Jeep Grand Cherokee 4xe à l'essai: dans quelle mesure cette grande Jeep est-elle américaine?

Les quatre premières générations de Jeep Grand Cherokee ont connu un grand succès sur le Vieux Continent au cours des 30 dernières années, notamment parce qu'elles garantissaient un avant-goût de l'«American Way of Life». En effet, pour de nombreux automobilistes, la Grand Cherokee était une sorte de moyen de téléportation vers les montagnes et les paysages de Virginie chantés par John Denver, et plus généralement vers le Nouveau Monde, où régnaient le gigantisme des voitures et la noblesse de la cylindrée.

La Grand Cherokee, dans sa cinquième génération, est-elle toujours la garantie d'un petit bout du rêve américain ou s'éloigne-t-elle de la voie du succès?

En regardant le SUV, il n'y a pas de long débat. Le Cherokee est un Cherokee. La calandre à sept naseaux, les passages de roues trapézoïdaux et son visage caractéristique. En bref, c'est un vrai Jeep et, en tant que tel, il attire tous les regards sans commettre l'erreur d'en faire trop – ce qui n'a pas toujours été le cas.

Mais aussi beau soit-il, le nouveau modèle se distingue surtout par son habitacle. Les matériaux utilisés dans la version haut de gamme Summit Reserve testée ici sont de première qualité. La partie supérieure du tableau de bord est recouverte de cuir généreusement rembourré. Les bords du cuir sont ornés de coutures de couleur assortie qui s'harmonisent avec les belles boiseries.

Les panneaux de porte sont recouverts de cuir matelassé et les montants A du pare-brise ainsi que le ciel de pavillon sont recouverts de daim. Certaines molettes sont en métal. Les quelques plastiques restants sont de bonne qualité. Le seul bémol est que la qualité de fabrication n'est malheureusement pas aussi élevée que celle des matériaux. Par exemple, la console centrale bouge un peu lorsque l'on s'appuie dessus avec le genou.

En matière de technologie, tout y est: du dernier système d'infodivertissement au combiné d'instruments numérique en passant par le système audio McIntosh de haute qualité, rien ne manque. Même l'écran passager, un moniteur supplémentaire qui donne accès aux menus du téléphone, de la navigation et de l'infodivertissement, est présent. De plus, cet écran permet de visualiser les images des différentes caméras installées dans la voiture. Cela s'avère particulièrement pratique lors de la conduite tout-terrain, car le passager peut ainsi aider le conducteur en lui signalant les obstacles.

À propos de conduite tout-terrain: les boutons pour la conduite hors route sont regroupés sur un panneau de commande séparé. Malheureusement, celui-ci est recouvert d'une finition laquée qui se raye facilement. Mais le sélecteur de mode de conduite et les boutons pour la boîte de transfert (rapports courts), le contrôle de descente et la suspension pneumatique sont pratiques d'avoir à un seul endroit.

Il n'est pas non plus nécessaire de renoncer à d'autres boutons physiques : au-dessus du système d'infodivertissement se trouvent sept touches de piano qui permettent d'activer et de désactiver l'assistant de maintien de voie ou les feux de détresse. Sous l'écran se trouvent d'autres éléments pour le volume, mais aussi pour la climatisation ou les sièges chauffants et refroidissants.

Les sièges arrière sont également chauffants et refroidissants. De toute façon, rien ne manque à l'arrière. L'espace est excellent, avec beaucoup de liberté de mouvement sur les sièges arrière et un grand volume de coffre.

Malheureusement, le Grand Cherokee est équipé d'un avertisseur sonore très sensible. Il émet beaucoup trop souvent des sons courts et aigus. Et ces bruits agaçants commencent bien avant la conduite, dès le démarrage du moteur. Pour éviter cela, il faut attacher sa ceinture avant d'appuyer sur le bouton de démarrage. C'est un réflexe que les amateurs de gros moteurs américains n'ont pas forcément.

De plus, pour une voiture assemblée au pays de la liberté (plus précisément à Detroit, dans l'usine Jefferson North Assembly Plant), il est définitivement trop directif. Il n'est en outre pas facile de faire la différence entre le moment où le contact est mis et celui où le moteur démarre. Cela tient aussi au fait que le moteur ne tourne presque jamais à l'arrêt. Comment est-ce possible?

Afin de respecter les normes européennes strictes en matière de consommation, Jeep n'avait d'autre choix que de remplacer les anciens moteurs V6 et V8 par une chaîne cinématique hybride. Celle-ci se compose d'un moteur électrique de 107 kW (145 ch) logé dans le carter de boîte de vitesses, où il remplace également le convertisseur de couple, et d'un moteur deux litres de 200 kW (272 ch).

C'est vrai: seulement un quatre cylindres. Malheureusement, c'est le principal point critique de la Jeep. Certes, la chaîne cinématique dispose ainsi d'une puissance totale de 280 kW (380 ch) et d'un couple de 637 Nm, tant que la batterie est suffisamment chargée. Mais lorsque la batterie est vide et que seul le moteur à combustion assure la propulsion, la situation est tout autre. Pour couvrir les besoins en puissance, le moteur est contraint de rugir avec un bruit peu flatteur et la boîte de vitesses ZF doit rétrograder d'un ou plusieurs rapports. On est vraiment loin du tempérament et de la souveraineté d'une véritable américaine.

Sur route, la Grand Cherokee manque donc largement de dynamisme, et cela vaut également pour son comportement routier. Malgré la suspension avant indépendante et l'essieu arrière multibras, la Jeep a du mal à contrôler son poids à vide de 2,6 tonnes. Cela se remarque particulièrement dans les virages d'un col de montagne, c'est-à-dire dans l'environnement helvétique classique. Ce SUV n'est absolument pas conçu pour cela.

Mais s'il y a un endroit où le SUV brille plus que jamais, c'est bien en ville, où il peut désormais rouler en mode purement électrique. Mais seulement sur une courte distance, car l'autonomie WLTP est de 46 kilomètres, ce qui correspond à environ 30 kilomètres en conditions réelles. Ces valeurs sont bien inférieures à celles de la concurrence dans ce segment et obligent le propriétaire à recharger fréquemment le véhicule, sinon la consommation dépasse 10,0 l/100 km.

Lors de notre cycle normalisé AR, le Jeep Grand Cherokee a consommé 4,7 litres d'essence aux 100 kilomètres et 12,2 kWh d'électricité supplémentaires. La recharge dure au moins 2,5 heures sur une borne murale, car le chargeur embarqué ne maîtrise pas plus de 7,4 kW de puissance de charge, et près d'une nuit sur une prise conventionnelle de 2,3 kW.

Même si l'intérieur de la Grand Cherokee est devenu plus confortable, elle n'a rien perdu de ses capacités tout-terrain. La suspension pneumatique Quadra-Lift réglable en hauteur, la boîte de transfert à rapport court, l'aide à la descente et le système de gestion de la traction Selec-Terrain fonctionnent main dans la main pour créer un véhicule véritablement tout-terrain.

Il n'est certes pas aussi aventureux que son grand frère, le Wrangler, mais avec une profondeur de gué de 61 centimètres, un angle d'attaque de 35,5 degrés à l'avant et de 29,8 degrés à l'arrière et un angle de rampe de 22,2 degrés, il a pu franchir la plupart des obstacles lors des essais sur le parcours tout-terrain de Lignières.

Pour cela, il faut bien sûr que l'adhérence reste bonne, ce qui, dans notre cas, était limité par les pneus routiers du véhicule d'essai. Un autre facteur limitant est l'absence de blocages de différentiel avant et arrière, ce qui peut entraîner un patinage des roues dans certaines situations. Les aides électroniques interviennent toutefois rapidement et compensent en grande partie ce problème. En d'autres termes : c'est possible, pas partout et pas toujours de manière très propre, mais c'est possible.

Aux États-Unis, où il est le plus petit véhicule de la gamme après le Compass, le Grand Cherokee coûte 36'000 dollars américains (hors taxes) dans sa version d'entrée de gamme et est accessible à presque tout le monde.

Ici, en Europe, le constructeur adopte une approche différente : en Suisse, aucun Grand Cherokee ne figure dans la liste des prix à moins de 80'000 francs, mais actuellement (décembre 2025), l'importateur offre une remise de 15'000 francs sur le prix catalogue. C'est un prix nettement plus élevé pour un véhicule qui ne donne que partiellement l'impression de rentrer à la maison.

En réalité, en raison de sa finition globalement bonne et de son petit moteur hybride, le Grand Cherokee est plutôt un véhicule qui répond aux normes européennes qu'aux normes américaines. Voilà pour le rêve américain.