Evolution Dacia se réinvente et monte en gamme, notamment en matière de style, lequel est appelé à devenir un véritable argument de vente.
Au Salon de Genève, Dacia a dévoilé son nouveau visage,
plus affirmé. Il sied bien à la troisième génération du Duster.
Ce que le groupe Volkswagen a pu réaliser, nous pouvons le faire également», ont dû certainement se dire les dirigeants de Renault lorsqu’ils ont racheté le constructeur automobile roumain Dacia en 1999, et débuté dans la foulée la commercialisation de modèles bon marché et recelant une mécanique Renault. VW avait en effet déjà ouvert la voie avec Skoda, avant d’en faire ce que l’enseigne tchèque est devenue aujourd’hui: une marque de voiture populaire utilisant les composants du groupe avec davantage de succès que la marque mère elle-même. Et les Skoda de prouver par leurs nombreuses qualités qu’elles méritent bien plus que leur appellation de «voitures bon marché».
Cela dit, à l’instar de Skoda avec sa maison-mère, Dacia a vu sa différence de prix avec les Renault diminuer ces dernières années; en même temps que la marque a pris confiance en elle, ses tarifs ont pris l’ascenseur. Quiconque se souvient de la Logan lancée au milieu des années 2000, une voiture qui s’est déclinée en différentes variantes de carrosserie (berline tricorps, break ou encore pick-up), se rappelle que ce véhicule était franchement très bon marché à son lancement; dotées de moteurs Renault et de nombreuses autres technologies françaises, les différentes Logan avaient pour tâche de séduire les acheteurs soucieux de leur budget. Et ceux-ci en avaient pour leur argent: avec un prix d’appel de 10 700 francs lors du lancement sur le marché suisse, la Logan était l’une des voitures les moins chères du marché, sinon la moins chère. La Sandero, lancée en 2008 sur la même plateforme que la Renault Clio, était également une bonne affaire. Mais ce n’est que grâce à son fer de lance, le Duster, disponible à partir de 20 000 francs, que la marque a réellement commencé à fonctionner dans notre pays.
Le designer Romain Gauvin (à g.) explique
avec enthousiasme à Simon Tottoli (à dr.),
Rédacteur en chef de la RA, comment il a
insufflé la nouvelle identité visuelle à la marque.
Aujourd’hui, la Sandero est disponible à partir de 14 690 francs. La troisième génération du Duster, qui s’apprête à être commercialisé, démarrera au tarif de base de 24 290 francs. Ce nouveau Duster ainsi que le reste de la gamme Dacia, qui comprend également le nouveau SUV électrique Spring (lire RA 8/2024) étaient exposés sur le stand Dacia du Salon de Genève, et ce avec fierté et assurance, bien que l’emplacement roumain ait été plus sobre que celui de la maison mère Renault, sur lequel avait été dévoilée la R5. Ainsi, les modèles présentés dégageaient-ils un certain style. Tel était d’ailleurs l’objectif de Romain Gauvin, chef designer chez Dacia: «Notre nouveau langage esthétique doit avant tout incarner la robustesse et se concentrer sur l’essentiel», souligne-t-il.
On évite le bling-bling
Le plus important pour un design réussi, selon Romain Gauvin, ce sont les proportions: elles doivent être harmonieuses, affirme-t-il. Voilà pourquoi lui et son équipe ont accordé une grande importance à ce point lors de la conception de base du nouveau Duster. Il ne pense pas qu’il faille faire de l’esbroufe: «Nos clients ne veulent pas de bling-bling, mais bien une voiture fonctionnelle qui n’est pas seulement robuste, mais qui en a aussi l’air.» Cette combinaison peut tout à fait être valorisée, constate-t-il. Même dans l’habitacle, la robustesse, mise en combinaison avec une grande praticité profite au design.
Biographie
Romain Gauvin (43) occupe le poste de «Chief Designer Advanced Design et Concept Cars» chez Dacia. Après des études au College for Creative Studies de Détroit et un master chez Strate College Designers, ce Français d’origine a notamment travaillé chez Hyundai-Kia et Stellantis avant de rejoindre Dacia en janvier 2022. Dans le cadre de ses fonctions, il joue un rôle déterminant dans l’orientation fondamentale du design actuel et futur de Dacia.
Romain Gauvin sait de quoi il parle lorsqu’il prononce le mot robuste. Il a en effet joué un rôle important dans la conception du Dacia Sandrider, un buggy des sables avec lequel la filiale de Renault prévoit de participer au Dakar en 2025 (lire page ci-contre). Même si les voitures de tourisme de Dacia ne peuvent pas être comparées aux voitures de rallye, il est impressionnant de constater à quel point les pilotes peuvent être soutenus par un design bien pensé. Il en va de même pour les propriétaires de Dacia: «Nous voulons apporter une valeur ajoutée aux clients, tant sur le plan visuel que pratique. Alors qu’auparavant, peu de clients achetaient une Dacia parce qu’elle leur plaisait, la situation est différente aujourd’hui», estime encore Romain Gauvin. «Il y a désormais beaucoup d’acheteurs qui se sentent à l’aise et qui apprécient le look de leur Dacia.» C’est pourquoi la marque investit davantage dans son design. «Grâce à son succès sur le marché, elle peut se le permettre», ajoute Romain Gauvin.
Des prix à la hausse?
Il en va de même pour l’émancipation par rapport à Renault en matière de design: «Certes, les deux départements de design sont situés côte à côte et par ailleurs, nous échangeons régulièrement nos idées. Néanmoins, je peux vous affirmer que nous élaborons notre propre ‹recette› lorsqu’il s’agit de dessiner les Dacia de demain.» Cette manière de faire laisserait presque à penser que les prix des futures Dacia continueront à grimper. Et pourtant, il n’en sera rien si l’on en croit le président du directoire et directeur général de la marque roumaine, Denis Le Vot. Selon lui, les clients n’ont pas à craindre de grandes augmentations de prix. En effet, lors d’un entretien avec des journalistes au Salon de Genève, il a souligné que les modèles resteraient volontairement «basiques», mais d’une manière «plus cool» qu’ auparavant. En voilà, une très bonne nouvelle!