Après deux jours – et 24 km à pied – dans les travées de Paris Expo à l’occasion des journées presse du Mondial de l’Automobile, force est de constater que le monde automobile est en profonde mutation. Pas seulement d’un point de vue industriel ou technique, là où les constructeurs rivalisent d’alliances, partages de coûts de développement ou de plateformes. C’est surtout d’un point de vue sociétal que la donne est en train de changer. On assiste à une révolution dont nous peinons encore à percevoir l’ensemble des conséquences: l’automobile telle que nous la connaissions hier, objet de liberté et de plaisir ou symbole de statut social, est en train de s’effacer au profit de sa fonction première de mobilité. A tel point que nombre de constructeurs s’arrogent le titre de «fournisseurs de solutions de mobilité». Il est vrai que le temps que j’ai perdu en taxi pour me rendre de mon hôtel à la Porte de Versailles durant ces deux jours démontre la difficulté grandissante de conduire en milieu urbain. La suppression des emplacements de parking conduit à une flambée des prix de location, comme me le mentionnait mon chauffeur, qui débourse chaque mois un montant plus élevé pour sa place de parc que la mensualité de son crédit auto. En parallèle, la digitalisation nous conduira assurément vers la voiture autonome. Comme je l’écrivais il y a quelques semaines, l’échéance de 2018-2020 avancée par certains fabricants m’apparaît cependant utopique. En attendant, le nombre croissant de prestataires ou plateformes digitales permettant le partage de mobilité, à la façon de Blablacar ou Uber ne cesse de croître, que ce soit pour le transport de personnes ou de marchandises. On le constate également, les énergies fossiles vont peu à peu laisser place aux énergies dites propres, sans pour autant disparaître complètement. La mobilité électrique, si elle n’est, en soi, pas si révolutionnaire que ça – les exemples de voitures électriques du début du XXe siècle sont légion – devra aussi évoluer en ce qui concerne l’approvisionnement. A quoi bon rouler dans une voiture électrique labellisée «Zéro émission», si le courant qu’elle utilise provient d’une usine à charbon? Il ne fait aucun doute que l’entier du paysage automobile, de la fabrication à la distribution, est appelé à être bouleversé. Et comme dans toute révolution, il y aura des gagnants et des perdants.
par Jérôme Marchon, rédacteur en chef