en sera, Marc Utzinger précisant que le manufacturier français sera de la partie dans les «autres Salons automobiles importants dans les régions où le Groupe est présent.» De son côté, BMW n’a pas encore précisé si, oui ou non, il comptera parmi les participants du GIMS en février prochain: «Nous examinons en permanence nos engagements en matière de Salons et de sponsoring en étudiant les différents formats possibles», explique Sven Grützmacher, porte-parole de BMW en Suisse.
Rendez-vous à Genève?
Les constructeurs sont nombreux à tenir ce discours. Chez Amag par exemple, «les Salons restent une bonne occasion de présenter les produits et les technologies à un large public. Actuellement, nous ne pouvons pas encore dire à quels évènements européens les marques de Volkswagen AG participeront éventuellement, aucune décision n’ayant été prise, en particulier pour 2025», précise Christian Frey, qui parle là au nom de Volkswagen, Audi, Skoda, Seat et Cupra.
De son côté, Honda reste «ouvert à l’idée de participer à des événements internationaux à travers l’Europe, comme celui de Genève, l’IAA ou Paris», explique Dominik Erne, attaché de presse de Honda Suisse. Même son de cloche chez Suzuki: «Suzuki observe la situation actuelle et décide au cas par cas. Bien qu’il n’y ait aujourd’hui aucun projet, une participation n’est en principe pas exclue, même pour Genève», explique Florian Christen, porte-parole de l’enseigne nippone. Ah oui, et il en va de même chez Citroën: «Nous gardons ouverte la possibilité d’une participation et l’évaluons séparément pour chaque manifestation, selon que nous avons par exemple des nouveautés à présenter», explique Nina Schütz, au nom des chevrons. Enfin, chez Mercedes-Benz, la représentante Livia Steiner explique que «les plateformes de communication sont contrôlées en permanence et individuellement, mais que la communication sera davantage axée sur les nouveaux formats de présentation à l’avenir.»
La Chine avant tout
La firme de Zuffenhausen tient le même discours: «Porsche développe de plus en plus ses propres formats d’événements avec lesquels nous voulons nous adresser aux clients existants et nouveaux», explique Inga Konen, porte-parole de l’enseigne allemande en Suisse. Qui tient toutefois à préciser que «Porsche n’a pas participé au Geneva International Motorshow mais que cela ne signifie pas qu’une participation future est par principe exclue». Néanmoins, en 2024, Zuffenhausen avoue mettre davantage l’accent sur les régions à forte croissance. Autrement dit, c’est la Chine qui occupe désormais le centre de l’attention. Ce constat, Peter Bucher, de Subaru Suisse, le fait aussi: «La position de l’Europe sur le marché automobile mondial s’est affaiblie», analyse-t-il. Et si les constructeurs souhaitent présenter leurs nouveautés au public, ils le font généralement sur un marché en pleine croissance. Voilà qui est assez paradoxal: les constructeurs européens se limitent à présenter leurs nouveautés en Chine mais les firmes chinoises, elles, n’hésitent pas à dévoiler aussi leurs nouveaux produits sur les Salons du Vieux-Continent. C’était déjà le cas en 2024 et ce le sera sans doute encore en 2025 comme le laissent à penser les propos de Lukas Hasselberg, représentant d’Astara: «Seules les marques encore inconnues, par exemple venues de Chine, sont intéressées à l’idée de participer à un Salon. Parmi les constructeurs asiatiques représentés par Astara, MG pourrait bien entrer en ligne de compte. Elle était déjà présente à Genève en 2024…».
Peu probable de les voir
Il y a les indécis et puis il y a ceux qui n’hésitent pas à révéler leur désintérêt. C’est notamment le cas de Volvo: «Depuis notre annonce en 2018 de ne plus participer aux Salons automobiles internationaux, nous avons créé de nombreuses plateformes propres et des événements sur mesure pour présenter nos nouveaux véhicules, technologies et services. Ces plateformes ont fait leurs preuves, de sorte qu’il n’est pas nécessaire d’envisager une présence sur des expositions internationales à l’heure actuelle», explique Simon Krappl, porte-parole de Volvo en Suisse. Sa filiale électrique, Polestar, se dit elle aussi «réservée, bien qu’elle garde l’option ouverte» par la voix de Tobias Glauser. Mazda semble du même avis: «Pour l’instant, nous n’avons pas l’intention de participer à l’un des Salons automobiles internationaux en Europe», explique Gabi Maubert, porte-parole.
Il en va de même pour la plupart des marques du groupe Stellantis, Lukas Hasselberg, représentant d’Astara, précisant qu’en ce qui concerne «les marques du groupe Stellantis importées par Astara (ndlr: Abarth, Alfa Romeo, Fiat et Jeep), on peut partir du principe qu’aucune ne participera à un Salon automobile international, comme ce fut déjà le cas cette année et l’année dernière», avoue-t-il. Quant à Hyundai, «elle n’a plus participé aux Salons depuis la pandémie et ne le fera probablement plus à l’avenir. Il en va de même pour Nissan», rajoute Hasselberg sans détour. Qui dit encore: «Je ne peux pas confirmer un regain d’intérêt pour les Salons automobiles internationaux, bien au contraire. La plupart des constructeurs ont compris ce qu’ils pouvaient faire avec tout l’argent qu’ils investissaient auparavant dans les Salons.»
Tous à Zurich
Peugeot, qui appartient aussi au groupe Stellantis devrait également bouder le GIMS comme l’explique Jens Ruckli, de Peugeot Suisse: «De manière générale, nous constatons un recul de l’intérêt pour les grands Salons automobiles européens. En revanche, on observe l’inverse en ce qui concerne l’augmentation du nombre de visiteurs des Salons automobiles locaux.» Comme Auto Zürich par exemple. La grand-messe zurichoise semble effectivement avoir toutes les faveurs des importateurs, la plupart d’entre eux ayant déjà confirmé leur présence dans les halles de Messe Zurich en novembre prochain. C’est déjà ça, n’est-ce pas?
Cela dit, pour en revenir à Genève, l’effet domino semble pour le moins incertain. C’est bien dommage car il est un fait qui est quant à lui avéré, c’est que Genève ne pourra pas se dérouler une seconde fois avec aussi peu de constructeurs. L’édition 2024 n’a en effet pas été rentable pour les organisateurs, qui ont été obligés de mettre en place des zones thématiques (payées avec leur propres deniers) afin de pallier le manque de constructeurs. Une seconde édition de transition, comme celle qui s’est déroulée cette année, est donc vouée à l’échec. Ainsi, sans le retour des constructeurs en 2024, il en sera définitivement terminé du GIMS. Tout simplement.