Porsche Taycan: la recharge, sauce Zuffenhausen

Lorsque l’on laisse le champ libre aux meilleurs ingénieurs sans freiner les coûts et leurs ardeurs, cela donne la Porsche Taycan! À une époque où la Corona n’était encore qu’une bière, l’entreprise de Zuffenhausen lançait la Taycan, présentant ainsi son interprétation de la mobilité électrique. Les concepteurs de voitures de sport de la Souabe étaient partis d’une feuille blanche à l’heure de concevoir leur nouveau modèle électrique, avec pour seul objectif modeste de construire «la» Porsche du futur. Plus d’un observateur extérieur avait eu du mal à digérer ce nom, tout comme la tentative d’électrifier une marque aussi «thermique» que Porsche. Mais la stratégie a fonctionné... et fonctionne encore! Cinq ans de production et plus de 150 000 véhicules vendus plus tard, la Porsche Taycan fait toujours partie du peloton de tête dans son segment. En 2023, le modèle a enregistré une croissance de ses ventes à deux chiffres. Et ce, bien que Porsche ait dû faire face à une diminution de ses livraisons sur le marché chinois. Et le succès de la Taycan est appelé à se poursuivre, et ce grâce au nouveau facelift du modèle; une auto qui a été tellement optimisée que Porsche n’hésite pas à parler de seconde génération!

Le véhicule est toujours proposé dans trois variantes de carrosserie. Outre la berline, il y a la variante break «Sport Turismo», dotée de plus d’espace et d’un grand hayon et la «Cross Turismo», qui propose en outre la capacité de s’aventurer hors des sentiers battus. À l’exception des modèles d’entrée de gamme à propulsion, toutes les Taycan sont équipées de quatre roues motrices et offrent le choix entre quatre niveaux de puissance. Selon les ingénieurs, le cahier des charges du nouveau modèle était axé autour de trois buts essentiels: plus haut, plus vite, plus loin. En d’autres termes, le nouveau modèle devait tout faire mieux que son prédécesseur, tout simplement.

Objectif 1: plus haut

Lorsque l’on ouvre les portes, la Taycan vient à notre rencontre. Littéralement, car en l’espace d’une seconde, le véhicule est surélevé de plus de cinq centimètres et doit ainsi faciliter l’accès à bord de ses passagers. Cela est rendu possible par le châssis Porsche Active Ride (en option), qui doit continuer à offrir un confort élevé de conduite tout en proposant une bonne dose de dynamisme supplémentaire. Sur simple pression d’un bouton, le véhicule reste à l’horizontale par rapport à la route et s’oppose activement aux processus de freinage, de direction et d’accélération. Grâce à une commande des amortisseurs spécifiques, les contraintes peuvent non seulement être compensées, mais aussi surcompensées. Ainsi, dans les virages, le châssis de la Taycan ne se contente pas de s’opposer à la force centrifuge, il se penche vers l’intérieur. L’effet est tout aussi surréaliste dans le cas de fortes décélérations lorsque, contrairement à ce que l’on aurait tendance à croire, le véhicule ne s’enfonce pas au niveau de l’essieu avant, mais se lève. Ceux qui n’ont pas coché cette option miracle à l’heure de commander leur Porsche électrique se voient monter de série la suspension pneumatique à deux chambres. Le niveau d’équipement de série de la Taycan est également plus élevé. L’assistant de stationnement, la pompe à chaleur avec un nouveau concept de refroidissement, les volets de chargement électriques et un compartiment réfrigéré pour smartphone permettant le chargement sans fil font désormais partie de la dotation de série. Malgré ces ajouts, Porsche affirme avoir pu économiser jusqu’à 15 kg, ce qui ne devrait pas changer grand chose face à un poids à vide de 2,3 tonnes.

Objectif 2: plus rapide

Il va sans dire que Porsche a misé une part importante sur le développement de la transmission. Tous les nouveaux modèles accélèrent désormais plus vite, grâce notamment à la nouvelle machine électrique de l’essieu arrière, dont les dimensions et le poids ont été réduits, mais dont la puissance et le couple ont été considérablement augmentés. Pour l’exercice du 0 à 100 km/h, la Taycan standard le réalise en 4’’8 et la Taycan Turbo S en 2’’6, grâce à l’augmentation de la puissance et de l’efficacité de la chaîne cinématique. De 300 kW (408 ch) à 700 kW (952 ch), Porsche propose une gamme unilatérale, de rapide à très rapide. Sur simple pression d’un bouton, la fonction «overboost» peut libérer la pleine puissance pendant dix secondes. Ensuite, le véhicule et le conducteur doivent se reprendre pendant dix secondes, avant d’accélérer à nouveau avec toute la véhémence possible grâce au bouton «push-to-pass». Et ce n’est pas seulement en ligne droite que la Taycan dépasse son prédécesseur. Avec une Taycan d’essai restylée, un pilote dont le nom n’a pas été précisé a pris 26 secondes à l’ancienne Taycan Turbo S sur la Nordschleife du Nürburgring. Mieux: elle a distancé de 17 secondes l’ancien détenteur du record, la Tesla Model S Plaid, sur ce parcours d’environ 21 kilomètres.

Le processus de charge de la batterie a également été amélioré. Sur la borne rapide, la batterie peut être rechargée en permanence à une puissance d’environ 300 kW, voire 320 en pointe. Ainsi, la Taycan peut être remplie de 10 à 80 % en seulement 18 minutes, ce qui correspond à une réduction de moitié du temps de charge. C’est également rendu possible par une réduction significative de la température de charge optimale. Alors que la batterie devait encore être préconditionnée à au moins 34° C, elle est déjà prête à partir de 15° C sur le nouveau modèle. Grâce aux courants plus élevés, la puissance de récupération maximale lors du freinage a également pu être augmentée, de 290 à 400 kW.

Objectif 3: aller plus loin

La chaîne cinématique et le système haute tension gagnent donc en efficacité, ce qui permettra aux conducteurs de Taycan de se croiser non seulement moins longtemps, mais aussi moins souvent aux bornes de recharge. Les valeurs de consommation d’environ 22 kWh/100 km selon les normes WLTP donnent une autonomie de 450 à 680 km, selon la variante et la motorisation. Pour aller plus loin dans l’anticipation, Porsche cite la nouvelle planification d’itinéraire qui ne tient pas seulement compte des paramètres de temps du trajet, de durée de charge et du volume de trafic, mais aussi de la capacité des bornes de recharge, ou encore du niveau de charge minimum souhaité une fois arrivé à destination.

La Taycan a également été perfectionnée dans une discipline très importante, mais presque oubliée: malgré tous les superlatifs et les améliorations de la dynamique de conduite, la Taycan est une voiture étonnante au quotidien. Elle sait aussi se montrer très calme et roule tranquillement sur la route, avec un ingénieur Porsche au volant et un rédacteur sur le siège passager. Le calme de l’habitacle invite à la discussion, la direction de l’essieu arrière aide à minimiser le travail de manivelle au volant dans les zones urbaines, et le grand hayon arrière des versions Turismo, couplé aux sièges arrière rabattables, permet de faire des achats spontanés dans les magasins de meubles. Nous traversons les petits villages avec un confort étonnant. Même les chats pourraient être surpris et faire un bond de côté lorsque nous nous approchons lentement. La retenue est une vertu et la Taycan la maîtrise à la perfection. Mais il y a une limite à celle-ci. Désignons-la: le panneau indiquant la fin d’une zone urbaine. La Taycan rappelle alors qu’elle peut tirer le diable par la queue si nécessaire. De manière immédiate, véhémente et... silencieuse.

Pas de plus, sans moins

Côté portefeuille, la nouvelle Porsche Taycan joue dans la cour des grands. Le modèle de base est disponible au ticket d’entrée d’environ 114 000 francs. Avec les variantes de carrosserie plus grandes et les niveaux de puissance plus élevés, ce prix peut facilement plus que doubler. Il ne reste donc à beaucoup d’entre nous que le rêve de posséder un jour une Porsche. Mais la nouvelle Taycan a tout ce qu’il faut pour y tenir le rôle principal.