BMW mise sur l'électromobilité à l'usine principale de Munich

La maison-mère de «Bayerische Motorenwerke», à Munich, respire la tradition. Située à portée de vue du gratte-ciel «BMW-Vierzylinder» (tour à quatre-cylindres BMW), au cœur de la ville bavaroise et non loin du site olympique, c’est ici qu’il y a exactement 72 ans, une automobile BMW a vu le jour pour la première fois (la légendaire BMW 501). Aujourd’hui, les pelleteuses sont à l’œuvre là où, il y a quelques mois encore, on assemblait les très appréciés moteurs à quatre et six cylindres. Les anciennes halles sont en train d’être démolies sans que les installations de production voisines ne cessent pour autant de fonctionner. Et pour cause, aujourd’hui, ce sont environ 1000 voitures qui sortent chaque jour des chaînes de production. Parmi elles, une sur deux est entièrement électrique. Actuellement, la BMW i4 est produite sur la même chaîne que les Série 4 et autres Série 3.

Cette manière de faire va évoluer avec la construction de la nouvelle usine, appelée «iFactory». L’usine de la maison-mère sera le premier site BMW à achever totalement le processus de transformation vers la mobilité électrique, comme l’explique le directeur de la production, Milan Nedeljkovic: «Ce sera le début d’une nouvelle ère, celle de la transformation vers un avenir électrique et numérique.» Le groupe va investir 650 millions d’euros au cours des trois prochaines années pour relever ce défi d’avenir. Un chapitre important concerne la numérisation des processus, notamment l’utilisation de l’intelligence artificielle.

Le premier véhicule assemblé sur la plateforme de la «Neue Klasse», un châssis dédié aux véhicules électriques qui profitera d’une architecture de 800 volts, sera un SUV. Prévu pour 2025 déjà, il sera construit dans la nouvelle usine hongroise de BMW, à Debrecen. La berline électrique, installée sur le même segment que l’actuelle Série 3, sera quant à elle produite à Munich dès 2026.

Au cours des deux années suivantes, quatre autres dérivés seront produits sur le site de la maison-mère. Le constructeur espère ainsi «faire évoluer rapidement la production», comme le précise Nedeljkovic. Et cela signifie qu’à partir de 2027, les capacités de l’usine de Munich seront dédiées à 100 % à la production de véhicules à batterie. Dans un premier temps, Debrecen et Munich seront les deux seuls sites à produire exclusivement des modèles électriques. Toutefois, des véhicules assemblés sur la plateforme «Neue Klasse» seront également construits dans les usines de Shenyang (Chine) et de San Luis Potosi (Mexique). Sur la plupart de ses sites de fabrication, BMW poursuit pour l’instant sa ligne d’ouverture technologique, c’est-à-dire que les installations de production sont orientées de telle sorte que les différentes versions (électrique ou thermique) sont fabriquées au même rythme, indépendamment de leur chaîne cinématique. Ce qui donne au constructeur la flexibilité de pouvoir réagir à un éventuel changement de demande.

Record de production

Nedeljkovic souligne le défi que cela représente: «L’année dernière, une nouvelle voiture a été lancée en moyenne chaque mois, dont six modèles entièrement électriques; nous avons dans le même temps établi un record de production, avec 2,6 millions de voitures.» En 2023, une voiture sur sept vendue par BMW était un BEV; cette année, la proportion devrait passer à 20 %. «Avant la fin de la décennie, nous prévoyons une part de 50 %», ajoute le directeur de la production.

Avec cette stratégie, le constructeur allemand touche visiblement le cœur de la clientèle suisse. Paul de Courtois, PDG de BMW Group Switzerland, enregistre un grand intérêt pour l’électromobilité, surtout chez les clients commerciaux, parce que les flottes doivent contribuer de manière significative aux objectifs de durabilité des entreprises et les véhicules électriques à batterie ont également leurs atouts au niveau des coûts, le «Total Cost of Ownership» (TCO). «Les modèles électriques nous apportent de nouveaux clients», constate de Courtois. Pour BMW, il ne s’agit pas d’une nouvelle technologie: dix ans après le lancement de la petite i3, l’i5 Touring, considéré par BMW comme le premier break premium entièrement électrique, est sur le point d’être commercialisé.

Quid du personnel?

Le passage du moteur thermique à la propulsion électrique n’est pas seulement une rupture culturelle pour les amateurs de la marque, elle l’est également pour les employés du groupe. Ceux-ci doivent en effet se faire à l’idée que ce ne seront désormais plus eux qui assembleront le magnifique six-cylindres en ligne, la production des moteurs à combustion ayant été transférée dans les usines de Stams-Hall (GB) et de Steyr (A). «L’usine de Munich doit se réinventer», affirme son directeur, Peter Weber. Cela signifie que les 1200 employés qui montaient des moteurs jusqu’à présent, ont dû chercher un nouvel emploi dans une autre usine, ou se reconvertir dans l’électromobilité, un domaine dans lequel BMW a tout de même créé 6400 nouveaux postes. Si le groupe allemand réalise de tels investissements à Munich, c’est pour assurer la pérennité du site et plus largement de la marque, comme le souligne Nedeljkovic: «Nous menons consciemment le changement depuis l’Allemagne», explique-t-il, sachant pertinemment qu’un bon environnement de travail compte énormément pour attirer les talents aujourd’hui.