Une fois la production de la première RS 4 Avant (1999-2001), successeur légitime de la RS2 Avant (1994-1995), elle-même développée en collaboration avec Porsche, bouclée avec succès, Audi quattro GmbH allait enfin pouvoir se pencher sur cette pièce de résistance du catalogue Audi qu’est l’A6. Ainsi fut lancée en 2002 la première génération d’Audi RS 6 (C5, 2002-2004). Le moulin de cette voiture ne fut pas mis au point à Ingolstadt ou à Neckarsulm, mais bien en Angleterre, puisque c’est le fabricant de moteurs britannique Cosworth, filiale d’Audi AG jusqu’en 2004, qui se chargea de le développer. En ressortit un V8 doublement turbocompressé d’une cylindrée de 4,2-litres de 450 ch. Problème: ce gros moteur n’entrait pas d’emblée dans la carrosserie de l’A6. Pour que cela soit le cas, le département sportif allongea la partie avant de l’auto, libérant quatre centimètres supplémentaires dans la baie moteur! Au lancement commercial de la première RS 6, 30 concessionnaires Audi inscrivirent leurs voitures de démonstration à une course se déroulant dans le cadre des 24 Heures du Nürburgring, devant 194 000 spectateurs! En 2008, soit six ans après le lancement de la première RS 6, quattro GmbH va pousser la barre de la puissance encore plus haut sur la RS 6 de seconde génération (C6, 2008-2010) en mettant au point un V10 5.0 biturbo de 580 ch. C’est tout simplement le plus gros moteur RS de tous les temps. D’un poids de 278 kg, il prend une telle place sous le capot que les ingénieurs ont été obligés de déplacer le réservoir de liquide de refroidissement à une position inhabituelle. Ainsi fallait-il ouvrir la portière du passager pour vérifier le niveau! Dans l’Audi RS 6 Plus, ce bloc permet à l’Audi de dépasser la vitesse de 300 km/h. Voilà qui explique l’option «freins en céramique» qu’Audi propose pour la première fois sur ce modèle.
En 2013, Audi fait marche arrière et revient au V8 biturbo sur le modèle de troisième génération (C7, 2013-2018), et ce afin de réduire le poids de la voiture. Ainsi, la C7 fait 120 kg de moins que la C6, et ce aussi grâce à l’usage plus important d’aluminium. Bien qu’elle soit un peu moins puissante de 20 ch, à 560 ch, elle se vendra extrêmement bien, à tel point qu’elle prendra la place de leader du marché dans le segment des breaks hautes performances.
En 2019 sort la quatrième et actuelle génération de RS 6 (C8, 2019-aujourd’hui). Sous le capot, c’est un V8 de 4.0-litres biturbo de 600 ch et 800 Nm qui opère. De quoi boucler l’exercice du 0 à 100 km/h en 3,6 s. Particularité de la voiture: le toit, les portes avant et le hayon sont les seules pièces de carrosserie que la RS 6 Avant partage avec le modèle de base. Les autres éléments sont spécifiques à la RS et les phares proviennent de l’Audi A7!
Avec l’arrêt dans un avenir plus ou moins proche de cette génération de RS 6, c’est une page qui s’apprête à se tourner pour le break sportif. Tout d’abord parce qu’il faut savoir que chez Audi, la nomenclature va être chamboulée; tandis que les numéros impairs (A5/Q5, A7/Q7, A9/Q9) seront l’apanage des véhicules thermiques (et hybrides), les pairs (A4/Q4, A6/Q6, A8/Q8) seront désormais réservés aux modèles 100 % électriques. Ainsi, la future A6, dont le dévoilement est prévu cette année encore, sera uniquement dotée de motorisations électriques. Par conséquent, la future RS 6 deviendra elle aussi une sportive toute électrique. Pour retrouver un moteur thermique sous le capot d’un grand break familial, il faudra donc opter pour la future RS 7 Avant puisque de son côté, la future A7 reprendra les mensurations et les différentes variantes de carrosserie de l’actuelle A6, mais avec des motorisations thermiques (voire hybrides). Restera alors à déterminer quel moteur thermique Audi Sport GmbH (anciennement désigné Audi quattro GmbH) aura décidé d’installer sous le capot de ce futur break sportif… et à prier pour qu’il ne s’agisse pas d’une chaîne cinématique hybride composée d’un petit bloc manquant de caractère! Affaire à suivre.
