Devenir âgé ne signifie pas obligatoirement devenir vieux, car on peut être «vieux» à 40 ans lorsque chaque jour de sa vie n’est qu’un éternel recommencement, entre frustration et rêves jamais réalisés. Olivier Burri n’est rien de cela. Son permis de conduire – et Dieu qu’il en fait bon usage! – rappelle qu’il est né le 4 septembre 1963, soit il y a soixante ans et quelques mois désormais, mais c’est bien comme un très jeune homme qu’il a mené sa mission annuelle de janvier: finir le plus connu des rallyes automobiles au monde, le Monte-Carlo. Pour la 22e fois en 26 participations.
Avec les années – on y revient toujours –, les objectifs sportifs sont un peu moins ambitieux: «Le but? Terminer entre la 20e et la 25e place, ce serait déjà pas mal», avouait le garagiste de Belprahon (BE) avant le départ. Il a fait mieux, beaucoup mieux, le copilote de la famille (Anderson Levratti «navigue» aussi Michael Burri, le fils d’Olivier) à ses côtés: ce seizième rang final (7e de la classe RC2) s’ajoute à un palmarès unique dans l’épreuve monégasque, palmarès qui comporte notamment cinq «top ten», les septièmes places de 1993 et 1997 pour meilleurs résultats chiffrés.
Déjà virtuellement retrouvé en tête
Même s’ils sont essentiels en compétition, les chiffres ne disent pourtant pas tout. En tous les cas, pas l’histoire d’un rallye comme le Monte-Carlo, celui qu’on a aimé personnellement il y a plus de 40 ans et celui qu’on regarde désormais passionnément et avec une once d’inquiétude permanente en raison des vitesses atteintes, sur des routes dont la principale absente a encore été la neige (où êtes-vous Burzet, Saint-Bonnet-le-Froid, la Chartreuse d’autrefois?)
Alors oui, on a cru «lire» une certaine plénitude dans la façon qu’Olivier Burri a roulé de jeudi soir à cette fin de matinée du dimanche, avec son arrivée au sommet du Turini. Car la régularité a été son maître-mot, une certaine sagesse un atout-clé dans la construction de sa performance.
Sachant qu’il n’a plus rien à prouver depuis longtemps, que le temps où un amateur pouvait venir s’intercaler parmi les meilleurs pilotes du monde est révolu – Burri s’est déjà virtuellement retrouvé en tête du Monte-Carlo, son «gros» numéro de l’époque l’ayant avantagé sur un terrain dont la neige avait disparu –, il a fait exactement ce qu’il devait. Jamais trop, jamais trop peu. Et comme le garçon a du talent, cela s’est transformé en seizième place au classement général.