CS Rallye – Mike Coppens a frappé très fort au Chablais

On l’avait compris depuis un bout de temps: Sacha Althaus, brillant vainqueur du Critérium Jurassien, a d’emblée déclaré qu’il ne repartait pas pour un championnat complet. Jonathan Michellod, dauphin de Jonathan Hirschi ces deux dernières années, était absent dans le Jura – il était devenu papa quelques jours avant l’ouverture du championnat – et lui aussi doit désormais faire des choix (on le verra encore au Valais), notamment pour des raisons professionnelles. C’est donc bien à un duel Michaël Burri vs Mike Coppens qui va servir de scénario au feuilleton 2024 du Championnat de Suisse des Rallyes. Et en maîtrisant remarquablement les conditions plus que compliquées de la première journée du Rallye du Chablais, deuxième manche du championnat, en assénant ensuite une première fois le vendredi après-midi du côté de la Tour d’Aï, et une seconde fois dès la deuxième spéciale du samedi matin deux sérieux uppercuts à Michaël Burri, Mike Coppens a frappé. Il a même frappé très fort!

Un vendredi mouillé

Mais commençons… par le commencement. Vendredi, alors que les 56 concurrents inscrits en «moderne» vont attaquer une première fois le col de la Croix, ceux qui les ont précédés, dans le cadre du rallye pour véhicules «historiques», parlent déjà de conditions dantesques, qui ne s’amélioreront pas au fil des heures. De retour aux affaires, c’est Michellod qui signe le premier «scratch», battant Coppens de 6 secondes et un déjà impressionnant Vuistiner (Renault Clio R3) de 11 secondes. Burri n’est «que» quatrième. Surprises dans l’air? Au fil de la matinée, alors que des déclarations effrayées tombent sur les ondes de Radio Chablais – «Jamais eu aussi peur, c’est chaud. Tu freines et tu as l’impression d’être sur du verglas», dixit le Jurassien David Erard – une certaine logique va bientôt s’installer. Au terme de la première boucle, Coppens (Skoda Fabia) précède Burri (Hyundai i20) de 7’’3, le Belge à licence luxembourgeoise Charles Munster (Hyundai) de 10’’ et Michellod (Skoda) de 12’’. «On est complètement à l’envers depuis ce matin», avoue alors Michaël Burri. «Il y a certes beaucoup de pluie, mais on doit absolument trouver de meilleurs réglages, je me bats en permanence avec l’aquaplaning, je n’ai aucune confiance.»

Un peu plus loin, Mike Coppens a le regard fixe des gens extrêmement concentrés: «Il faut bien sûr tenir compte des conditions, mais il faut surtout se poser les bonnes questions», lâche le pilote de Verbier, que l’on sent plus que jamais en mission. C’est vrai qu’il n’a encore jamais gagné cette classique du calendrier. L’après-midi, dans le second passage de la spéciale de la Tour d’Aï – 18,66 km, la plus longue de ce Rallye du Chablais – il va placer une première banderille: Michellod est à 9’’9, Munster à 12’’1 et Burri à 13’’5. Vendredi soir, Coppens/Roux sont donc des leaders solides – on n’est jamais leader confortable, en rallye! – devant Burri/Aubry, mais on se dit alors que comme demain est un autre jour, les conditions météorologiques ne seront peut-être pas aussi compliquées le samedi.

Second coup de semonce

Samedi matin. Ce n’est pas encore un temps pour aller se bronzer au bord du lac ou de faire un petit somme à la montagne, mais le ciel, au moins, ne pleure plus. Alors, «coup de sac», comme on dit dans les matches au loto? Tout va-t-il être remis en question? Eh bien non, car Coppens signe les trois scratches de la boucle matinale, assommant littéralement Burri entre Collombey et Muraz (16’’9 perdues pour le garagiste de Tavannes), le pilote de Verbier doublant ainsi son avance au classement général. La messe est dite, Burri le sait mieux que quiconque: «À la régulière, pas possible de revenir. J’ai commis une grosse erreur, dans un virage en équerre à gauche, je me suis retrouvé dans un trou dont nous avons pu ressortir en marche arrière, mais j’ai perdu une dizaine de secondes. Et puis, Mike a fait un super temps à Collombey, on ne peut que le féliciter, bravo à lui.»

Oui, bravo à Mike Coppens, qui remporte enfin pour la première fois le Rallye du Chablais: «J’y ai déjà connu mon lot de poisse. Cette année, nous avons parfaitement géré notre course, dans des conditions qui n’étaient pas faciles. Mais quel plaisir de piloter une telle voiture. Souvent, quand on est en tête, on se dit: «Pff, encore trois spéciales, il faudra être sage.» Aujourd’hui, c’était plutôt: «Zut, plus que trois spéciales!» J’étais prêt à repartir pour une boucle.»

«On n’a tout simplement pas été bons dans certaines spéciales, où Mike nous a mis la misère, comme on dit. Mais bon, il fallait rester calme, on joue le championnat et on va gagner le prochain rallye»: promet Michaël Burri. Ce sera le 7 juillet, celui de Bourgogne-Côte Chalonnaise (F). Que Coppens et Burri affronteront avec chacun 58 points à leur compteur – Thibault Maret est troisième de ce classement intermédiaire après deux épreuves sur six. Faites vos jeux, rien ne va plus!