MARCHÉ Les nouvelles en provenance de Chine sont bonnes. La technologie des batteries a encore fait un bond en avant!
Il y a quelques temps, le fondateur du constructeur chinois Nio, William Li, est apparu dans une vidéo au volant d’une ET7. Lors de cette excursion, retransmise sur Internet, Li a bavardé sur les subtilités techniques du véhicule qu’il conduisait. Sans la moindre retenue, il a ainsi révélé que l’auto était dotée d’une toute nouvelle batterie semi-solide. S’il n’a rien dit sur la composition exacte de ces accus, Li a tout de même donné des chiffres très intéressants: la capacité de la batterie est de 150 kWh, sa densité énergétique moyenne de 260 Wh/kg (il faut savoir qu’à l’heure actuelle, 200 Wh/kg sont considérés comme une bonne valeur) et son poids de 676 kg. Cette dernière valeur se révèle très intéressante lorsque l’on sait que William Li a parcouru plus de 1000 kilomètres avec sa Nio, en toute décontraction. Dans sa vidéo, il déclare même que l’autonomie officielle avoisinera les 1150 kilomètres!
Toujours plus vite
On sait depuis longtemps que les batteries à l’état solide incarnent l’avenir de l’électromobilité, notamment parce qu’elles se caractérisent par leur densité énergétique pouvant aller jusqu’à 400 Wh/kg. Plus la densité énergétique est élevée, plus la batterie est légère (mais aussi compacte). La nouvelle batterie miracle de Nio provient du jeune équipementier «WeLion New Energy Technology». Sa commercialisation n’est pas prévue pour un lointain futur; elle est déjà fabriquée en grande série. Nio l’équipera sur ses premiers véhicules dans les semaines à venir, mais uniquement pour ses propres stations, où le véhicule est capable de changer de batterie en quelques minutes, un bras mécanique se chargeant de la manœuvre. Si cette solution fonctionne parfaitement en Chine, elle n’a pas encore réussi à s’imposer en Europe.
Peu à peu, les constructeurs chinois sont en train de résoudre les problèmes d’autonomie des véhicules électriques. La plus récente version de la Zeekr 001 par exemple est désormais équipée d’une batterie de 95 kWh. Développée par CATL, elle permet de recharger jusqu’à une puissance de 600 kW. Elle peut ainsi passer de 10 à 80 % en très exactement 11 minutes et 28 secondes! Mais après cinq minutes seulement, elle avait déjà récupéré 264 kilomètres. Et au bout de dix minutes, ce ne sont pas moins de 432 km qui ont été retrouvés! C’est peu ou prou le temps d’un plein de carburant. Cette nouvelle Zeekr 001 sera bientôt disponible en Europe, mais probablement pas avec la nouvelle batterie, car il n’existe pas encore ici de chargeurs rapides d’une puissance supérieure à 350 kW. À ce propos, il faut savoir qu’en Chine, Geely, la maison-mère de Zeekr, de Lynk & Co, de Lotus ou de Volvo, a installé ses premières stations de recharge de 800 kW.
Lutte au somet
Pendant ce temps, les constructeurs luttent pour leurs parts de marché. HiPhi, l’une des marques qui a voulu s’implanter très tôt en Europe, est au bord de la faillite. Zeekr a également des problèmes financiers: depuis son lancement en 2021, la filiale de Geely a perdu près de trois milliards de dollars et se voit désormais confrontée à un nouveau concurrent très puissant. Qui? Xiaomi, l’un des principaux fabricants de téléphones portables et de logiciels de Chine. Cette entreprise a connu un démarrage très réussi avec sa toute nouvelle SU7: près de 90 000 exemplaires ont été vendus en l’espace de 24 heures après le lancement officiel! Xiaomi ne considère pas sa SU7 comme une automobile, mais plutôt comme la poursuite de sa stratégie numérique tous azimuts. L’auto est en quelque sorte un smartphone surdimensionné qui peut accessoirement transporter des passagers.
Les constructeurs européens, asiatiques et américains établis peuvent se réjouir que Xiaomi ne soit représenté que dans l’Empire du Milieu (mais jusqu’à quand?). Ce que les Chinois peuvent offrir en matière de systèmes d’infodivertissement est un cran au-dessus de tout ce qui pourra venir ailleurs dans les prochaines années. Et ce qui doit effrayer les services de développement des autres enseignes, c’est le rythme que les Chinois imposent.
Tournant énergétique
Apparemment, même Tesla a du mal à suivre. Bien que les Américains aient pu reprendre à BYD le titre de plus grand fabricant mondial de VE au cours des trois premiers mois 2024, ils vont probablement renoncer à poursuivre le développement d’un véhicule à moins de 25 000 dollars. Principalement parce qu’ils se doutent qu’il sera compliqué de rivaliser avec les Chinois, tant sur le plan technologique que tarifaire. Si même Elon Musk, qui produit en Chine avec beaucoup de succès, accepte cet état de fait, les autres constructeurs seraient bien avisés de se remettre eux aussi en question.
Actuellement, les chiffres de vente en Chine sont marqués par des baisses et surtout des hausses sauvages. En mars 2024, 1,7 million d’automobiles ont été vendues dans le pays. Cela représente une augmentation de 7 % par rapport au même mois de l’année précédente et une hausse de 54 % par rapport à février 2024! Pour le premier trimestre, 4,84 millions de ventes ont été annoncées. Une hausse de plus de 13 %. Cela s’explique en premier lieu par les Fêtes de fin d’année. Le Nouvel An chinois n’étant pas toujours à la même date, les chaînes de production des usines sont plus ou moins à l’arrêt pendant quelques jours à des moments différents. Si l’on considère les NEV («New Energy Vehicle»), c’est-à-dire l’ensemble des véhicules purement électriques et hybrides plug-in, les chiffres de vente ont augmenté de 31 % au cours des trois premiers mois de l’année pour atteindre 1,96 million d’unités. En mars, les NEV représentaient 41,1 % du marché total. Les experts estiment que les véhicules purement électriques et les PHEV pourraient atteindre cette année encore une part de plus de 50 %, ce qui ferait également du plus grand marché de la planète le premier à avoir réussi le virage énergétique.
