Elmar Brümmer | 08.02.2024
Formule 1 L’écurie Stake – Sauber –, commence sa saison de manière agressive. Les nouvelles couleurs de
l’entreprise de Hinwil? Un vert très impactant. Pour un signal qui se veut très clair...
Ce signal envoyé par la Sauber C44 était nécessaire.
L’avant-dernière place au classement des constructeurs, en 2023, a résonné
comme une alerte. Continuer de dégringoler? Non, c’est interdit! C’est pourquoi
la C44 marque un nouveau départ, sous les ordres d’un nouveau directeur
technique, James Key, qui s’est inspiré des meilleurs, comme l’ont fait de
nombreux départements de design cet hiver. Quelques «emprunts» aux vainqueurs
permanents (Red Bull) ne peuvent faire de mal à personne. Représentant (son
titre) de l’équipe, Alessandro Alunni Bravi a fait connaître ses exigences lors
de la présentation du team 2024, à l’Hôtel de Ville historique de Londres: «Une
place de mieux, au moins.» Avant de parler d’une «nouvelle ère».
On parle de «Stake F1 Team Kick Sauber»
Le choix des couleurs, qui confère au châssis en fibre de
carbone quelque chose de dramatique – du moins sous la lumière des projecteurs
–, doit masquer les discussions intenses qui se sont tenues sur le changement
de nom de l’équipe. Sur la liste officielle de la F1, on parle de «Stake F1
Team Kick Sauber». Pour être tout à fait correct, il faudrait y ajouter le
fabricant de moteurs, Ferrari. Mais qui s’en souviendra? Dans deux ans,
l’équipe suisse deviendra de toute façon l’écurie officielle Audi. C’est
pourquoi certains plaisantins, en plein carnaval, ont proposé «Sau-Di» comme
nom alternatif! Ce qui ne fait pas rire tout le monde, car l’identité de la
quatrième plus ancienne écurie de F1 risque de trépasser à cause de ces jeux de
sponsoring.
Cette combinaison a été choisie pour compenser le départ d’Alfa
Romeo, un partenariat purement marketing, qui injectait plusieurs millions pour
alimenter le budget de l’équipe. Derrière Stake se cache un casino en ligne
australien, qui offre également des paris sportifs; Kick est la plateforme de
streaming éponyme. La présence de cette marque est nécessaire car dans certains
pays qui accueillent les GP, les jeux d’argent sont interdits de publicité. La
C44 s’y déplacera ainsi sous le nom de «Kick-Sauber».
L’absurdité, c’est le nom
Ce nouveau départ n’est donc pas si simple. La traduction
littérale de «Stake», c’est «engagement». Cela convient aussi bien que le terme
«at stake», soit mettre en jeu. À l’instar de nombreuses écuries, Sauber a
porté de nombreux noms. On se souvient en 1993, lors de ses débuts, du «concept
by Mercedes», suivi des années Red Bull, puis du partenariat avec Petronas.
Mais jamais encore il n’y avait eu une tentative aussi radicale de faire
oublier le nom traditionnel. C’est sans doute dans l’air du temps depuis que la
filiale Alpha Tauri de Red Bull est devenue l’équipe de F1 «Visa Cash App RB
»…Mais pour les fans et la Revue Automobile, Sauber restera.
Pour le reste, le changement général opéré à Hinwil (ZH) est à
saluer; l’effectif de l’usine devrait sensiblement augmenter, passant de 500 à
900 collaborateurs d’ici la fin de la saison prochaine. C’est Andreas Seidl, le
responsable Audi, qui s’en occupe. Les affaires courantes continuent d’être
gérées par Alessandro Bravi, qui doit lutter contre l’instabilité et augmenter
le rythme de production des pièces, car c’est là que se sont manifestées les
grandes faiblesses l’année dernière.
Motivé en conséquence, le revenant James Key a conçu une voiture
complètement différente, en cherchant aussi des solutions extrêmes. Les valeurs
de la soufflerie promettent des «améliorations dans les moindres détails.»
Reste que seuls les essais de la dernière semaine de février, à Bahreïn, et
juste après le Grand Prix d’ouverture, le premier week-end de mars, montreront
la justesse de cette hypothèse. La courbe de développement ne devra pas
retomber, comme en 2023. Et un problème préoccupe toutes les équipes de la même
manière et sera décisif cette année: la compatibilité des pneus avec le
châssis. C’est là que les gens de Hinwil ont connu les plus grandes
fluctuations.
Pas de renouveau, un nouveau départ
Cette légère orientation vers la voiture miracle du Champion du
Monde Max Verstappen ne peut donc pas être mauvaise. Et elle saute aux yeux dès
le premier regard posé sur le châssis: il est arrondi en bas. L’aileron avant
est lui aussi nettement plus profilé, le nez étant plus pointu qu’auparavant. À
cela s’ajoutent le nouvel essieu avant, des caissons latéraux modifiés et la
boîte à air ovale, désormais d’une seule pièce. La partie arrière est devenue
beaucoup plus compacte. Un grand changement dans certains détails, à un point
tel que la C44 semble effectivement plus radicale que la – précédente – Red
Bull! Key se montre encore prudent, mais il parle au moins «d’ambitions». Bravi
laisse déjà transparaître plus d’optimisme: «Nous devons seulement donner à nos
pilotes les bons outils et ils fourniront les résultats que nous attendons
d’eux.» Valtteri Bottas et Guanyu Zhou, le duo Sauber depuis 2022, vont devoir
se surpasser de leur propre initiative, il en va de leur avenir en Formule 1.