«Electric cars are crucial, but not enough to solve climate change. We can’t let them crowd out car-free transit options». En français, cela donne: «Les voitures électriques sont essentielles, mais elles ne suffisent pas à résoudre le problème du changement climatique. Nous ne pouvons pas les laisser mettre de côté les options de transports en commun». Ces mots de l’influent auteur norvégien Ulrik Eriksen forment le début de l’entretien qu’il a accordé à la plateforme d’information «Vox» sur la mobilité électrique, en Norvège. Il s’engage à fond contre la mobilité individuelle motorisée. Pourquoi? Parce que dans son pays, on compte 87 % de voitures neuves électriques, contre 18 % en Suisse et un peu plus de 10 % dans le monde. Et pourtant, la Norvège n’est pas satisfaite, car les consommateurs achètent trop de voitures électriques. Avec le recul, on se dit que c’était prévisible. En effet, grâce à des incitations gouvernementales massives, les Norvégiens ont acheté des électriques à tour de bras. Si une famille possédait auparavant une voiture à combustion, elle peut soudain s’offrir deux voitures électriques. En parallèle, les transports publics perdent de leur attrait, plus personne ne les utilise, à moins d’y être contraint financièrement ou de se soucier en son âme et conscience de l’état de la planète.
Si vous étiez ministre norvégien des Transports, vous pourriez vous féliciter: la population est heureuse parce qu’elle peut enfin s’offrir une voiture et le monde est sauvé parce qu’on ne brûle plus d’énergies fossiles. Trop beau pour être vrai, non? Evidemment, car les électriques ne suffisent pas à maintenir le réchauffement climatique en dessous d’un niveau «catastrophique», constate l’article de Vox, en se référant à une étude britannique. D’autres études affirment au contraire que les voitures électriques n’émettent presque plus de CO2 , même sur l’ensemble de leur cycle de vie. Elles ne sont pas parfaites, mais suffisamment bonnes pour que nous ne puissions pas nous en passer. Alors, qui faut-il écouter? Quelles études sont valables? Les voitures électriques font-elles partie de la solution ou du problème? Pour Eriksen, c’est clair: il faut moins de voitures et davantage de transports publics. Le changement climatique aurait donné à la Norvège l’occasion de changer son système de transport, mais elle a laissé passer cette chance absolument unique. Comprenez entre les lignes que l’élite politique a raté une belle occasion de manipuler la population pour obtenir le résultat souhaité sans qu’elle se méfie. Ce qui n’est pas si mal.